Billet de blog 18 août 2023

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Netflix : "Le Bal des 41" (El Baile de los 41) de David Pablos

Ignacio de la Torre, gendre du dictateur Porfirio Díaz, accède par son mariage aux plus hautes places politiques et peut en envisager d'autres encore. Dans le secret, il vit une relation adultère avec un homme et rejoint le bal des 41, réunion secrète de la communauté homosexuelle de la haute société mexicaine du début du XXe siècle.

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Diffusion sur la plateforme Netflix (France) depuis le 12 mai 2021 : Le Bal des 41 de David Pablos

Pour son nouveau long métrage inédit en salles en France malgré la reconnaissance qu'a reçu son film Les Élues (Las Elegidas, 2015) par sa sélection au festival de Cannes en section Un certain regard, David Pablos s'attache avec Le Bal des 41 (El Baile de los 41) à l'adaptation d'un épisode réel de l'histoire du Mexique devenu un grand tabou pour toute une socité homophobe. Le récit offre le point de vue d'Ignacio de la Torre, jeune député qui doit ses responsabilités politiques à son beau-père, le dictateur Porfirio Díaz qui tient la direction du pays depuis plusieurs décennies. C'est d'ailleurs autour de la présence de ce jeune homme dans l'organisation clandestine d'une communauté homosexuelle masculine interdite par la loi que cette histoire devient à scandale d'État en même temps qu'il marque de triste mémoire l'histoire des oppressions desdites minorités sexuelles au Mexique.

Illustration 1
Le Bal des 41 El Baile de los 41 de David Pablos © Netflix

Le scénario respecte les éléments historiques en confrontant à la fois l'amour homosexuel interdit entre le protagoniste et son amant, et de l'autre le fossé qui se creuse peu à peu avec son épouse. Suivi de cette manière, l'intrigue est sous tension car la vie clandestine est appréhendée comme une liberté avec son épée de Damoclès.

Il y avait certes un sujet dans cette histoire, d'autant plus que cet événement historique s'est poursuivi dans les années ultérieures avec un long tabou autour de l'usage du nombre 41 banni dans les corps sociaux. Cette histoire est ainsi d'autant plus essentielle à mettre au goût du jour et il faut saluer une fois de plus le travail de Daniela Schneider dans la réalisation des décors qui sont finement reconstitués au profit de la reconstitution de l'époque. En revanche, David Pablos n'est pas forcément à l'aise dans la direction d'acteurs et d'actrices dans un film d'époques où les dialogues et les corps se retrouvent engoncés comme si les personnages se retrouvaient dans une représentation théâtrale permanente avec un public à l'affût de leurs moindres gestes. Il manque ainsi de spontanéité dans le jeu des interprètes mais aussi du côté du scénario une volonté de s'intéresser au contexte socio-historique et politique dont le film n'apprendra rien ou presque au public. Une décennie seulement avant le début de la Révolution qui allait bouleverser tout le pays, ce milieu social permettait en effet un traitement privilégié mais le scénario a préféré évacuer les problématiques politiques pour rester en surface d'une histoire amoureuse d'autant moins crédible que celle-ci se joue également entre les protagonistes au sein d'un enjeu de pouvoir puisque l'un est hiérarchiquement au service de l'autre.

De même, le positionnement de l'épouse éconduite qui aurait pu devenir une alliée, elle qui est aussi marginalisée en tant que femme métisse, aurait pu encore davantage être questionné dans l'histoire plutôt que de se résumer dans le rôle de celle par qui le drame arrive.

Il en résulte un film écrasé par le poids colossal de son sujet, ce qui empêche d'autant moins de lier les luttes sociales d'aujourd'hui avec celles d'hier dans la réception de cette histoire.

Le Bal des 41
El Baile de los 41
de David Pablos
Fiction
99 minutes. Mexique, 2020.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Alfonso Herrera (Ignacio de la Torre), Emiliano Zurita (Evaristo Rivas), Mabel Cadena (Amada Díaz), Fernando Becerril (Porfirio Díaz), Rodrigo Virago (Felix Díaz), Fernanda Echevarría (Carmen Romero Rubio), Sergio Solís (Rafael), Álvaro Guerrero (Felipe), Roberto Duarte (Gabriel), Abraham Juárez (le messager), Carolina Politi (Elena), Paulina Álvarez Muñoz (Luz Díaz), Romanni Villicaña (Agustín), Carlos Oropeza Tapia (Carlos), Michelle Betancourt (Lorenza), Alberto Lomnitz, Erwin Berzain, Alejandro Bracho, Bernardo Castilla, Emilio Cuaik, Sebastian Dante, Ana Farrat, Tod Fennell, Evaristo Rivas, Gabriel Atala Garay, Gustavo Gonzalo, Marcel Jeannin, Sergio Jurado, Ricardo Marcos, David Montalvo, Jyasú Torruco, Holly Uloth, Vlasta Vrana
Scénario : Monika Revilla
Images : Carolina Costa
Montage : Soledad Salfate
Musique : Carlo Ayhllon, Andrea Balency-Béarn
Mixage sonore : Christian Giraud
Direction artistique : Angela Leyton, Mary Ann Smith
Costumes : Kika Lopes
Décors : Daniela Schneider
Production : Canana Films, El Estudio
Produit par : :Pablo Cruz, Marta Núñez Puerto, Arturo Sampson
Production exécutive : Charles Barthe, Giulia Cardamone, Isabel Lopez Polanco, Monika Revilla, Diego Suarez Chialvo

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