Billet de blog 22 mars 2019

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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L'or au prix du sang

Dans les Andes, la jeune étudiante Nélida Ayay Chilón est mobilisée avec les autres habitants de la contrée face à la main-mise de l'entreprise minière Yanacocha décidée à détruire l'environnement naturel pour installer de monstrueuses mines d'or à ciel ouvert.

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36es Rencontres du cinéma latino-américain de Pessac 2019 : Hija de la laguna d'Ernesto Cabellos Damián

Depuis deux décennies, Ernesto Cabellos Damián dénonce à travers ses documentaires Choropampa, el precio de oro (2002) et Tambogrande (2007), coréalisés avec Stephanie Boyd, ainsi qu'avec Operación Diablo (2010), réalisé par cette dernière et qu'il produit, les conditions de vie des communautés villageoises dégradées par les mégaprojets d'extraction d'or. C'est un thème qui parcourt avec le même constat de catastrophe humaine et écologique plusieurs pays d'Amérique du Sud. Comme le rappelle dans le film une joaillière néerlandaise, les métaux précieux que certains portent pour symboliser l'amour d'une union sont profondément marqués par le sang des hommes et la destruction environnementale à grande échelle. Cette prise de conscience des conditions d'extraction des métaux reste encore si peu développée, que ce documentaire méritait une large diffusion internationale. Le réalisateur, pour dénoncer cette situation, suit avec sa caméra l'expérience subjective d'une jeune étudiante qui revient de la grande ville de Lima pour défendre les droits des habitants à protéger leur mode de vie. Par son témoignage, Ernesto Cabellos Damián partage la philosophie andine d'un environnement sacré à protéger, à travers une photographie et des prises de vue qui donnent à voir la beauté de la nature par rapport à la monstruosité des mines à ciel ouvert qui détruisent des montagnes entières pour obtenir quelques grains d'or. Face à la mobilisation des villageois et à la sensibilisation des citoyens péruviens, le gouvernement du président péruvien, ex militaire, Ollanta Humala, décrète l'état d'urgence durant 60 jours à Cajamarca. Les manifestations qui apparaissent dans le documentaire sont réprimées avec une violence où la police tue 5 personnes. Depuis, en 2017, le président a été inculpé pour présomption de blanchiment d'argent. Et pendant ce temps, la population locale, garante de leur mode de vie rural, continue à faire face. La détermination de la jeune fille qui fait ainsi l'apprentissage de sa prise de conscience politique et citoyenne, devient le signe de la dignité des populations en lutte pour préserver leurs biens élémentaires de subsistance quotidienne et plus largement d'une économie respectueuse des êtres humains dans leur globalité et de leur environnement. Hija de la laguna est ainsi un hommage poétique de ces luttes.

Illustration 1
"Hija de la laguna" d'Ernesto Cabellos Damián © DR

Hija de la laguna
d'Ernesto Cabellos Damián
documentaire
87 minutes. Pérou, 2015.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec les interventions de : Nélida Ayay Chilón, Máxima Acuña de Chaupe, Marco Arana Zegarra, Bibi van der Velden
Scénario : Ernesto Cabellos Damián
Images : Carlos Sánchez Giraldo, Jessica Steiner, Miguel Hilari
Montage : Antolín Prieto
Musique : Martín Choy-Yin
Design sonore : José Balado Díaz
Production : Guarango, Cine y Video
Productrice : Núria Frigola
Producteurs exécutifs : Ernesto Cabellos Damián, Ricardo Cabellos Damián
Producteur associé : Stefan Kaspar

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