Sortie nationale (France) du 23 juillet 2014 : Au premier regard, de Daniel Ribeiro
Ghilherme et Giovana sont amis depuis leur plus tendre enfance. Au lycée, Ghilherme doit subir les brimades de ses camarades qui ne peuvent tolérer sa différence : il est aveugle. Ses parents sont à son égard hyper protecteurs. L’arrivée en classe du beau Gabriel vient apporter quelques troubles dans l’amitié entre Ghilherme et Giovana.
Pour son premier long métrage, Daniel Ribeiro reprend les personnages, les acteurs et l’histoire de son précédent court métrage Eu não quero voltar sozinho (2010). Et il signe son film à la fois en tant que réalisateur, scénariste et producteur. C’est donc peu dire qu’il a à cœur ce projet et l’on ne peut qu’être touché par la sincérité de son propos. Dans cette chronique initiatique de l’éveil au premier amour d’un jeune aveugle, la mise en scène laisse une grande attention à tous ces petits gestes du quotidien qui peuvent faire naître l’émotion amoureuse et ensuite la reconnaître entre deux jeunes garçons. Ainsi, on peut saisir la compréhension de Leonardo qui passe par l’ouie, alors que les personnages autour de lui tente de lui cacher certains éléments visibles. La mise en scène est au plus près de ce sentiment amoureux naissant. En passant au long métrage, Daniel Ribeiro ajoute un nouveau sujet : l’indépendance/dépendance. Pour cela, il fait apparaître comme personnages secondaires mais aux agissements non moins conséquents, les parents de Leonardo. C’est là un choix judicieux puisque dès lors, l’histoire d’amour naissante est aussi un enjeu d’indépendance de cet adolescent, surprotégé à la fois par ses parents mais aussi par son amie d’enfance. Le film, très solaire (la lumière est toujours vive et aucun nuage ne vient remettre en cause cette intensité), est placé sous la tutelle de la culture hellénistique : en plus du sujet de travail sur la Grèce antique qui réunit Leonardo et Gabriel, ce dernier, au prénom d’ange, porte les boucles d’un jeune éphèbe. Ceci traduit une homosexualité décomplexée : la problématique pour Leonardo n’est pas de s’avouer ses sentiments, mais plutôt d’accéder à son indépendance et son intégrité personnelle. Cependant, là où le film est plutôt faible, c’est dans certaines facilités de scénario où l’on trouve le cliché de ce duo d’élèves qui se moque du handicap de Leonardo et qui n’évoluera jamais, ainsi que ce milieu scolaire adolescent qui peut rappeler de nombreux films oubliables du cinéma américain destiné aux ados. De même, la société brésilienne est ici complètement absente : on ne connaît pas l’activité des parents de Leonardo, leur quartier n’a aucune personnalité sociologique. Ce n’est donc pas avec ce film que l’on comprendra une part de la société brésilienne dans sa diversité : excepté les grilles fermées des maisons sur la rue, cette histoire pourrait tout aussi bien se passer dans une banlieue bourgeoise des États-Unis, référence cinématographique manifeste. Il n’en reste pas moins un réel parti pris de cinéaste qui a voulu conter une histoire à vocation universelle, avec pudeur et sincérité.
Au premier regard
Hoje eu quero voltar sozinho
de Daniel Ribeiro
Fiction
95 minutes. Brésil, 2014.
Couleur
Langue originale : portugais
Avec : Ghilherme Lobo (Leonardo), Fabio Audi (Gabriel), Tess Amorim (Giovana), Lúcia Romano (Laura), Eucir de Souza (Carlos), Maria Selma Egrei (Maria, la grand-mère), Isabela Guasco (Karina), Victor Filgueiras (Guilherme), Pedro Carvalho (Fabio), Guga Auricchio (Carlinhos)
Scénario : Daniel Ribeiro
Images : Pierre de Kerchove
Montage : Cristian Chinen
Son : Gabriela Cunha, Daniel Turini, Fernando Henna, Ariel Henrique
Costumes : Carla Boregas et Flavia Lhacer
Décors : Olivia Helena Sanches
Maquillage : Ebony
Casting : Luciano Baldan
Production : Lacuna Filmes (Brésil)
Producteurs : Diana Almeida, Daniel Ribeiro
Distributeur (France) : Pyramide
Vendeur international : Films Boutique