Billet de blog 22 septembre 2025

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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FBAL 2025 : "Crónicas del absurdo" de Miguel Coyula

Situé dans la dissidence du cinéma indépendant cubain, Miguel Coyula et sa compagne Lynn Cruz, productrice et actrice principale de son film "Corazón azul", se retrouvent sous la pression constante et oppressante des agents du gouvernement cubain qui criminalisent leurs activités artistiques.

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Illustration 1
Crónicas del absurdo de Miguel Coyula © DR

Film de la compétition documentaire de la 34e édition du Festival Biarritz Amérique Latine 2025 : Crónicas del absurdo de Miguel Coyula

Cinéaste critique du pouvoir cubain poursuivant l'héritage de Tomás Gutiérrez Alea avec la relecture explicite de son chef-d'œuvre éponyme dans Memorias del desarollo (2010), Miguel Coyula a depuis longtemps fait de la technique du collage le centre de son écriture cinématographique. En l'occurrence ici, placé sous la contrainte de l'interdiction de filmer, la réalité de l'expression de la censure étatique contemporaine à Cuba passe par des enregistrements sonores clandestins, associés à des photographies portraits des interlocuteurs et interlocutrices, associées encore à des images issues de peintures. Le film naît de la douleur de l'oppression constante dans un monde devenu kafkaïen en suivant le terrible adage univoque de Fidel Castro « Dentro de la Revolución todo, contra la Revolución nada » (littéralement : dans la Révolution, tout, en dehors de la Révolution, rien).

Le film commence à suivre plus particulièrement les auditions de Lynn Cruz, la compagne de Miguel Coyula et actrice principale de ses films condamnés par le régime Nadie (2017) et Corazón azul (2021), qui se retrouve interdite d'exercer dans un pays où il n'existe qu'une institution représentant les acteurs et actrices et sans laquelle il est donc impossible d'exercer. Or, sans explication, cette institution étatique a décidé de rompre son contrat avec Lynn Cruz. Il s'ensuit une rencontre avec les responsables de cette institution enregistrés de manière clandestine où apparaissent dans leurs propos et attitudes condescendantes toutes les contradictions hypocrites pour justifier une injustifiable censure où des fonctionnaires jouissent éhontément de leur pouvoir discriminatoire à l'égard des personnes placées en marge des institutions.

Si le recours aux photographies portraits peut parfois se révéler systématique, le dispositif fait preuve d'une créativité adéquate, démontrant les ressources artistiques révolutionnaires dans le fond comme dans la forme, dans un monde devenu kafkaïen où les idéaux de justice sociale sont devenus sclérosés par la confiscation du pouvoir par toute une génération paranoïaque. Ce nouveau témoignage courageux peut être mis en parallèle avec celui d'un autre couple de cinéastes contraints à l'exil sous la pression étatique cubaine que l'on retrouve dans leur film Isla Familia (2024) d'Abraham Jiménez Enoa et Claudia Calviño.

Illustration 2

Crónicas del absurdo
de Miguel Coyula
Documentaire
77 minutes. Cuba, 2025.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Lynn Cruz, Miguel Coyula, Javier Caso, Gorki Águila, Jorge Luis Frías Armenteros, Luis Manuel Otero Alcántara, Alejandro Alonso, Ileana Alvarez, Lester Alvarez, Violena Ampudia, José Luis Aparicio Ferrera, Gustavo Arcos, Marcel Beltrán, Tania Bruguera, Miriel Cejas, Gloria María Cossío, Ciro Díaz, Luis Alberto García, Eduardo Martinez, Héctor Noas, Juan Pin Vila, Fernando Pérez, Juliana Rabelo, Yimit Ramirez, Kirill Razlogov, Fernando Rojas, Ramon Samada, Francis Sanchez, Lía Villares

Scénario : Miguel Coyula
Images : Miguel Coyula, Lynn Cruz, Javier Caso, Lía Villares
Montage : Miguel Coyula
Musique : Javier Machado Arribas, Jonathan Formell, Porno Para Ricardo, Idiotas Sentimentales
Son : Lynn Cruz, Miguel Coyula, Javier Caso
Production : Miguel Coyula & Lynn Cruz – Producciones Pirámide (Cuba)
Production associée : Ralph Barnette, Ron Blair, David W. Leitner

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