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Les guerres fratricides entre pays d’Amérique du Sud ont parcouru les XIX et XXes siècles en raison des orgueils disproportionnés entre nations et des frontières incertaines, laissant derrières elles des morts dérisoires par milliers. Pour son premier long métrage, le cinéaste bolivien Diego Mondaca plonge dans la mémoire de son pays sur une guerre qui a laissé pour les décennies suivantes des plaies difficilement cicatrisées entre la Bolivie et la Paraguay. Il a fallu en effet l’arrivée au pouvoir de deux présidents progressistes (Evo Morales et Fernando Lugo) dans leur pays respectif afin de parvenir à une reconnaissance officielle des frontières qui les met en voisinage.
Cette histoire d’armée bolivienne dirigée par un officier allemand se réfère à la réalité historique de la présence du général allemand Hans Kundt, aussi déconnecté de la réalité locale que le personnage du film entraînant tous ses soldats dans une mort certaine du fait de l’intransigeance de ses ordres toujours plus inadéquats à l’égard de la nécessité de survie. Il y a un peu de la folie jusqu’au-boutiste d’Aguirre de Werner Herzog dans ce cheminement où chacun sera confronté à ses démons comme à la stupidité inhérente de cette guerre qui fut d’ailleurs l’expérimentation destructrice des armes modernes. Dans le film, aucun autre ennemi n’apparaîtra à l’écran, pour rappeler que le premier danger du soldat, c’est son rapport à ses armes qui lui anesthésie les réflexes élémentaires de la survie. Le film démontre dans une ambiance confinant à la folie, l’autodestruction d’une armée pour porter la métaphore plus large de l’inanité des frontières sur un continent où les populations originaires n’appartiennent à aucun pays et à tous à la fois.

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Chaco
de Diego Mondaca
Fiction
77 minutes. Bolivie, Argentine, 2020.
Couleur
Langues originales : espagnol, quechua, aymara
Avec : Fabián Arenillas, Raymundo Ramos, Omar Calisaya
Scénario : César Díaz, Diego Mondaca, Pilar Palomero
Images : Federico Lastra
Montage : Delfina Castagnino, Valeria Racioppi, César Díaz
Son : Nahuel Palenque
Production : ColorMonster, Pasto, Murillo Cine
Producteurs : Álvaro Manzano Zambrana, Camila Molina
Coproductrices : Georgina Baisch, Bárbara Francisco
Ventes internationales : ColorMonster