Billet de blog 24 mai 2016

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Cannes 2016 : entretien avec Daniela Michel

Fondatrice et directrice du festival international de cinéma de Morelia au Mexique, Daniela Michel était venue à Cannes présenter une sélection de courts métrages mexicains.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Daniela Michel © DR

Cédric Lépine : Quelle est la ligne éditoriale du festival de Morelia ?

Daniela Michel : La colonne vertébrale du festival est la sélection mexicaine. Le festival a commencé avec uniquement des courts métrages et des documentaires mexicains car en 2003 il n'y avait pas suffisamment de longs métrages pour accéder à la compétition. En 2007, nous avons commencé la compétition de longs métrages, d'abord avec des premiers et seconds films de la même manière que la Semaine de la Critique pour découvrir et révéler les nouveaux talents du cinéma. L'idée était aussi qu'un réalisateur présentant un court métrage à Morelia puisse par la suite présenter son long métrage, comme si le festival était sa propre maison.

Durant la dernière décennie, il y a eu de grands changements dans l'industrie du cinéma mexicain de telle sorte que l'on compte aujourd'hui autour de 150 longs métrages produits par an. Nous avons créé différentes sélections où peuvent concourir des courts, des premiers et seconds longs métrages ainsi les autres longs et ainsi des cinéastes confirmés comme Fernando Eimbcke ou Amat Escalante peuvent participer à la sélection. Nous faisons chaque année un appel à candidature où nous recevons entre 600 et 700 films (courts, documentaires et longs métrages de fiction). La programmation et la mise en valeur des jeunes talents est l'essentiel de mon travail. L'an dernier à Cannes a été présenté en section Un Certain Regard le long métrage Las Elegidas de David Pablos dont le court métrage La Canción de los niños muertos avait quelques années plus tôt été présenté à la Semaine de la Critique au sein de la sélection du festival de Morelia.

Il nous importe également de faire venir en tant que jurés les personnalités du cinéma les plus remarquables comme ce fut le cas de Cristian Mungiu, Lucrecia Martel, Laurent Cantet pour offrir une reconnaissance au cinéma mexicain. Au final, le festival de Morelia se consacre davantage à la cinéphilie qu'à la pure industrie. Ainsi, il y a dix ans Bertrand Tavernier nous a suggéré de créer une section intitulée « Mexique imaginaire » dédiée aux films étrangers où s'illustrent un regard extérieur du Mexique. L'année précédente nous avons commencé à présenter des films à l'état de projet. Nous avons également créé une section dédiée à la rétrospective de l'histoire du cinéma mexicain. Les jeunes cinéastes mexicains comme les cinéastes étrangers apprécient beaucoup de (re)découvrir ces grands maîtres du cinéma mexicain.

C. L. : Le cinéma mexicain est également porté par les talents de ses chefs opérateurs appelés à tourner dans le monde entier : Rodrigo Prieto et Emmanuel Lubezki aux États-Unis, Damian García en Thaïlande (The Cementery of Splendour d'Apichatpong Weerasethakul) et au Brésil (Boi neon de Gabriel Mascaro), María José Secco en Uruguay (Tanta agua de Leticia Jorge Romero et Ana Guevara Pose, La Demora de Rodrigo Plá). Quels sont les autres talents du cinéma mexicains en dehors de la réalisation ?

D. M. : Je pense qu'il existe de nombreux talents de manière générale qu'il s'agisse de cinéastes de documentaires, de directeurs de casting, monteurs, ingénieurs du son, etc. La programmation des courts à Cannes illustre bien la diversité de ses talents avec un film d'animation, un documentaire... Il faut noter qu'à part un réalisateur, toutes les autres cinéastes sont des femmes. Nous sommes heureux de voir autant de réalisatrices !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.