Billet de blog 24 juin 2014

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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En marge de la croissance économique : une jeunesse brésilienne

Sortie nationale (France) du 21 mai 2014 : São Paulo Blues, de Francisco García

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Sortie nationale (France) du 21 mai 2014 : São Paulo Blues, de Francisco García

Luara, Luiz et Luca sont trois amis qui se retrouvent régulièrement. Luca est tatoueur et vit chez sa grand-mère, Luara travaille dans un magasin de poissons exotiques et Luiz dans une pharmacie.

Illustration 1

La couleur est donnée dans le titre choisi par le distributeur français de ce film : le blues, c’est l’état d’esprit de ces jeunes à l’entrée dans l’âge et les responsabilités adultes. Cette pesante lassitude, ils la ressentent d’autant plus que comme l’annonce le président Lula à la télévision au début du film, le Brésil connaît une forte croissance économique. Pourquoi n’est-ce donc pas la panacée pour ces trois personnages qui pourraient incarner toute une jeunesse brésilienne qui ne se reconnaîtrait pas du tout dans la foi au nouvel ordre économique néolibéral de leur pays ? Cette question, Jim Jarmush se l’était posée dans son Stranger than Paradise il y a maintenant trente ans sous une présidence reaganienne fervente adoratrice du néolibéralisme. Francisco García cite explicitement ce film de Jarmush avec une affiche mais aussi par ses thèmes, sa mise en scène et ses choix esthétiques (très beau Noir & Blanc aux cadres léchés). Le film n’est pas non plus sans rappeler le 25 Watts de Pablo Stoll et Juan Pablo Rebella pour ses traits d’humour, son goût pour la musique et ses partis pris formels. Francisco García appartient bien à la communauté internationale du cinéma d’auteur. Dès lors, il n’est pas nécessaire pour lui d’insister sur la « brésilianité » du film, évitant ainsi d’inutiles clichés. Avec honnêteté, le film donne à voir un São Paulo personnel et inédit. L’interprétation est à la hauteur des thèmes abordés et l’on sent que ceux-ci habitent autant le cinéaste que ses personnages. Les associations poétiques sont plutôt bien vues, comme ces scènes où les amis se retrouvent sans rien faire sur la terrasse de l’immeuble de Luara alors qu’en arrière plan des avions ne cessent de décoller et atterrir, témoignant de l’activité économique incessante du pays, alors que toute une population reste en marge de ces mouvements.

Illustration 2

São Paulo Blues

Cores

de Francisco García

Fiction

95 minutes. Brésil, 2012.

Couleur

Langue originale : portugais

Avec : Simone Iliescu (Luara), Acauã Sol (Luiz), Pedro di Pietro (Luca), Maria Célia Camargo (Dona Marlene), Guilherme Leme (Roger), Tonico Pereira (Nicolau), Graça de Andrade

Scénario : Gabriel Campos, Francisco García

Images : Alziro Barbosa

Montage : André Gevaerd, Francisco García

Musique : Wilson Sukorski

Son : Tiago Bittencourt, Beto Ferraz, Carlos Paes

Décor : Monica Palazzo

Production : Kinoosfera Filmes, Dezenove Som e Imagens, Pandora Filmes

Producteurs: Sara Silveira, André Gevaerd, Pedro di Pietro, Simone Iliescu, Acauã Sol

Distributeur (France) : Contre-Allée

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