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Film de la compétition documentaire de la 34e édition du Festival Biarritz Amérique Latine du samedi 20 au vendredi 26 sept. 2025 : Toroboro: el nombre de las plantas de Manolo Sarmiento
La préservation de la faune et de la flore en Équateur face à l'obsession de l'exploitation des ressources en pétrole et en minerais est encore très compliquée à légiférer alors que les communautés autochtones sur place subissent des intrusions décomplexées. Manolo Sarmiento avec son filmToroboro: el nombre de las plantas (2024) pose incidemment la question des politiques écologiques du pays en concentrant son attention sur les conséquences des décisions prises dans la capitale sur les populations locales. Alors que les territoires sont peu à peu exploités et vendus, avec l'intervention de personnes de la communauté séduite par un salaire conséquent, le cinéaste ne fonde aucun angélisme autour des populations autochtones mais observe avec bienveillance les stratégies de chacun pour survivre au moment où la connaissance du milieu pour vivre au quotidien s'amenuise.
Si la science cartésienne est encore loin d'avoir répertorié et analysé chaque plante d'un milieu naturel chaque soin en danger d'extinction, les communautés waorani possèdent un savoir multiséculaire pour s'adapter au mieux à leur milieu, chaque plante nommée offrant l'expression de son expérience propre. Le « nom des plantes » du titre est ainsi une invitation à découvrir toute une cosmovision du lien entre un groupe humain et son milieu naturel. La science d'une culture ou « ethnoscience » devrait pouvoir nourrir un échange fructueux plutôt que d'être ignorée et méprisée par les méthodes univoques des outils d'analyse nés en Occident avec ses classifications complexes et ses multiples mots latins enfermées sur elles-mêmes.
Manolo Sarmiento inscrit sa démarche en lien avec une précédente rencontre entre botanistes et membres de la communauté waorani quelques décennies plus tard pour voir où en est entre eux le dialogue, après plusieurs décennies d'expérimentations sismiques systématiques pour enregistrer la composition des sols. Cette intrusion au profit des compagnies pétrolières pose encore la légitimité de ces actions sur le milieu naturel et humain, alors que les communautés waorani sont encore peu entendues comme paroles citoyennes au sein d'un pays dopé au fantasme de l'eldorado économique de l'exploitation des ressources naturelles.
Ainsi, sans manichéisme en incluant les différentes stratégies de chacun du côté des botanistes, des populations autochtones dont certains membres s'éloignent plus ou moins de la logique de préservation du milieu naturel et de ses ressources, Manolo Sarmiento dresse un état des lieux actuel en Équateur de la manière dont un pays est encore capable de trouver ses racines multiséculaires sans discrimination pour éviter ethnocides et écocides.
Toroboro: el nombre de las plantas
de Manolo Sarmiento
Documentaire
103 minutes. Équateur, Brésil, 2024.
Couleur
Langue originale : espagnol
Scénario : Manolo Sarmiento
Images : Daniel Andrade
Montage : Manoela Ziggiatti
Musique : Mateo Herrera
Son : Juan José Luzuriaga
Sound design : Juan José Luzuriaga
Production : Manolo Sarmiento et Daniel Andrade (La Maquinita)
Coproduction : Max Eluard (Avoa Filmes)