Cinéma du Réel 2014, compétition officielle : Eco de la montaña, Nicolás Echevarría
Dans la station de métro menant au musée du Louvre se trouve une grande fresque huichole installée le 6 octobre 1997, en présence des autorités françaises et mexicaines. Mais Santos de la Torre, l’auteur de cette œuvre, n’a pas été invité à cette inauguration officielle. Le paradoxe est que son œuvre représente ainsi le témoignage de l’art mexicain à l’étranger et que dans son pays même il reste de nos jours encore ignoré. Nicolás Echevarría, l’un des plus fascinants documentaristes mexicains depuis ses premiers films dans les années 1970, remis à l’honneur en France avec la diffusion de son chef-d’œuvre Cabeza de Vaca, a choisi de consacrer son nouveau film à cet homme et la culture qui l’habite.

On retrouve ici l’intérêt profond et sincère qui animent Nicolás Echevarría pour témoigner des cultures indiennes contemporaines au Mexique. Son approche est ethnographique au sens où il s’intéresse de près à la culture qu’il rencontre ainsi qu’à sa cosmogonie, mais son expression est pleinement cinématographique. Il retrouve ainsi l’énergie de ses meilleurs documentaires réalisés quelques décennies auparavant. Notons qu’il a pour alliés derrière la caméra les professionnels du cinéma les plus talentueux pour traiter ce sujet : Jose Álvarez à la production, réalisateur de documentaires récents sur le monde indien (Flores en el desierto, Canícula) et à ses côtés derrière la caméra Sebastián Hofmann, réalisateur du film de zombie métaphysique Halley. Puisque les œuvres de Santos de la Torre se réfèrent à la cosmogonie huichole, Nicolás Echevarría construit son récit en mêlant les scènes d’élaboration d’une fresque par l’artiste et sa famille, et les différentes étapes du pèlerinage sur la « route du peyote » (620 kilomètres), où Santos de la Torre demande l’autorisation de réaliser son œuvre. Peu à peu, dans cette fresque aux 80 panneaux de bois recouverts de plus de deux millions de perles, chaque motif est associé à une réalité culturelle huichole. Il en ressort une analyse patiente d’une œuvre complexe, à l’instar d’un Henri-Georges Clouzot filmant Picasso en train de créer (Le Mystère Picasso, 1955). Mais avec beaucoup d’humilité, Santos de la Torre associe ses choix artistiques à toute la tradition de sa communauté. Lorsqu’il compose sa fresque, il se déplace avec toute sa famille, va acheter quelques crayons de couleur, du scotch et une règle dans une boutique. La notion d’artiste est ici totalement à repenser en sortant des critères classiques occidentaux. Les images du documentaire, à travers ce pèlerinage traversant des régions désertiques où pousse le peyote (plante sacrée), sont aussi chatoyantes et resplendissantes que les éléments de la fresque. La beauté du film épouse l’œuvre en train de naître. Sans aucun fard, Santos de la Torre explique toutes les références mythologiques qui nourrissent son travail. Le documentaire de Nicolás Echevarría est ainsi une invitation à connaître toute une culture huichole qui s’inscrit parfaitement dans la modernité actuelle tout en poursuivant ses rites ancestraux, ne craignant aucunement le métissage culturel.

Eco de la montaña
de Nicolás Echevarría
Documentaire
90 minutes. Mexique, 2014.
Couleur
Langue originale : espagnol
Scénario : Nicolás Echevarría
Images : Nicolás Echevarría, Sebastián Hofmann
Montage : Omar Guzmán
Musique : Mario Lavista
Production : Cuadro Negro
Coproduction : Ithaca LLC, Amadis, Diorama
Producteurs : Jose Álvarez, Julio Chavezmontes
Producteurs exécutifs : Michael Fitzgerald, James Ramey
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Mexique
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