Cédric Lépine : Pouvez-vous rappeler l'enjeu de la présence du festival de Morelia à Cannes ?
Daniela Michel : Le Festival de Cannes est une référence cinématographique universelle sans comparaison. Des films qui ont marqué l'histoire ont été projetés sur ses écrans. Au fil des décennies, cette influence de grande ampleur n'a fait que croître. Bien sûr, le Festival international du film de Morelia s'est nourri de cette influence. C'est pourquoi l'alliance qui nous unit au Festival de Cannes a été et reste très importante. C'est un grand honneur pour nous qu'une partie de notre Sélection Officielle, exclusivement mexicaine, ait sa place à la Semaine de la Critique et que, à son tour, la sélection de la Semaine de la Critique ait une présence très importante dans la programmation du FICM.
Agrandissement : Illustration 1
C. L. : Quelles sont les valeurs communes entre la Semaine de la Critique et le festival de Morelia ? D. M. : Définitivement, il s'agit de soutenir les jeunes talents du cinéma. La mission de la Semaine de la Critique est de découvrir et de soutenir les talents émergents, en ne programmant que des premières et deuxièmes œuvres au Festival de Cannes. De cette façon, il a ouvert les portes à des réalisateurs de la taille de Bernardo Bertolucci, Alejandro González Iñárritu, Wong Kar Wai, Ken Loach, Barbet Schroeder et Guillermo del Toro, entre autres. Au Festival international du film de Morelia, nous avons fait un effort particulier, depuis nos débuts en 2003, pour soutenir et diffuser les nouveaux talents du cinéma mexicain, et nous avons grandi avec des générations de cinéastes qui ont présenté leurs premiers courts métrages au FICM et ils sont depuis revenus pour présenter leurs premiers travaux et leurs travaux ultérieurs, déjà en tant que cinéastes confirmé.es.
C. L. : Que reflète selon vous ces courts métrages de la production cinématographique mexicaine actuelle ?
D. M. : La grande variété de perspectives et d'histoires qui se déroulent dans le cinéma mexicain.
C. L. : Quel rôle peut jouer le cinéma français pour le cinéma mexicain ?
D. M. : Le cinéma français a eu une grande influence sur l'industrie mexicaine. Et c'est toujours le cas. De jeunes cinéastes, fraîchement sortis des écoles de cinéma, continuent de citer et d'imiter les grands réalisateurs de la Nouvelle Vague, par exemple. Et pas seulement : le cinéma français, classique et contemporain, se retrouve au Mexique dans les différents cycles et festivals qui lui sont consacrés depuis longtemps. Le site Internet de la FICM, par exemple, héberge MyFrenchFestival depuis des années, avec un très bon accueil du public mexicain. Le cinéma français est très présent dans la créativité et dans les salles physiques et virtuelles mexicaines.
Quelle est la santé du cinéma d'auteur mexicain actuel à l'heure où les cinéastes mexicains en compétition cannoise (Guillermo del Toro, Alfonso Cuarón et Alejandro González Iñárritu) une décennie plus tôt sont les grands absents du festival français en raison de leur production Netflix ?
C. L. : Pouvez-vous dire quelques mots sur la prochaine édition du festival de Morelia ?
D. M. : Comme toujours depuis 2003, le cinéma mexicain sera l'invité principal. Nous travaillons pour avoir une programmation forte et exceptionnelle qui montre le meilleur de la cinématographie mondiale. Nous croyons à la transcendance des liens humains : pour cette raison, nous favoriserons les rencontres, dans un contexte enrichissant, entre des cinéastes de toutes les régions du territoire mexicain avec certaines des figures les plus marquantes de la communauté cinématographique mondiale.