Billet de blog 28 septembre 2024

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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FBAL 2024 : "Zafari" de Mariana Rondón

Dans un grand immeuble résidentiel peu à peu déserté, ses ultimes habitant es tentent de suivre en luttant contre la faim. Tout près de là, un hippopotame nommé Zafari fait son entrée dans un zoo au service duquel un couple a la responsabilité de le nourrir.

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Illustration 1
Zafari de Mariana Rondón © Sudaca Films

Film de la compétition long métrage fiction de la 33e édition du Festival Biarritz Amérique Latine 2024 : Zafari de Mariana Rondón

Après la merveilleuse réussite de son Pelo malo (2014), la réalisatrice Mariana Rondón n'avait pu poursuivre son aventure cinématographique par la réalisation avec les difficultés liées à la situation vénézuelienne. Sans pouvoir tourner au Venezuela, elle construit avec Zafari (2024) une dystopie politique autour de la lutte pour la faim d'hommes et de femmes en situation de survie. Le modèle familial coutumier aussi bien que le cadre de la structure sociale s'en retrouvent profondément bouleversés.

Mariana Rondón pose un miroir inversé de la réalité sociale développée dans Pelo malo avec toujours un immense immeuble inspiré du Corbusier au cœur du décor, duquel un homme voyeuriste tout droit issu de Fenêtre sur cour (Rear Window, 1954) observe avec envie un couple avec lequel il faut partager le privilège de l'accès à la piscine. Le contexte narratif est ainsi amené pour convoquer le cinéma du survival propre aux zombies et ses métaphores du rejet de l'autre. La satire sociale n'est pas éloignée d'une mise en perspective de la cruauté autour de la remise en cause des réflexes structurants de codes sociaux de L'Ange exterminateur (El ángel exterminador, 1962) de Luis Buñuel. Mariana Rondón et sa coscénariste Marité Ugas ajoutent également une réflexion sur la répartition des rôles des genres en temps de crise autour de la confrontation caractéristique entre deux personnages féminins, joués avec conviction de manière viscèrale par Daniela Ramírez et Samantha Castillo.

Le défi de réunir deux lieux de tournage, à savoir le Pérou pour les scènes à l'intérieur de l'édifice et la République dominicaine pour toutes les scènes d'extérieur, en un même film et autour d'un unique lieu diégétique est un véritable défi qui passe hélas par une exploitation peu convaincante de la production d'effets visuels pour représenter le lointain transitionnel.

Le regard résolument pessimiste quant aux situations critiques et cauchemardesques traversées par la société contemporaine, n'en cache pas moins le défi encourageant d'avoir pu faire une œuvre collective autour d'un Venezuela devenu inaccessible.

Zafari
de Mariana Rondón
Fiction
90 minutes. Venezuela, Pérou, Mexique, France, Chili, République Dominicaine Brésil, 2024.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Daniela Ramírez (Ana), Francisco Denis, Samantha Castillo, Alí Rondón, Varek La Rosa
Scénario : Mariana Rondón, Marité Ugas
Images : Alfredo Altamirano
Montage : Isabela Monteiro de Castro
Musique : Pauchi Sasaki
Son : Lena Esquenazi
Production : Jorge Hernandez Aldana, Juliette Lepoutre, Pierre Menahem, Giancarlo Nasi, Sterlyn Ramírez, Mariana Rondón, Marité Ugas, Cristina Velasco
Sociétés de production : Artefactos, Klaxon Cultura Audiovisual, Paloma Negra Films, Quijote Films, Selene Films, Still Moving, Sudaca Films
Vente internationale : Feel Sales

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