Billet de blog 30 avril 2014

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Une alternative à la prédation foncière: la réserve écologique

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Sortie nationale (France) du 7 mai 2014.

Dans le nord-ouest du Pérou, se trouve la réserve écologique de Chaparri s’étendant sur 34 412 hectares de forêt sèche. La faune et la flore y sont préservées afin d’obtenir un écosystème le plus proche de l’état naturel. Tout a commencé en 1977 lorsque plus de 500 familles de paysans sans terre se sont installées dans ce lieu pour se nourrir du travail de la terre.

Leurs espoirs ne furent pas à la hauteur de leurs attentes et ils usèrent au maximum de l’exploitation de leur environnement, traquant et tuant des ours pour extraire leur bile, vendant les arbres de la forêt à des scieries et des sols à des entreprises minières sans scrupules. Résultat, leur milieu s’en est davantage appauvri et la manne économique de ces activités a peu duré. En 2000, le célèbre photographe péruvien Heinz Plenge initie auprès de la communauté Santa Catalina de Chongoyape l’idée de création de réserve écologique. Les membres de la communauté en deviennent même de fervents promoteurs auprès des villages environnants. En préservant leur milieu naturel et une agriculture écologique, de nouvelles perspectives s’ouvrent à eux, coupant subitement l’herbe sous le pied des entreprises minières avides de gains rapides, repoussant hors des limites de la réserve l’extension intensive d’une agriculture destinée aux agrocarburants. Cette initiative rappelle le choix de Daniele Incalcaterra dans un documentaire sorti récemment sur les écrans et qui concernait une propriété au Paraguay : El Impenetrable.

Illustration 1

La réserve écologique se présente en effet en Amérique latine comme un moyen de s’opposer à la fatalité de l’exploitation des terres par les puissantes entreprises agroalimentaires, minières ou pétrolières. La dictature néolibérale n’est donc pas inéluctable. À travers l’expérience de cette communauté au Pérou, les réalisateurs français ont voulu s’en faire les témoins. C’est en effet une réalité péruvienne et plus largement latino-américaine que l’on connaît très peu sous nos latitudes, même si l’écotourisme associé à ce type d’initiative commence à se développer, impliquant les touristes européens. Ce que l’on peut regretter, c’est que le documentaire ne donne pas à voir et entendre la communauté à travers la diversité de ses membres. Les principaux acteurs du projet qui passent devant la caméra ne sont finalement guère nombreux, alors que toute une communauté est censée être impliquée. Le parti pris des documentaristes consiste à se focaliser sur la réserve : ce qui est autour est alors absent. Dommage, car on ignore dès lors comment fonctionne la démocratie dans cette communauté, comment la décision fut un choix de toute la collectivité. Ce n’est pas un travail d’investigation et ceux qui recherchent le maximum d’informations, trouveront ces presque deux heures un peu longues. Il n’en reste pas moins que ce témoignage est le bienvenu et nourrira, je l’espère, de multiples débats, en France comme à l’étranger.

Illustration 2

Chaparri, les sept ours de la montagne sacrée

de Nathalie Granger-Charles-Dominique et André Charles-Dominique

Documentaire

113 minutes. France, 2009.

Couleur

Langue originale : espagnol

Images : Nathalie Granger-Charles-Dominique

Montage : Nathalie Granger-Charles-Dominique et André Charles-Dominique

Son : André Charles-Dominique

Mixage : Nathalie Granger-Charles-Dominique

Distributeur français : Hévadis Films

Contact :

Distribution

Hévadis Films

hevadis@free.fr

22, place Beauvoisine

tél : 02.32.76.12.75

76000 Rouen

port : 06.51.15.95.93

www.hevadis.com

hevadis@free.fr

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