Billet de blog 30 juillet 2015

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Cédric Lépine

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Aperçu historique et économique du renouvellement du cinéma mexicain

À propos du livre Révolution dans le cinéma mexicain, d’Eduardo Sosa SoriaEduardo Sosa Soria, cinéaste et enseignant à l’Université Paris III, relève le défi en moins de 160 pages de proposer un résumé de l’histoire du cinéma mexicain des origines à nos jours. Son but n’est pas exhaustif, ce qui aurait évidemment nécessité toute une série d’ouvrages.

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À propos du livre Révolution dans le cinéma mexicain, d’Eduardo Sosa Soria

Eduardo Sosa Soria, cinéaste et enseignant à l’Université Paris III, relève le défi en moins de 160 pages de proposer un résumé de l’histoire du cinéma mexicain des origines à nos jours. Son but n’est pas exhaustif, ce qui aurait évidemment nécessité toute une série d’ouvrages. Le terme « révolution » de son titre est évidemment au cœur de son ouvrage et pour une raison bien précise : le XXe a vu la naissance d’une nouvelle organisation politique d’un Mexique suite à la révolution qui a débuté en 1910 et s’est poursuivi durant plus d’une décennie. À cette époque, le cinéma mexicain est véritablement né, sous le signe du documentaire avec des chefs opérateurs allant filmer les scènes de bataille. La révolution ayant permis la naissance du cinéma mexicain, on peut s’interroger sur la continuité de cet esprit révolutionnaire dans les décennies suivantes. Ce qui intéresse l’auteur, c’est avant tout de comprendre l’émergence du nouveau cinéma mexicain qui est apparu avec le nouveau millénaire. C’est pourquoi le premier chapitre est consacré à l’ensemble au XXe siècle, le deuxième à l’arrivée du néolibéralisme et le troisième au début du XXIe siècle. L’histoire du cinéma mexicain semblera un peu tronquée car ne développant pas les heures fastes de ce qu’on appela « l’Âge d’or » du cinéma mexicain. Mais cette période intéresse moins l’auteur, précisément car cette période ne se donne plus les moyens d’être révolutionnaire à l’instar d’un régime politique qui ne se donne plus les moyens d’être une démocratie. La deuxième partie montre très bien les effets dévastateurs des réglementations économiques imposées par l’ALENA livrant tous les biens du Mexique au plus offrant dans un grand marché néolibéral où le cinéma est un produit consommable comme un autre : peu importe pour les responsables politiques que le cinéma mexicain ait une existence, puisque le cinéma américain largement majoritaire dans les salles est censé répondre à toute demande. Il a fallu attendre le début du XXIe siècle pour que de nouvelles alternatives voient le jour alors que le cinéma mexicain moribond était appelé à disparaître. Toutes les propositions, mêmes si elles ne sont pas toutes « révolutionnaires », répondent avec efficacité à l’effroyable crise causée par les décennies précédentes. Eduardo Sosa Soria traverse cette histoire de cinéma par ses enjeux économiques, puisque le cinéma étant également une industrie mobilisant de grandes sources de financements, il était essentiel de s’interroger comment un art révolutionnaire arriverait à s’affranchir du diktat de la recherche de la plus forte plus value. À ces questionnements, l’auteur répond peu à peu au fil de ses pages. Même si son corpus filmographique se restreint aux œuvres mexicaines les plus connues internationalement, il n’en manque pas moins de retracer les grands enjeux de la dernière décennie si enthousiasmante du cinéma mexicain. Dans ses analyses économiques, il touche à plusieurs reprises les grands enjeux qui traversent le cinéma mexicain. Il reste aussi à parler de tous ces films qui se font hors de ces grandes lignes, moins inconnues, mais qui n’en est pas moins dépourvues de génie. Mais là encore, il s’agit de poser les grands jalons du début de ce nouveau siècle. Une analyse plus complète de la diversité du cinéma mexicain ne peut que faire l’objet d’un autre ouvrage plus conséquent. L’édition francophone est encore malheureusement trop dépourvue d’ouvrage consacré au cinéma mexicain et l’on ne peut que se réjouir de l’existence de cet ouvrage qui donnera, on l’espère, l’envie à d’autres auteurs de poursuivre l’aventure et de partager leur passion pour un cinéma dont il y a encore tant à dire et à écrire.

Révolution dans le cinéma mexicain. Cinéma, politique et argent

d’Eduardo Sosa Soria

Nombre de pages : 164

Date de sortie (France) : 25 octobre 2011

Éditeur : Éditions Universitaires Européennes

lien vers le site de l’éditeur : https://www.editions-ue.com/catalog/details/store/us/book/978-3-8417-8005-8/révolution-dans-le-cinéma-mexicain?search=mexicain

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