Billet de blog 30 septembre 2023

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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FBAL 2023 : "A cielo abierto" de Santiago & Mariana Arriaga

Deux frères adolescents décident de partir se venger du camionneur qui a causé la mort de leur père tandis que la fille du compagnon de leur mère se joint à eux malgré leurs réticences.

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Illustration 1
A cielo abierto de Santiago & Mariana Arriaga © DR

Film en hors compétition de la 32e édition du Festival Biarritz Amérique Latine 2023 : A cielo abierto de Santiago & Mariana Arriaga

Guillermo Arriaga, bien avant d'avoir écrit le premier scénario d’Alejandro González Iñárritu Amours chiennes (Amores perros, 2001) qui a lancé sa carrière cinématographique, avait couché sur papier un scénario qui n'avait jamais été réalisé. Ses propres enfants, Santiago & Mariana Arriaga, ont souhaité que ce film qui parle de l'amour d''un père disparu pour lequel des enfants sont prêts à tuer, existe et se sont retrouvés à réaliser le scénario de leur père.

C'est très naturellement que l'on retrouve les thématiques de Guillermo Arriaga autour du pardon, de l'accident automobile qui va faire se confronter des classes sociales qui n'auraient pas dû se rencontrer, du lien fort entre deux frères mis en rivalité autour de l'attraction par le plus jeune pour une même jeune femme convoitée et la confrontation à la violence comme expression conséquente des tensions sociales au Mexique.

Impossible dès lors de ne voir ici rien d'autre hélas que le film des fils de Guillermo Arriaga alors que ceux-ci face à cette forte personnalité, en dehors de l'hommage à leur père qui irrigue leur mise en scène jusqu'à leur en déposséder l'initiative, ne parviennent pas à défendre un propos personnel. Sur une histoire classique de vengeance mortelle comme destination ultime d'un road movie, le film est une succession de séquences sans surprises jusqu'à un dénouement attendu.

Les personnages sont croqués sans originalité en suivant des stéréotypes qui les étouffent totalement. La relation d'amour fraternelle méritait un peu plus de complexité tandis que les différents nœuds de l'intrigue sont rapidement évacués. Quant au désir psychanalytique de « tuer le père » (ici autour de la figure alternative de celui qui a pris la vie du père) pour devenir à son tour un homme qui accède à la sexualité, il est représenté avec maladresse et non sans lourdeur idéologique sur la perpétuation du machisme non remis en cause. Le dénouement est naturellement attendu, compte tenu de l'approche initiale consistant à refuser de prendre sa propre émancipation à l'égard d'un texte original trop suivi à la lettre. Ainsi, l'intrigue n'intègre pas non plus les problématiques de la jeunesse mexicaine actuelle, se contentant de mettre en scène une vision éculée de la thématique de la vengeance qui n'apporte pas de résolution au deuil d'un proche. Sans originalité dans la succession des séquences, le film qui dure près de deux heures n'en est que plus long avec des interprétations qui ne dépassent pas le simple stéréotype.

Illustration 2

A cielo abierto
de Santiago & Mariana Arriaga
Fiction
117 minutes. Mexique, Argentine, Espagne, 2023.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Theo Goldin (Salvador), Federica García González (Paula), Máximo Hollander (Fernando), Manolo Cardona (le père), Julio Cesar Cedillo (le camionneur), Sergio Mayer Mori (Eduardo), Cecilia Suárez (la mère), Julio Bracho,
Scénario : Guillermo arriaga
Images : Julián Apezteguia
Montage : Andrés Pepe Estrada
Musique : Ludovico Einaudi
Casting : Alejandro Reza
Décors : Carlos Y. Jacques
1re assistante réalisatrice de la seconde équipe : María Raquel Dioni
1er assistant réalisateur : René Villarreal
Effets visuels : Miguel Lavín
Sociétés de production : Kramer & Sigman Films (Mexique), Clave Intelectual (Espagne)
Production : Guillermo Arriaga, Leticia Cristi, Matías Mosteirín, Hugo Sigman
Production exécutive : Diego Copello, Morena Fernández Quinteros, Eréndira Núñez Larios

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