Billet de blog 31 octobre 2016

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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La femme chauve-souris contre la créature aquatique

Au Mexique comme dans le monde entier, des corps sans vie de lutteurs sont abandonnés après une opération chirurgicale sur le cerveau. Les forces policières mexicaines décident de faire appel à La Mujer Murciélago « Batwoman » pour résoudre cette mystérieuse affaire.

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Illustration 1

Sortie DVD : Batwoman de René Cardona

Après La Llorona (1960) et L’Incroyable professeur Zovek (1972), Bach Films continue la découverte du réalisateur mexicain René Cardona dont la carrière fut prolifique avec 145 films à son nom selon le site Imdb. Une nouvelle fois, le réalisateur empreinte la voix du cinéma de genre avec Batwoman, titre choisi pour la distribution française et qu’on entendra jamais prononcé dans le film puisque le personnage éponyme est « La Mujer Murciélago » (que l’on peut effectivement traduire par la « femme chauve-souris »). « Batwoman » est un nom plus vendeur et évocateur pour le public français et a en outre pour intérêt d’assumer l’origine de ce personnage : il n’existerait certainement pas sans le succès télévisé à la même époque de la série consacrée à Batman (1966-68). Ainsi, La Mujer Murciélago porte un masque qui est l’exacte réplique de celui porté par Adam West dans la série. Comme Batman, La Mujer Murciélago est une richissime femme qui a décidé de mettre sa fortune au service de la lutte contre le crime. Elle apparaît comme très douée au tir au pistolet et, pays de la lucha libre et du Santo obligent, se trouve être une lutteuse accomplie, qui donne toujours de bons conseils à ses adversaires et exprime un fair play à toute épreuve, à l’instar de son double masculin El Santo. Mais à la différence de celui-ci, La Mujer Murciélago, lorsqu’elle est filmée en dehors de ses combats contre les méchants, apparaît naturellement démasquée auprès de ses deux acolytes et prétendants masculins. À la différence des films du Santo, La Mujer Murciélago ne vaincra pas ses ennemis grâce à ses pouvoirs de lutteuse. Très souvent elle fuit et se trouve moins puissante que prévue. Le monstre aquatique né des expériences du savant fou criminel sans scrupule n’est pas non plus utilisé comme un adversaire de ring. C’est là la grande faiblesse du film : alors que toute la promotion du film reposait sur une super-héroïne, celle-ci se révèle moins spectaculaire que prévu : on a du mal à s’attacher à elle et même si elle ne cesse d’apparaître dans des tenues sexy, cela ne suffit pas créer un charisme.
L’idée du monstre aquatique tout droit sorti de L’Étrange créature du lac noir de Jack Arnold (1954) est la bienvenue dans cette histoire qui ne pouvait simplement se contenter d’un savant fou : il lui fallait, comme le cas du docteur Frankenstein, lui associer le résultat inhumain de ses expériences. Et ce monstre est suffisamment indestructible, tel un golem, pour relancer un récit où tout semblait jouer d’avance. On a même droit à des vues sous-marines ! Ici encore, les personnages les plus intéressants sont bien plutôt le savant fou et sa créature que les personnages un peu trop fades qui doivent protéger la loi. Quand on connaît la réalité de l’exercice de la loi au Mexique en 1968 avec le massacre de Tlatelolco, on imagine aisément le personnage du Dr. Eric Williams représentant un homme politique de lors.

Illustration 2

Batwoman
La Mujer murcielago
de René Cardona
Avec : Maura Monti (La Mujer Murciélago « Batwoman »), Roberto Cañedo (Dr. Eric Williams), Héctor Godoy (Mario Robles), David Silva (José), Crox Alvarado (l’inspecteur), Armando Silvestre (Tony Roca)
Mexique – 1968.
Durée : 80 min
Sortie en salles (France) : inédit
Sortie France du DVD : 15 septembre 2016
Format : 1,33 – Couleur
Langue : espagnol - Sous-titres : français.
Éditeur : Bach Films
Bonus :
Entretien avec Alain Schlockoff

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