Billet de blog 5 novembre 2025

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Sarlat 2025 : Les Dimanches (Los Domingos) d’Alauda Ruiz de Azúa

Ainara, 17 ans, annonce à sa famille qu’elle souhaite entrer au couvent pour devenir religieuse. Si son père semble accepter son choix, sa tante s’effraie à l’idée qu’elle soit manipulée.

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Illustration 1
Les Dimanches d’Alauda Ruiz de Azúa © Le Pacte

Film de la section "Tour du monde" de la 34e édition du Festival du Film de Sarlat du 4 au 8 novembre 2025 : Les Dimanches d’Alauda Ruiz de Azúa

La question des liens familiaux sont à nouveau au cœur du second long métrage d’Alauda Ruiz de Azúa après Cinco lobitos (2022). Dans les deux cas, les scénarios originaux écrits par la cinéaste se révélent d’une grande force d’écriture dans les constructions psychologiques permettant à chaque personnage de bénéficier d’une profondeur unique dans leur singularité. La situation d’une adolescente désireuse de se retirer du monde séculier pour entrer dans les ordres n’est pas sans générer de nombreuses inquiétudes dans son entourage, réveillant plusieurs blessures familiales.

Avec subtilité et perspicacité, Alauda Ruiz de Azúa pose des questions inédites tout en respectant les choix de chacun de ses personnages. Dans le contexte de l’Espagne encore marquée par des décennies de dictature soutenue et sanctifiée par l’Église catholique, le retour à la dévotion religieuse de la nouvelle génération n’est pas sans poser question aux diverses générations. D’autant que la jeune fille sort du monde et accepte dès lors une hiérarchie avec toutes ses règles dans une soumission totale au nom de la foi en un amour.

La confrontation entre la nièce et sa tante se fait d’ailleurs autour de cette foi en un amour : alors qu’il est effervescent chez la jeune fille au nom d’un engagement religieux, il est en péril dans la relation de couple de la tante. Pour autant, il ne s’agit pas de faire du prosélitisme religieux mais plutôt de prendre en considération les positions de chacun, d’un père potentiellement désireux de ne plus prendre en charge économiquement sa fille aînée perturbée par la mort de sa mère, à une tante qui voit s’effondrer peu à peu sa propre inscription familiale.

Chaque scène possède une densité dans l’approche psychologique qui fait de l’apparition de chaque personnage des moments d’une grande profondeur pour saisir toute leur complexité, quand bien même il ne s’agirait que d’un personnage secondaire : chacun joue sa partition avec une vigueur qui ne laisse rien au hasard, modernisant la direction d’acteurs et d’actrices d’Ingmar Bergman tout autant que les questions de foi de Carl Theodor Dreyer et de son Ordet (1955).

Les Dimanches
Los Domingos
d’Alauda Ruiz de Azúa
Fiction
115 minutes. Espagne, France, 2025.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Blanca Soroa (Ainara), Patricia López Arnaiz (Maite), Miguel Garcés (Iñaki), Juan Minujín (Pablo, le compagnon de Maite), Nagore Aranburu (la Mère Supérieure), Mabel Rivera (María Dolores), Irina Robledo Espinosa (Nerea), Nora Careaga Iglesias (Eider), Neizan Alonso Hernández (Eneko), Leire Zuazua (Estíbaliz), María Rodríguez Maribona Delgado (Izaksun), Guille Zani (Mikel), Mikel Arriola (Jon), Itziar Aizpuru, Bego Arístegui, Florinda Okomo, Noe Chiroque, Ainhoa Jáuregi, Víctor Sainz, Lier Alava, Olimpia Sterling Estarta, Endika Pombo, Amaiur Zabaleta Ikazeta, Itoitz Uribe, Miro Magariños, José Serna Andrés, Aurora de Vicente, Noa Lasa Berrondo, María Olaetze, Diego Perez, Iker Zarate, Inigo Onzain, Aiora Sedano, Fernando Ustarroz, Seynabou Dieng, Ana Guerrero, Andrea Sara De Regil, Aizeti Egibar, Belén Madariaga, Leonor Hennequet Fernández, Lola Moragues, Susana Zabaco, María Costela García, Rosa María Bideguren, Izaskun Kintana, Jorge Aguinaga Urbieta, María Carmen Melero Viana, Gotzon Aguirre Sáez, Etxahun Agirregoitia, Adriana Barrenechea Astuy, Adriana Blanco, Mauro Docampo Gacio, Iván Dubinin, Maren Jiayuan Garabieta García, Maialen García, Aitor Jiménez Arnaiz, Julen Justo Neira, Erika Martínez, Uxue Rojas López, Diego Sardón Ortega, Ibone Sardón Ortega, Paula Sardón Ortega, Lidia Sardón Ortega, Oihana Tarilonte, Alba Zorelle
Scénario : Alauda Ruiz de Azúa
Images : Bet Rourich
Montage : Andrés Gil
Son : Andrea Sáenz Pereiro
Direction artistique : Zaloa Ziluaga
Maquillage : Ainhoa Eskisabel
Costumes : Ana Martínez Fesser
Coiffure : Jone Gabarain
Casting : Eva Leira, Yolanda Serrano
Production : Sandra Hermida Muñiz, Nahikari Ipiña, Manuel Calvo, Marisa Fernández Armenteros
Producton exécutive : Fran Araújo, Manuel Calvo, Guillermo Farré, Marisa Fernández Armenteros, Sandra Hermida Muñiz, Nahikari Ipiña
Production associée : Alan Bermejo (Bteam Pictures), Alice Labadie, Jean Labadie
Production déléguée : Cristina Lera Gracia
Sociétés de production : Buena Pinta Media, Encanta Films, Colosé Producciones, Think Studio, Sayaka Producciones, Le Pacte
Distributeur (France) : Le Pacte

Sortie salles (France) : 11 février 2026

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