Le Sommet de Cancun sera-t-il en mesure d'aboutir à une décision en faveur de l'adaptation aux effets des changements climatiques ? Les pays en développement, notamment les plus vulnérables, sont particulièrement sensibles à cette question. Ils attendent un signal fort de la communauté internationale te des moyens pour faire face aux impacts du changement climatique, risques d'inondations, stress hydrique accru, et pour développer les énergies propres... Pour mettre en œuvre des stratégies climat développement intégrées. Les changements sont déjà perceptibles sur le terrain et nécessite des interventions urgente autant qu'une réelle capacité d'anticipation pour dégager les trajectoires de développement.
A Madagascar par exemple, les populations témoignent des changements de pluviosité depuis 10 ans qui nuisent aux rendement de la riziculture. « De mai à septembre il y avait toujours une pluie fine et régulière, aujourd'hui, il y a de grosses pluies trois semaines et un mois de sécheresse », explique Rabi Jules, adjoint au maire à Anjanazana, au Nord est de l'île. Les impacts sont à la fois économiques, sociaux, environnementaux et nuisent au développement communautaire... Les acteurs de terrain attendent un soutien accru pour engager des solutions locales.
A l'échelle internationale, cette question de l'adaptation est au cœur des négociations depuis 2007. Une décision de la COP 16 en la matière doit être à même de rétablir la confiance entre les pays en développement et les pays industrialisés.
Définir un cadre d'action international pour l'adaptation
Plus précisément les Etats négocient à Cancun autour de ce que pourra être le futur cadre international d'action pour l'adaptation. Des décisions sont forts probables sur ce point, et un programme de travail défini pour l'année à venir.
La mise en place d'un comité dédié, sous l'égide de la convention, et la nature de ses fonctions est actuellement en discussion. Comment donner à ce comité un véritable rôle, tant pour renforcer les connaissances et la compréhension des besoins, facilité l'accès aux financements, coordonner les centres régionaux et nationaux, favoriser une réelle mise en œuvre sur le terrain... ? Il ne s'agit pas de créer un organe technique supplémentaire, qui vienne alourdir les procédures existantes d'accès aux fonds. Les propositions actuellement sur la table laissent craindre la mise en place d'un comité aux attributions purement techniques. Lors des groupes de discussion, certains états vont, à l'inverse, jusqu'à proposer de développer une « capacité programmatique » au niveau internationale : l'adaptation au changement climatique doit s'inscrire dans des politiques nationales et locales de développement durable. Il faut raisonner à long terme, multiplier les coopérations, et asseoir la prévisibilité et la montée en puissance progressive des financements. C'est la condition pour un cadre solidaire, viable et efficace pour l'adaptation.
Renforcer et mettre en cohérence les actions existantes, soutenir les acteurs locaux
La définition de ce cadre international pour l'adaptation et du rôle du comité devra prendre en compte les initiatives existantes dans ce domaine, tant les Plans d'action nationaux d'adaptation (PANA) engagés depuis 2001 par les Pays les moins avancés, que l'expertise développée dans le cadre du Programme de Nairobi depuis 2005. Il s'agit de renforcer les moyens d'actions et notamment d'apporter une réponse aux besoins en financements. Les engagements pris à Copenhague en 2009 doivent être concrétisés.
Les PANA n'ont pas mené aux résultats escomptés, tant par manque de moyens financiers, de compréhension des enjeux et d'études scientifiques locales, ainsi que de capacités d'opérationnalisation. Le programme de travail de Nairobi pour l'adapation, engagé en 2005 pour 5 ans, sera très probablement reconduit à l'issue de la COP 16. Il devra s'inscrire dans le cadre pour l'adaptation. Il visait à aider les pays en développement à améliorer leur compréhension et leur évaluation des impacts et de leur vulnérabilité aux changements climatiques et à prendre des décisions éclairées sur des bases scientifiques, techniques et socio-économiques. Il fonctionne comme une vaste plateforme d'échange d'information. Le bilan après 5 ans pointe le gap entre les activités et les moyens et le manque de capacité d'action.
La question du financement de l'adaptation est une préoccupation principale. Le fonds pour l'adaptation, en phase d'opérationnalisation, après plusieurs années de discussions, ne répond pas aux attentes. Les pays bailleurs sont davantage mobilisés pour contribuer aux politiques d'atténuation dans les PED plutôt que pour l'adaptation. On retrouve ce déséquilibre dans les financements précoces (pour la période 2010-2012) engagés. La future architecture financière pour l'après 2012 apportera-t-elle des réponses ?
Enfin, ce cadre permettra-t-il de soutenir financièrement et de favoriser les coordinations entres les acteurs de terrain ? ONG et collectivités locales, disposent des moyens de savoirs faire et d'expertise pour des actions concrètes. Pour raccrocher les négociations aux réalités de terrain, le rôle des acteurs locaux ne doit plus être négligé.
Marie Chéron et CB. Article publié dans les Echos de Cancun, la lettre des ONG membre de Coordination Sud présentes à Cancun.