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Climatiques

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Billet de blog 10 décembre 2010

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Négocier à Cancun… ou agir localement

Présentée de cette manière l’alternative est caricaturale et la réponse qui s’impose est « nous devons agir à tous les niveaux, local, national et mondial». Mais l’échec de Copenhague et le peu d’espoir dans les résultats de Cancun font peser la balance du côté des initiatives locales et sectorielles, et celles-ci peuvent venir de bords très différents.

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Présentée de cette manière l’alternative est caricaturale et la réponse qui s’impose est « nous devons agir à tous les niveaux, local, national et mondial». Mais l’échec de Copenhague et le peu d’espoir dans les résultats de Cancun font peser la balance du côté des initiatives locales et sectorielles, et celles-ci peuvent venir de bords très différents.

Ce sont tout d’abord les collectivités locales. Déjà présentes dans l’enceinte de l’ONU, elles multiplient les initiatives autonomes, sur leur territoire, comme en France avec les « plans climat », et aussi par le biais de coopérations internationales. Certaines sont des espaces d’échanges et de débats, comme le « sommet mondial des maires sur le climat » qui s’est tenu à Mexico du 16 au 21 novembre de cette année et qui a réunit plus de 3000 maires du monde entier. D’autres ont de plus grandes ambitions, comme l’accord signé ce 16 novembre par les états de Californie, aux Etats-Unis, du Chiapas, au Mexique et d’Acre, au Brésil. Cet accord vise à appliquer les mécanismes « REDD », discutés en ce moment à Cancun, pour permettre à des entreprises californiennes d’acheter des « droits à polluer » contre la non-déforestation ou la reforestation de territoires au Chipas ou en Acre.

Les entreprises et secteurs industriels multiplient également les initiatives. C’est tout d’abord le cas des secteurs qui développent des technologies « vertes » et qui cherchent à s’assurer une avance technologique et des parts de marchés en pleine croissance. L’Allemagne et la Chine sont aujourd’hui, par exemple, très bien placées dans l’éolien et le solaire. Plus généralement le changement climatique et les préoccupations environnementales, sont utilisés par les entreprises pour comprimer leurs dépenses et améliorer leurs résultats financiers : limiter les impressions papiers, voyager moins, et en classe économique, faire baisser les coûts de packaging, etc. Toute une série d’actions qui, prises une à une, ont un impact dérisoire mais qui globalement permettent à la fois d’améliorer les marges des grands groupes capitalistes… et de participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Et il faut également compter sur les transformations des comportements individuels et collectifs, en y incluant bien sur les initiatives militantes. Il serait fastidieux d’énumérer les gestes quotidiens et les arbitrages concernant les achats et les investissements plus substantiels, type de voiture ou de mode de chauffage, qui ont un impact réel sur les émissions de gaz à effet de serre, mais il est clair que nous vivons une phase de transition pour tout ce qui relève de ces comportements. Les secteurs militants ne sont pas en reste et peuvent jouer un rôle de précurseur ; ici à Copenhague, c’est le Klimaforum qui joue ce rôle, un peu comme peuvent le faire les « camps climat » qui se sont multipliés en Europe, camps et forum où le but premier est d’expérimenter des modes de vie alternatives.

Les objections à cette description rapide sont nombreuses. Comprendre le développement de la « green economy » ne doit pas nous faire oublier le poids économique et politique du secteur pétrolier et les résistances des branches industrielles, comme l’automobile ou le bâtiment, où la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre se traduit par une hausse des coûts de fabrications. Intégrer les efforts de réduction des dépenses énergétiques dans les entreprises ne doit pas masquer le fait que la réduction des émissions de gaz à effet de serre que nous observons ces dernières années dans les pays développés est avant tout du à la récession économique, et que l’essence même du capitalisme est la croissance sans limite. Quant aux mutations dans les comportements individuels et collectifs, ils sont surtout possibles pour ceux qui en ont les moyens, ce qui n’est pas le cas de nombreux travailleurs à petits salaires qui ne peuvent s’offrir le surcoût de logements à faible dépense énergétique et qui sont contraints à utiliser leur voiture car ils sont relégués dans les banlieues excentrées.

A toutes ces objections qui pèsent pour des décisions politiques radicales et un accord international qui les facilitent, se rajoute un argument essentiel, celui de la « justice climatique ». Les pays développés auxquels on peut ajouter la Chine sont à la fois les grands émetteurs de gaz à effet de serre et ceux qui peuvent assumer les coûts de l’adaptation au changement climatique et de la transition énergétique. En revanche, les pays les moins développés ne sont responsables en rien du changement climatique, ni aujourd’hui ni historiquement, et ils peuvent qu’en subir les effets sans avoir les ressources nécessaire à l’adaptation et à la transition énergétique. La moindre des justice est d’assurer à tous ces pays les ressources nécessaires, et cela n’est possible que si un accord international oblige les pays développés à les fournir et établit un mécanisme de répartition qui ne soit pas soumis aux grandes puissances comme peuvent l’être le FMI ou la Banque mondiale.

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