La BD serait-elle atteinte d’hyperprésidence ? Coulde it bi possibeul ?
Quand on lit le cinquième tome de Mister President, Pour une poignée d’électeurs, dans lequel Clarke revient nous narrer les aventures pour rire du locataire de sa Maison-Blanche, la BD est plutôt en phase d’« hypoprésidence ». Yes he can !
Mister President, c’est l’emblématique gardien du monde libre, le putatif défenseur des valeurs ricaines et occidentales (pas moins !). Un de ses meilleurs amis s’appelait Charlton (Heston), et Chuck (Norris) est son nouvel attaché plénipotentiaire, prônant une diplomatie musclée là où les mots ne suffisent plus. Et quels mots…
Né en 2004, Mister President n’en est plus à sa première bourde depuis bien longtemps, alors qu’il n’en est qu’au début de son deuxième mandat. Il semblerait qu’il les ait toutes faites… scandale politico-financier, aventures sexuelles hasardeuses, accointances coupables avec le lobby des armes, connexions inavouables avec les scientologues, invasion de l’Irak… Il n’en loupe pas une.
Mister President, c’est un peu le fruit non traité de la (més)alliance de l’Atlantique Nord complètement à l’ouest… Un peu clintonien, parfois reaganesque, définitivement bushiste, le président made in USC – United States of Clarke – est un concentré, une somme. Elu grâce à Mister President Senior, à la NRA, aux complexes militaro-industriels divers et pétroliers. Et surtout, parce que c’est un imbécile patenté. Il aime Bugs Bunny®, porte des cravates Mickey©, boit du Coca-Cola™, invite Ronald (Mac Donald) à sa fête d’anniversaire et surtout ne comprend rien à rien quant il s’agit de politique intérieure ou de relations internationales, d’économie, de justice ou de tout autre truc un peu sérieux.
Vous l’aurez compris, Mister President, c’est purement et simplement un grand éclat de rire en BD et en technicolor. Dans ce tome 5, Mister President va essayer de sauver le monde à sa façon et – il faut bien le reconnaître – essayer de se sauver lui-même. Le tout entrecoupé de strips didactiques hilarants sur la Constitution US, les anciens présidents, et même la France…
Yes he can ! Mister President va donc tenter de résoudre le problème des ghettos blacks en allant recruter au Congo des missionnaires belges parce qu’il l’a vu faire dans une BD ; il va tenter de sauver sa fille des griffes de l’alcool et d’un rappeur, quitte à la marier de force en présence du couple présidentiel français, très en Vogue… Et sans trahir le secret-défense, on peut d’ores et déjà dire qu’ils seront à la noce ! Clarke revient en pleine forme avec son Mister President sans peur mais pas sans reproche… Un Mister President pour qui les « seuls ennemis sont les terroristes musulmans, les voitures japonaises et les immigrés clandestins. » et qui « peut faire sauter la galaxie en pressant un simple petit bouton ». « Son téléphone est rouge, sa maison est blanche, il est con comme un balai. C'est Mister President. »
Yes he can !
DB
Mister President, tome 5, Pour une poignée d'électeurs, Clarke, Le Lombard, 10 € 40
© Clarke – Le Lombard (Dargaud)