Quand dans le silence de la capitale, en ce 14 juin 1940, l’armée allemande fait trembler les pavés parisiens, Jeanne Chiavarino revient à elle. Elle a passé la nuit dans les catacombes. Dehors, à la surface, rien ne sera plus jamais comme avant.
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Jack Manini et Michel Chevereau proposent avec ce premier tome de Catacombes, Le Diable vert, une aventure sombre aux relents fantastiques dont l’action débute dès les premières heures de l’occupation. Une aventure dans laquelle le macabre côtoie l’historique, et où le mystère qui entoure les sous-sols de Paris sert de fil conducteur à cette quête d’une jeune femme suivant les traces de son père.
Fille d’un carrier qui connaît par cœur les entrailles de la ville et qui a côtoyé Henri Jeanson, Jeanne commence sa recherche avec un courage qui n’a d’égal que sa candeur. Manini et Chevereau ont su installer, distiller une atmosphère particulière en brouillant d’entrée les pistes et les repères dans le Paris de 1940. Les personnages semblent tous avoir une double facette et Jeanne ira de rencontres en retrouvailles. Elle croisera Lucien, énigmatique « gueule d’amour » qui la séduira très vite. Elle retrouvera donc Henri Jeanson, ami de son père, dialoguiste de La Dame de chez Maxim’s, de Pépé Le Moko et d’Hôtel du Nord, pacifiste convaincu, emprisonné à plusieurs reprises avant de passer dans la clandestinité.
Catacombes croise les genres en mêlant adroitement histoire, politique et frisson. La descente dans les entrailles de Paris, avec ce dessin réaliste et documenté nous plonge dans l’intrigue avec une impatience mal contenue. On suit les traces de Jeanne qui devra peut-être affronter ce « diable vert » qui sévit quelque part dans les profondeurs de la terre. On suit l’histoire en marche, avec ce portrait terrible de la France fraichement envahie. On se prend très vite à se poser les mêmes questions que le personnage principal, en proie à l’angoisse et aux interrogations, au doute.
Ce premier tome est très prometteur même s’il souffre peut-être de son rythme saccadé et de raccourcis nés de l’utilisation d’ellipses, de flashbacks ou de scènes d’exposition qui semblent pour l’instant annexes. Il nous donne pourtant envie de nous lancer avec Jeanne à la poursuite de ce Diable vert. Et de connaître la clé de l’énigme sur la disparition de son père, sur ce mystérieux peuple souterrain, et cette Histoire qui s’écrit en marge.
DB
Catacombes, Tome 1, Le Diable Vert, Jack Manini & Michel Chevereau, Collection: Grafica, Glénat, 56 pages, Paru le 09.06.2010, 13.50€