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Billet de blog 5 avril 2010

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Misanthrope sociable. Diacritik.com

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Junk

 Junk est un western pas comme les autres, diptyque crépusculaire dans lequel les héros sont aussi déclinants que le siècle qui les a vu naître, dans un ouest acide et désabusé, où le bien semble avoir déserté les villes, les plaines et les montagnes. Avec Brüno et Pothier, la chevauchée est fantasque et mutique. Les hommes parlent peu, la quête d’un hypothétique trésor confédéré n’est qu’un prétexte, il n’est question que de destinées.

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Junk est un western pas comme les autres, diptyque crépusculaire dans lequel les héros sont aussi déclinants que le siècle qui les a vu naître, dans un ouest acide et désabusé, où le bien semble avoir déserté les villes, les plaines et les montagnes. Avec Brüno et Pothier, la chevauchée est fantasque et mutique. Les hommes parlent peu, la quête d’un hypothétique trésor confédéré n’est qu’un prétexte, il n’est question que de destinées.

Illustration 2
© Brüno - Pothier / Glénat

« Le traître, Warren ! Tu sais bien que dans toutes les bonnes histoires de l’ouest, il y a toujours un fils de pute qui finit tôt ou tard par trahir ses amis ! »

Il y a quinze ans, quand ils se sont séparés, les Jersey Cowpunchers n’étaient déjà pas très vaillants. Une bande de hors-la-loi mal assortis, cinq hommes et une femme unis par l’appât du gain, vivant leurs obsessions personnelles au jour le jour. L’alcool, les femmes, la vie, la mort, le jeu, les chevaux… Quinze ans après, l’un d’entre eux veut reformer la bande, pour un ultime raid, une dernière chevauchée. Une dernière chance de faire fortune. Peut-être un baroud d’honneur.

Illustration 3
© Brüno - Pothier / Glénat

Avec Junk, Brüno et Pothier rendent les hommages dus au western spaghetti et aux classiques. L’ouest enneigé est le théâtre de cette chasse au trésor, une quête nocturne et collective pour ces outlaws en mal d’aventure. Rangés, les ex braqueurs et voleurs de bétail ont décidé de se remettre en selle. Mais la horde mise en scène dans Junk est loin d’être sauvage. Le dessin rond de Brüno apporte un décalage cartoonesque en regard du propos noir et désabusé de Pothier. La trame assurément classique de cet album de cow-boys (bandes rivales, dettes de jeu et d’honneur, trahisons…) prend des chemins de traverse. La poursuite se fait enfermée, les rêves de fortune cèdent la place à une quête plus identitaire. Il s’agit alors de simplement survivre pour les uns, revivre pour d’autres.

Illustration 4
© Brüno - Pothier / Glénat
Illustration 5
© Brüno - Pothier / Glénat

Le montage est nerveux, par l’utilisation de cette profusion de petites cases alternativement très silencieuses ou très bavardes. Le cadrage resserré, les gros plans, les planches entièrement muettes permettent de suivre les introspections, les révélations de chacun des personnages. L’humour et la dérision font merveille pour cet album qui mêle les questions existentielles et assume pleinement sa part de classicisme, avec un ton résolument moderne.

« Je vais chercher des chevaux frais au Corral,

OK ? »

Junk se lit en deux parties, Come Back, Pay Back. Deux albums en noir – pour l’ironie et l’issue inéluctable –, blanc – pour les paysages froids et enneigés –, et en technicolor – pour la palette de Brüno au dessin et les références filmiques de Pothier.

« Bonjour Monsieur ! Je vous sers quelque chose de chaud ?

– Un whisky. Sans glace. »

DB

Junk, Brüno et Pothier, tome 1 Come Back, Tome 2 Pay Back, Glénat, collection Treize Etrange, 13 € l'un.