Comment peut-on ne pas aimer Hugo Pratt ? Les qualificatifs ne manquent pourtant pas pour parler du maître italien. Irremplaçable, inventif, pour ce qui est du dessinateur et auteur. Aventurier, érudit, rêveur, pour ce qui est de l’homme. Le créateur mythique de Corto Maltese, de Jesuit Joe, de La Macumba du Gringo, de Sandokan… est un monstre sacré de la bande dessinée. Et Corto Maltese serait son alter ego de papier.
1967, année de création du personnage mythique et emblématique d’Hugo Pratt. Corto Maltese, le marin né à La Valette et battant pavillon anglais voit le jour dans La Ballade de la mer salée – personnage secondaire de prime abord, en qui Pratt se reconnaîtra plus tard et dans lequel il verra un « symbole de sa propre existence, de son regard sur la vie et les êtres ».
Casterman nous propose de redécouvrir les aventures de Corto Maltese en version originale, en quatre strips, telles qu’Hugo Pratt les a conçues. Cette nouvelle édition en N & B a fait l’objet d’un long et profond travail éditorial : les dialogues ont été relettrés, les traductions été revues et corrigées à partir des originaux. Les albums bénéficient d’une nouvelle maquette, de nouvelles couvertures. Les trois premiers tomes parus en mars, La Jeunesse, Les Ethiopiques et Les Celtiques, permettent de se replonger avec délice dans le mythe. La série comptera 12 tomes, recomposant de façon unique l’intégralité des aventures de Corto Maltese, ses périples, ses rencontres, sa vie.
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En 1905, Corto Maltese, dix-sept. C’est en Mandchourie que s’ouvre le premier acte, alors que la guerre Russo-Japonaise s’achève, Corto se lie d’amitié avec Jack London. Et l’on croise pour la première fois un certain Raspoutine. C’est une des caractéristiques de l’œuvre d’Hugo Pratt qui aime croiser le réel avec la fiction. Il fait de Corto son historiographe, témoin stoïque plongé au cœur des conflits (la guerre d’indépendance irlandaise, la grande guerre…), au cœur du monde. Corto Maltese possède une destinée sans équivalent en bande dessinée. Le premier tome de cette série nous permet d’ailleurs d’y revenir sur celle-ci avec une préface de Dominique Petitfaux racontant l’odyssée éditoriale et graphique de ce héros si charismatique. En postface, on découvrira une suite inédite à La Jeunesse, retrouvée après la mort d’Hugo Pratt et présentée avec les dialogues en italien.
La sortie des trois premiers albums de la série en noir et blanc a coïncidé avec le début d’une exposition à la Pinacothèque de Paris (jusqu’au 21 août 2011). Le Voyage imaginaire d’Hugo Pratt est la première exposition parisienne consacrée au maître depuis la rétrospective du Grand Palais en 1986. Elle présente plus de cent cinquante aquarelles et la totalité des planches de La Ballade de la mer salée. Hugo Pratt était passionné d’histoire, érudit (Robert Louis Stevenson, Joseph Conrad, Herman Melville, Jack London, Ernest Hemingway ou encore Antoine de Saint-Exupéry ont influencé son travail). De ses voyages, de ses rencontres, de sa mémoire des espaces africains et de la guerre qu’il a connus lors de sa jeunesse en Abyssinie, Hugo Pratt a extrait une substance qui sert son imaginaire. – D.B.
Corto Maltese en noir et blanc, Hugo Pratt, Casterman
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La Jeunesse, tome 1, 56 pages, 16€
Les Celtiques, tome 5, 136 pages, 22€
Les Ethiopiques, tome 6, 96 pages, 18€
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Hugo Pratt à la Pinacothèque de Paris, du 17 mars 2011 au 21 août 2011 : Le Voyage imaginaire d'Hugo Pratt
Tous les jours de 10h30 à 19h30 (Fermeture de la billetterie à 18h45) - Le 1er mai, le 14 juillet, le 25 décembre et le 1er janvier : ouverture de 14h à 19h30 – Nocturne tous les mercredis jusqu’à 21h30 (Fermeture de la billetterie à 20h45) Les tarifs : billet simple Plein tarif 10 € / Tarif réduit* 8 €. Plus d’informations sur le site de la Pinacothèque de Paris
Hugo Pratt sur Mediapart :
Venise Itinéraires avec Corto Maltese
Crédits images © Hugo Pratt / Casterman