Sarkozy, sa vie son œuvre, en 4 chapitres – Sarkozy avant Sarko, Sarkozy candidat à la présidentielle, Sarkozy, président et Sarkozy depuis Carla –, en 130 dessins, sous le regard impertinent de Plantu : un délice de second degré et d’ironie politique.

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L’avant-propos (signé Plantu) donne le ton : quand il dessine Sarko, il ne fait pas une caricature mais un portrait parce qu’« il est une caricature à lui tout seul ». « Quand je le dessine en Iznogoud, on dirait qu’il est né comme ça »… Enervé, trublion, il est partout, occupe la scène, l’espace du dessin, les esprits. Son message est lui aussi un bonheur pour le dessin politique : clair, fait de formules chocs (« j’irai chercher la croissance avec les dents »…). A force d’être un cliché, un produit médiatique, il devient un « personnage de bande dessinée »…
Au dessinateur alors de trouver une mesure, « flirter avec la ligne jaune » sans la franchir, opérer un « savant dosage entre la provocation, la colère et le respect de la personne humaine ». Portrait donc d’un personnage qui se caricature lui-même, d’un « candidat-devenu-président Sakozy »…
Sarko et Pasqua, Sarko et Balladur, Sarko et ses grâces et disgrâces sous Chirac, traversées du désert et spectaculaires avancements, rien n’échappe au dessin de Plantu. Dans l’ensemble du livre, chaque page est organisée en diptyque, une image et un court texte la replaçant dans le contexte politico-social de l’époque. Les dessins, se succédant, tissent une chronologie, des moments forts, dont chacun se souvient.

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De marche en marche (ou de coup de poignard dans le dos en coup de poignard dans le dos), ce sont les ambitions présidentielles affichées, l’élection à la tête de l’UMP, les dérapages plus ou moins contrôlés du ministre de l’Intérieur (le Kärcher, Clichy-sous-Bois, les expulsions).

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Sarko apparaît de plus en plus souvent en Iznogoud, le « vizir lave plus blanc », en attendant d’être calife à la place du calife.

Désigné candidat unique de l’UMP aux Présidentielles, par plus de 98% des militants, Sarko entre en campagne. La plume du dessinateur est toujours plus mordante. Dessin évoquant la sortie du candidat sur la pédophilie inscrite dans les gênes (« pour moi, on naît pédophile »), un autre la promesse de création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale…

Et, en regard, l’actualité culturelle et politique du moment, des citations : un paysage pas si lointain se redessine sous nos yeux. Dessiner l’actualité politique est, pour Plantu, un exercice salutaire de décalage et de remise en perspective. Qui n’a pas pris une ride.

Et Sarkozy devient président, c’est le règne de Schtroumpf 1er, sur son yacht au large de Malte, l’ère du bling-bling, du « je suis partout »…

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Mais aussi la lutte contre le trop grand nombre de fonctionnaires (dixit), les ministres femmes, les ministres d’ouverture, la place rikiki accordée à Fillon, les phrases sur l’Afrique (« Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Jamais il ne s’élance vers l’avenir, jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin », Dakar, 26 juillet 2007), les premières interrogations sur Cécilia et le jeu, dans les media, vie politique / vie privée qui n’ira qu’en s’intensifiant.

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En témoigne le dernier chapitre, centré sur l’ère Bruni-Sarkozy.

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Carla a une nouvelle guitare, elle chante, sourit, joue les premières dames pendant que la crise s’installe et que Jean Sarkozy commence à faire la Une…

Si la caricature, étymologiquement, est une « charge », le trait semble parfois peu grossi. Portrait donc, de 1974 à octobre 2009. Acéré et (im)pertinent. Un Best of Plantu, certainement, et un Worst of Sarko sans nul doute…
CM
Plantu, Le Best of Sarko, Points, 160 p., 6 €.

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