Deux albums à découvrir dans la collection 40 ans de découvertes Glénat, collection dans laquelle 40 œuvres d’auteurs débutants ou confirmés font l’objet, pour le premier tirage, d’une édition avec jaquette.
Magus, de Debois, Cyrus et Annabel, où comment une série fantastique peut attirer les lecteurs peu sensibles au genre. Premier tome d’un cycle de trois albums, Magus oscille entre heroic fantasy et légendes médiévales. Dans un ton résolument moderne, les auteurs de cette fable épique nous mènent dans un monde de religion toute puissante et de superstitions en des temps anciens où l’inconnu et la différence sont synonymes de peurs et d’obscurantisme.
Le jeune Stanislas est mis au ban de son village depuis son enfance. La faute à un obscur secret qu’il ignore lui-même, et qui a marqué à jamais sa famille. Forcé de rejoindre l’armée, il devient fossoyeur, chargé d’enterrer les victimes des guerres qui secouent ce Moyen Age en proie au chaos. Les jours et les nuits se succèdent, alors qu’il œuvre sous le signe de la Mort. Il ignore qu’il possède un don qui fait de lui l’espoir des sorciers et des mages, et qui inspire crainte et colère aux autorités religieuses toutes puissantes. La magie est pourtant là, qui ne demande qu’à se révéler au monde…
Proposé par Cyrus et François Debois, dessiné par Annabel, Magus est un récit où l’imaginaire dispute la vedette au réalisme, avec un trait ferme et élégant, au rythme d’une narration enlevée, avec une mise en page jouant la carte de l’alternance de cases verticales et horizontales et de l’asymétrie. Au fil de l’histoire, le regard suit ces lignes de force brisées qui maintiennent le lecteur en haleine de bout en bout.
Autres temps, autre genre : Londres, 1889, dans l’East End… Les « francs-tireurs de Baker Street » suivent un quidam dans les rues de Whitechapel. Pour le bénéfice du plus célèbre détective de papier londonien. Débrouillards et intrépides, les francs-tireurs vont vivre sous la plume et les pinceaux respectifs de J.B. Djian, Olivier Legrand et David Etien leur première aventure en solo en BD.
Publiée chez Vent d’Ouest, L’Affaire du rideau bleu revendique haut et sa fort sa filiation avec le monde de Sir Arthur Conan Doyle. Sous l’égide de Régis Loisel qui préface l’album, Les Quatre de Baker Street augure une série de qualité, à l’intrigue classique, dans le droit fil des aventures de Sherlock Holmes.
Ce dernier sert de caution et de fil rouge aux Quatre de Baker Street. Billy, Charlie et Black Tom survivent seuls dans ce Londres de la fin du 19ème siècle où les canailles, les maquereaux, les criminels de toutes sortes se retrouvent. Tour à tour espions des rues et détectives en culottes courtes, ils vont devoir affronter la corruption, la prostitution – révélant des secrets au passage – et combattre le crime. En marchant sur les traces de leur célèbre et généreux mentor.
L’Affaire du rideau bleu est un premier opus très réussi. Avec des couleurs magnifiques, l’Angleterre victorienne est peinte de belle manière. Les personnages sont croqués avec gourmandise, dans une veine oscillant entre le réalisme et les belles heures de l’animation à l’ancienne, avec son trait fin, précis, et un clair-obscur qui joue sans cesse avec les expressions, les regards. Et la ville en fond, théâtre en mouvement, avec ses vues évocatrices en plongées et contreplongées. L’enquête est menée de main de maître, servie par un scénario au cordeau, ni pompeux, ni alambiqué, parfois naïf, mais dans le bon sens du terme, et qui devrait séduire un large public. Dixit Régis Loisel.
C’est dit.
DB
Magus, tome 1, Le Fossoyeur, Debois, Cyrus, Annabel, Glénat, 13 €
Les Quatre de Baker Street, tome 1, L’Affaire du rideau bleu, Djian, Legrand, Etien, Vent d’Ouest, 13 €
Images © Glénat / Vent d’Ouest 2009