Billet de blog 18 mars 2009

Christine Marcandier (avatar)

Christine Marcandier

Littérature

Journaliste à Mediapart

Chats et poissons, les frères ennemis

Les chats. Fidèles compagnons des écrivains et dessinateurs, sujets fétiches de Faizant, Siné, Geluck, inénarrables quand ils sont animés par Jim Davis. Hercule, Félix, Garfield, le chat dingue de Gaston, Azraël, Tom, le Gros Minet que l’on a cru voir. La liste est longue. Il faudra ajouter ceux de Fidèle Castor, qui rend d’ailleurs hommage à ceux de Siné, Ungerer, Dubout et Geluck en dernière page, des chats inséparables des poissons, « frères ennemis ». 

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Christine Marcandier

Littérature

Journaliste à Mediapart

Les chats. Fidèles compagnons des écrivains et dessinateurs, sujets fétiches de Faizant, Siné, Geluck, inénarrables quand ils sont animés par Jim Davis. Hercule, Félix, Garfield, le chat dingue de Gaston, Azraël, Tom, le Gros Minet que l’on a cru voir. La liste est longue. Il faudra ajouter ceux de Fidèle Castor, qui rend d’ailleurs hommage à ceux de Siné, Ungerer, Dubout et Geluck en dernière page, des chats inséparables des poissons, « frères ennemis ».

Les chats noirs de Fidèle Castor sont joueurs, rusés, affamés. Les poissons rouges ne sont pas les proies faciles que l’on pourrait imaginer. Sur cette opposition de « frères ennemis », sous-titre de l’album, Fidèle Castor construit des fables ou saynètes, presque toujours sans paroles, mais si expressives.

Les chats multiplient les feintes pour aller à la pêche : épée, filet à papillon, entonnoir… Sont obsédés par les poissons, on voit leurs arrêtes aux radiographies, ils sont en perfusion d’un chat alité, la pomme d’un chat Guillaume Tell. Mais parfois des chats infirmiers portent sur un brancard le bocal d’un poisson blessé, un chat docteur ès « psy-chatterie » allonge son patient rouge. Le chat surfe sur Internet avec une souris en forme de poisson, lit « Le Pêcheur français »… Les poissons ne sont pas nés de la dernière pluie non plus, s’allient à des requins, résistent, s’échappent. On oserait presque un « rien ne les arrête ». Chacun avance masqué, révélant sa vérité, en un grand carnaval des animaux. Chacun cherche son chat, ou son poisson.

Fidèle Castor joue sur des expressions lexicalisées et ironiquement décalées (avoir un poisson en travers de la gorge, à l’eau), introduit un soupçon loufoque, apparie humour et poésie. Les animaux, félidés comme aquatiques, en disent long sur les hommes, dans la lignée d’un All I Need to Know I Learned from My Cat de Suzy Backer.

Nous sommes bientôt le premier avril. Vous pourrez chanter « Miaou Miaou » avec Camille ou découvrir cet album de Fidèle Castor, cocasse et tendre, à la poésie tour à tour absurde et loufoque. Moins suicidaires que les lapins (Bunny suicides) d’Andy Riley. Tout aussi drôles.

CM

Fidèle Castor, Chats et poissons, les frères ennemis, Le Cherche Midi, collection « la bibliothèque du dessinateur », 72 p., 12 €