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Billet de blog 21 septembre 2009

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Misanthrope sociable. Diacritik.com

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Les Nombrils, Duel de Belles

Depuis 2004, le succès des Nombrils ne se dément pas. Dans leur pays d’origine, le Québec, la bédé est davantage tournée vers le roman graphique en noir et blanc, culturellement et à cause de coûts de production très élevés. Les auteurs, Delaf et Dubuc, font figure d’irréductibles dans la profession, avec un punch, un humour faussement candide, corrosif, et un dessin haut en couleurs, un graphisme fluide, délié, toujours en mouvement. 

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Depuis 2004, le succès des Nombrils ne se dément pas. Dans leur pays d’origine, le Québec, la bédé est davantage tournée vers le roman graphique en noir et blanc, culturellement et à cause de coûts de production très élevés. Les auteurs, Delaf et Dubuc, font figure d’irréductibles dans la profession, avec un punch, un humour faussement candide, corrosif, et un dessin haut en couleurs, un graphisme fluide, délié, toujours en mouvement.

C’est Dupuis qui en 2005 les a repérés et qui édite en France, en Suisse, en Belgique et bien sûr au Québec les aventures pas si potaches et encore moins potiches de Jenny, Vicky, Karine, Dan et autres John John…

"Dans les épisodes précédents" : Jenny et Vicky sont deux pestes que rien (ni personne ou presque) n’arrête, Karine est désespérée et toujours amoureuse de Dan, John John et sa merveilleuse moto ont disparu, Dan est parti en Afrique avec Mélanie, Murphy a encore des boutons, Fred a beau être le Président du Conseil Etudiant, il n’en a pas moins un côté un peu 8 sur 10…

" La vie est cruelle. Et puis après ? "

Illustration 1
Les Nombrils © Delaf - Dubuc / Dupuis 2009

Les Nombrils sont nés de l’imagination de Maryse Dubuc et Marc Delafontaine, respectivement scénariste et dessinateur de ces aventures décalées et mordantes. Ils y dépeignent le quotidien de Jenny et Vicky, les deux plus belles filles du lycée qui règnent en maître (maîtresses ?) sur la gent masculine qui n’a d’yeux que pour ces deux pestes sexy. Egoïstes, manipulatrices, centrées sur elles-mêmes, elles sont le nombril de leur propre monde. On adore les détester. Et réciproquement.

Illustration 2
Les Nombrils © Delaf- Dubuc / Dupuis 2009

Entre les souvenirs d’adolescence et les teen movies américains où la belle martyrise la moche, où la popularité se mesure en termes de soupirants bêlants et de nombres d’invitations pour le bal de fin d’année, Les Nombrils de Dubuc et Delaf croquent ce monde et cette époque cruelle que sont les années lycée. Avec les crises, les doutes, les questions que l’on pense éternelles et dont on cherche les réponses en expérimentant, en tâtonnant, en les vivant. Tout simplement.

Dubuc et Delaf ont su, au fil des planches et des albums, capter ce microcosme si particulier que peut être un lycée. Bédé tantôt mordante, tantôt légère, souvent cruelle, Les Nombrils ont la particularité de bénéficier d’un scénario sans faille, enlevé, intelligent, et d’un dessin gentiment sexy, frais et accrocheur. Delaf travaille sur palette graphique et s’amuse à faire vivre ses personnages très stéréotypés avec finesse et force détails piquants, pour le plus grand plaisir du lecteur.

L’originalité et la force des Nombrils résident notamment dans le découpage de la bédé qui peut se lire en histoire complète, avec ce (bon) côté "soap opera" cher au public outre-Atlantique, qui fait se suivre l’histoire d’album en album, permettant l’évolution des personnages sur la durée. Mais Les Nombrils, c’est aussi une somme de gags que l’on découvre de case en cases, de pages en pages. Le pitch de départ est ainsi souvent un prétexte à des digressions sur les personnages secondaires avec de vraies ruptures dans la narration, qui permet de faire souffler les characters. Pour mieux jouer avec le comique de situation ou sur les gimmicks. Jusqu’au punch line, pour faire un parallèle avec les sitcoms de bonne facture.

Illustration 3
Les Nombrils © Delaf - Dubuc / Dupuis 2009

Dans Les Nombrils, on retrouve un humour à la Seinfeld ou Friends, avec ces piques vachardes qui viennent ponctuer une situation. On peut aller chercher Desperate Housewives… et Ugly Betty, références assumées par Maryse Dubuc et Marc Delafontaine lors de l’interview que les auteurs ont accordée pour Mediapart (à lire ici).

Mais il y a aussi et surtout cette tendresse et cette acuité féroce dans ce regard sur des héroïnes dont le nombril à l’air est aussi et surtout le centre de leur univers. La bédé de Dubuc et Delaf ne se contente pas d’être une bédé pour ados, elle touche un large public. Avec ses situations brutes, parfois brutales, qui abordent aussi des sujets plus graves. Pour mieux finir dans un grand éclat de rire. -  DB

Illustration 4
Les Nombrils © Delaf - Dubuc / Dupuis 2009

Les Nombrils, tome 4, Duel de Belles, Delaf – Dubuc, aux éditions Dupuis, sortie le 18 septembre 2009. 9 € 45

A voir également : le nouveau site web de la série : Les Nombrils et la nouvelle bande annonce dans Comic Strip.