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Billet de blog 22 septembre 2008

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Titeuf : le sens de la vie

Antoine Perraud en parlait dans Mediapart le 25 août dernier dans son article intitulé Le douzième coup de Titeuf.Le douzième album de Titeuf est paru le 28 août. Seize ans après Dieu, le sexe et les bretelles, Titeuf est toujours entre deux âges, toujours obsédé par des questions existentielles, toujours en butte avec le monde souvent incompréhensible des adultes et toujours amoureux de Nadia. 

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Antoine Perraud en parlait dans Mediapart le 25 août dernier dans son article intitulé Le douzième coup de Titeuf.

Le douzième album de Titeuf est paru le 28 août. Seize ans après Dieu, le sexe et les bretelles, Titeuf est toujours entre deux âges, toujours obsédé par des questions existentielles, toujours en butte avec le monde souvent incompréhensible des adultes et toujours amoureux de Nadia.

Titeuf grandit. Deux ans après Mes meilleurs copains, Le Sens de la vie s’ouvre sur le futur et s’ancre dans l’actualité. Le futur proche, c’est l’adolescence, les boutons, les bisous avec la langue, les tentatives de séduction, les boums.

Mais Titeuf reste un enfant, avec les jeux de son âge incertain, les pétards dans les crottes, la game boy et la télévision. Ses angoisses sont celles de tout gamin qui découvre la vie sans en connaître le sens. Sans se poser LA question. Le sens de la vie c’est quoi ?

Dans ce douzième tome, le sens pris par Titeuf et ses acolytes est-il un virage ? Le père subit la délocalisation, les mots des grands sont obscurs et la mondialisation est un monstre vert qui mange tout cru les papas. La mère est toujours la figure nourricière. Elle cuisine désormais bio.

La force et le talent de Zep pour nous faire rire et sourire restent intacts. Son incursion dans le pathos fonctionne moins bien. La naïveté des débuts a fait place à une mise en franchise de la marque déposée Titeuf™. L’humour zizi-caca atteint ses limites quand il s’agit de confronter les préoccupations préadolescentes de l’écolier à la mèche blonde et les affres des adultes.

Zep survole son sujet quand il s’agit de société. Le racket, les caméras de surveillance, la dépression, la violence à l’école, les programmes scolaires… Il en ressort une impression d’inachèvement. L’album manque d’unité, cherche son propos – rire, moquer, pointer ? – on oscille entre la découverte des aventures de Candide au primaire et la lecture d’un guide de survie à l’usage de nos chères têtes blondes en milieu mâture.

Le treizième tome verra-t-il la mise en scène d’un quotidien encore plus présent face aux interrogations du jeune blondinet ? Titeuf s’interrogera-t-il sur le financement du RSA par son papa ? Pensera-t-il aux soldats français coincés sous le feu des Talibans en Afghanistan tout en mimant la scène avec des figurines de plastique ? Tout en ponctuant, voire en assénant, son propos par un laconique : « c’est con, c’est nul, j’y crois pô… » ?

Pour ma part, j’y crois pô non pû.

DB

Titeuf, t. 12, Le sens de la vie – Zep – Glénat – 9,40 €