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Billet de blog 9 novembre 2011

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L'Europe et la Gauche, compte-rendu du lundi de Mediapart de novembre

Ambiance studieuse à la maison des Métallos, pour débattre sur le thème «l'Europe et la gauche» avec François Bonnet, directeur éditorial de Mediapart, et les journalistes Martine Orange (Economie) et Lenaïg Bredoux (Politique).

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Ambiance studieuse à la maison des Métallos, pour débattre sur le thème «l'Europe et la gauche» avec François Bonnet, directeur éditorial de Mediapart, et les journalistes Martine Orange (Economie) et Lenaïg Bredoux (Politique).

Pour écouter ou réécouter le débat :

première partie: cliquez ici

deuxième partie: cliquez ici

Voici les principaux temps forts :

La crise de l'euro

Martine Orange remonte aux racines de la crise que traverse la monnaie unique, et retrace le fil des événements depuis la crise des subprimes. Elle rappelle un chiffre: en 2008, les Etats ont injecté environ 3.000 milliards d'euros dans le système financier. Depuis, les produits toxiques n'ont pas disparu... Aujourd'hui, si les marchés s'attaquent à la zone euro, c'est parce qu'elle est moins bien organisée, plus fragile. Par exemple, la Banque européenne ne peut garantir en dernier ressort les prêts émis par les Etats. Le problème de la Grèce, qui était de faible ampleur au départ, s'est aggravé car les pays de la zone euro ont tardé à intervenir. In fine, les attaques du marché contre les pays de l'Eurogroupe montrent les dysfonctionnements, les carences de la zone euro.

«De Gaulle disait : la politique de la France ne se fait pas à la corbeille. Pourquoi la France et l'Europe l'appliquent-elles aujourd'hui?», interroge Marc. Retour sur l'article 143 du traité de Lisbonne, qui oblige les Etats à se financer auprès des marchés. Certains se demandent s'il ne faudrait pas le supprimer... A la rédaction de Mediapart, «nous ne sommes pas d'accord», confie François Bonnet en souriant.

«Les fonctions de la BCE sont dans le traité de Maastricht, explique Lenaïg Bredoux, ancienne correspondante de l'AFP à Francfort. Son mandat principal, tel qu'il est fixé par les autres Etats, est la maîtrise de l'inflation.» Elle tente donc de réguler les échanges entre les banques, mais ne peut pas aller au-delà, «même si depuis le début de la crise elle n'a pas cessé d'enfreindre ce traité, comme par exemple emprunter pour les autres Etats, mais sa marge de manœuvre est limitée car il faut que les Etats soient d'accord». Les Etats membres de l'Eurogroupe se retrouvent donc seuls face aux marchés, contrairement à d'autres pays endettés tels que le Japon, les Etats-Unis, etc. Thomas Petit, abonné à Mediapart, explique quels problèmes, selon lui, découlent de la création virtuelle de la monnaie, qui n'est plus liée à un bien.

Dans l'auditoire, certains critiquent l'absence de consultation démocratique au sein de la zone euro. D'autres s'interrogent sur le coût réel du sauvetage des banques. «On ne sait pas vraiment pour l'instant, explique François Bonnet. La France a emprunté pour les sauver.» La mesure n'est toujours pas acceptée par l'auditoire. Certains en concluent, comme François Bonnet lors de son introduction, que «la crise de l'euro n'est pas qu'une crise financière, elle est aussi politique, c'est celle de la décision politique».

La crise et la gauche

François Hollande, le candidat, reste pour l'instant silencieux sur la crise. «La gauche est prise dans une équation compliquée. Il faut à la fois rassurer les marchés, et donner un espoir», précise Lenaïg Bredoux. Elle rappelle que cet été, François Hollande refusait un défaut grec. Aujourd'hui, il s'y résout. «C'est comme s'il courait après les événements.» Mais il faut attendre le projet du candidat qui sera révélé en janvier. Le contexte européen n'est pas non plus en faveur de la gauche: les dirigeants socialistes tombent les uns après les autres, après avoir accepté l'austérité.

Un participant se demande s'il ne faudrait pas protéger le marché européen, via un protectionnisme social et écologique. Lenaïg Bredoux précise le projet de la gauche française en la matière. Le Front de gauche, Europe Ecologie-Les Verts et le Parti socialiste prévoient une taxe aux frontières européennes basée sur les normes sociales et économiques reconnues par l'OIT et les accords déjà signés par les pays. Mais seuls 15% de la perte d'emplois industriels sont réellement dus à des délocalisations, le reste étant la conséquence des gains de productivité.

Au niveau européen, la gauche paraît désunie à beaucoup, bien que le PS ait signé un texte avec le SPD allemand qui prône l'instauration d'un Smic en Allemagne, une taxe sur les transactions financières, etc. Un projet qui reste fragile, dépendant du choix du candidat et du résultat des élections outre-Rhin.

Après deux heures de débat, la discussion se prolonge entre participants, ou avec les journalistes.

Pour prolonger: le glossaire de la finance

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