Billet de blog 12 mars 2010

Oreste Eléa

Abonné·e de Mediapart

Oreste Eléa ne comprend rien à Longuet... et à la politique

Faut pas regarder les infos le matin en buvant son café, la tête encore dans le potage. On pige pas tout et on se fait des idées. Entre deux tartines, j'avais bien compris que Gérard Longuet en avait après Malek Boutih à qui Sarko aurait promis un os à ronger. Mon imagination a fait le reste...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Faut pas regarder les infos le matin en buvant son café, la tête encore dans le potage. On pige pas tout et on se fait des idées. Entre deux tartines, j'avais bien compris que Gérard Longuet en avait après Malek Boutih à qui Sarko aurait promis un os à ronger. Mon imagination a fait le reste...

Que Boutih finisse à l'UMP et obtienne un poste à la Besson pour saloper l'immigré, rien d'étonnant. On ne peut pas trouver parcours républicain plus noble. Le militant teigneux de la cause antiraciste a su au fil des ans et de l'aiguisage des crocs trouver les mots pour dire tout son amour des banlieues et de ses habitants. En surfant avec grâce sur la vague sécuritaire, il nous a gratifiés d'appels enflammés à plus de répression contre les jeunes « barbares des cités », précisant pour la beauté du geste qu'« il faut leur rentrer dedans, taper fort ».

Il est aussi l'auteur d'analyses sociologiques à faire rougir un journaliste de TF1 où sont évoqués pêle-mêle avec frénésie d'équivoques « cinq mille gangsters » terrorisant les quartiers, violant les filles en tournantes, camant leurs petits frères jusqu'à l'os, s'équipant en armes de guerre et tenant chambres de torture dans les caves. Un vrai poète...

Maîtrisant à l'évidence la rhétorique poujadiste, il a su multiplier les dénonciations viriles contre ceux qui ont recours au « terrorisme intellectuel » dans leur soutien au combat « dépassé » des sans-papiers et souligner l'incontestable bilan policier. Affirmant même dans un lyrisme tout lepénien que « le plus grand nombre de bavures n'est plus son fait, c'est la racaille qui tue le plus dans les cités ».

Passons rapidement sur sa légendaire islamophilie par laquelle il entretient avec un égal bonheur le mélange sordide mais ô combien french touch entre musulmans et islamistes. Et encore plus rapidement sur sa confusion entre critique de la politique israélienne et antisémitisme, tarte à la crème vieille comme mes robes.

Bref, tout ça pour dire que j'étais davantage surpris par le passage de Longuet à gauche. Enfin à gauche... L'arrière-train encore soudé à la panoplie complète de chez Téfal, passer au PS quand on le donne gagnant aux régionales, ça s'appelle plutôt aller à la gamelle. Alors, dans tout ça, que des ténors de droite et de gauche s'inquiètent des propos désopilants de Longuet sur le « corps français traditionnel », les uns pour faire payer le renégat et les autres pour se départir d'un hôte, ancien d'Occident, un peu encombrant, rien de surprenant.

Non, la surprise est venue pour moi ce matin. J'en ai même lâché ma tartine. J'avais rien compris. Longuet est toujours à l'UMP. C'est Boutih qui est au PS. Sa gamelle à lui, c'est la Halde. Jouer les Arabes de service pour l'UMP, il ne sera pas le premier. Comment lui en faire reproche ? Un parcours républicain on ne peut plus noble vous dis-je. Avec certificat d'athéisme en porte-clé. Le gendre idéal pour Jean-Marie quoi... Enfin, s'il n'y avait pas ce nom qui fait pas très « corps français traditionnel ». Un bon point pour Malek. Comme président de la Halde, il pourra toujours sonner les cloches à Longuet. Un sénateur qui s'est habitué depuis longtemps au tintement du métal ménager et que les sonorités bovines ou célestes, c'est selon, pourrait éveiller à de plus nobles pensées.

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