Bonjour! On pourrait tout d'abord mettre en doute l'impartialité d'une institution pourtant supposée, comme ses sceurs, veiller au bon fonctionnement des services de l'Etat: je veux dire l'IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales). En d'autres temps, sous d'autres gouvernements, elle avait pris des postions d'inspection très différentes, sur un grand nombre de thèmes... Il faut dire que sa saisine paraît bien corrélée avec des commandes politiques ciblées.
Ayons ensuite une pensée émue pour les directeurs d'établissements de soins psychiatriques: enjoints de fermer des lits, d'augmenter les "files actives", de réduire les durées de séjour, il leur est aussi demandé de transformer leurs lieux d'accueil en fortins inexpugnables. Sont-ils complices, abattus, on aimerait le savoir; ils paraissent bien silencieux dans nos outils d'information publique.
Une pensée aussi pour nos "Grands Maîtres": professeurs, universitaires, experts... Porteurs de la doxa et de la technè, ont-ils gardé un zeste pe poïésis, voire de bon sens critique? Parfois il me semble que leur enracinement dans une pratique de soins autoritaire ressemble d'un peu trop près à la figure du "pouvoir discrétionnaire", pour qui le malade est surtout une maladie, et le traitement "opposable aux tiers".
Les "familles", du moins celles fédérées, demandent que des soins soient délivrés à domicile, que les "enfants", perdus dans leur délire, y compris, incompris, à en être violents, puissent faire l'objet de soins sous contrainte, au moins initiaux (Ils ne peuvent, en tant que proches, qu'en être directement engagés); ils demandent aussi que les malades hospitalisés ne fassent pas l'objet d'externements abusifs ou trop précoces, que le suivi des soins ambulatoires soit réel et constant...
Ce que propos(ait)e le Secteur, et que proposent les membres des "39", ce sont des actions de prévention dans la cité, chez les gens chaque fois que possible. Ce sont des actes coordonnés y compris avec les forces de l'ordre (les vraies, dûment formées) et de secours, pour exercer cette indispensable mise à l'abri de quelqu'un qui ne gouverne plus son existence. Ce sont des mesures d'accueil et d'écoute, de recherche de cet apprivoisement qui va permettre un soin holistique et polymorphe. C'est de revenir à une politique de formation, d'effectifs, d'équipements propres à assurer, en institution comme en ville, une présence effective 24h sur 24 auprès des gens en difficultés, qu'ils soient malades ou liés affectivement et socialement à ces malades.
La sécurité? Mais les gens qui en parlent savent-ils ce dont il est question? La sécurité, c'est un droit absolu que la société doit en premier lieu aux gens les plus fragiles. A savoir un fonctionnement, pour le champ qui nous concerne ici, des équipes de secteur et hospitalières de nature à rassurer, "réchauffer ou refroidir" ce qui grelotte de peur ou flambe chez des gens en souffrance. En bref assurer le droit d'asile. OK, il faut les moyens; mais aussi la pensée, la détermination, la disponibilité. Et bien entendu la protection des gens contre les menées iniques de politiciens aveuglés par les bulletins de vote, de tous bords...
Tout ce bavardage pour poser une seul question: où sont les étudiants? Je me demande parfois si le psychisme n'est pas comme les boyaux: tant que ça ne fait pas mal, on l'ignore. Je me demande aussi quelles sont actuellement les motivations réelles des candidats au métier de psychiatre et de psychologue, les seuls métiers encore un peu spécialisés, les infirmiers étant devenus en 1984 "poylvalents". Je me demande encore où se situe une formation professionnelle sérieuse, voire sévère, une culture des sciences sociales, de la politique et de la vie, entre les fanatiques de la psychopharmacologie, les adeptes du tout cognitif, les disciples d'une lacanerie à tout prix...
Etudiants, où êtes-vous dans le combat de société qui fait rage devant la dernière loi concernant l'exercice des soins psychiques? Bon sang, levez-vous, pour ce combat comme pour d'autres tout aussi importants, comme les Tunisiens, les Espagnols... Si j'osais, je dirais "indignez-vous"... ou à défaut informez-vous, politisez-vous!
Jean Claude Duchêne, stagiaire jardinier en cliniqu ouverte.