Billet de blog 1 septembre 2011

silenceontourne

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Jeux Olympiques de la Chesnaie

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Bonjour!

Ce jour, les Olympiades; beaucoup d'invités, de compétiteurs, de "metteurs de main à la pâte".

Je me suis mis à penser qu'en ce genre de circonstances, les catégories et les clivages tombent; chacun a une place, au gré de son désir et de ses compétences.

Et si j'entends ce que dit l'actualité politique, j'ajoute au "revenu universel" l'idée de "participation universelle".

Pour étayer ça, un petit article qui date à peine:

DE LA PARITE A LA COMPLEXITE (Argument pour un programme commun de travail, échafaudages compris) Au Club, un jour. Frédéric me dit, du fond de son aliénation de malade qui se sait malade, qu'il ne va pas faire ce que je lui propose de faire; au motif que je suis beaucoup plus compétent et intelligent que lui; qu'il ne sait rien faire…Il dénie là ses valeurs propres, dans un asservissement à une idée reçue classique: le médecin est forcément au sommet de la pyramide institutionnelle et donc de savoir et de pouvoir… Ca me gonfle, au sens où ça me renvoie à tout ce qu'on peut rater d'éveil au désir et à l'estime de soi des gens qu'on accompagne en psychiatrie; alors je lui rétorque que je ne joue d'aucun instrument de musique, que je ne connais ni Ricoeur ni Althusser, et que mes compétences dans les études n'eussent pas permis que j'accède à une grande école comme lui. Mais bon, ça ne suffit pas, et ça m'a fait gamberger longuement, y compris sur l'Aubrac près de Saint Alban avec des complices de rencontre; avec un projet d'écriture à trois voix échoué pour cause sans doute d'inhibitions névrotiques. D'où ce petit texte à visée de recherche sur la question des compétences et de ce foutu terme de parité utilisé jusqu'à l'usure par trop de gens dans nos "chères" institutions. Parité! On dit ça de comités ad hoc, genre syndicats/patronat, pour marquer non une égalité des places mais une confrontation des exigences; du binaire intégral, modalité du clivage et de la séparation, jusque dans sa dénégation même.On dit ça aussi souvent, dans les institutions, des réunions où se trouvent juxtaposés, plus que parties prenantes réciproques, des dits malades et des dits soignants. Et des éventuelles actions supposées communes, où le maître ne tarde pas à être identifié. Face à ça, il pourrait être intéressant de convoquer les termes de transversalité, de "l'autre scène", là où dans de multiples situations les gens ne sont pas classifiés selon leur seul rapport à la maladie mentale, perçue alors dans un registre imaginaire de hiérarchie.De mettre en exergue et en valeur la réalité des différences, des distinctions, des spécificités non référées aux habituelles césures "physiopsychopathologiques", mais à la nécessité humaine d'être à la fois situé dans la différence et dans l'appartenance… Culturellement et socialement, nous sommes assez facilement portés à penser en termes de verticalité inter-humaine: la France d'en haut et la France d'en bas; la clé de 8 plus basse que la clé de 12; l'allumette et le tournevis plus bas que le micro-ondes ou le robot multi-usages…Echelles de valeur, échelles d'intérêt, échelles de sens? Sérieusement, faut-il un bon dosage, ce qu'évoque pour moi la "parité", entre les fous d'en bas et les non-fous d'en haut? Or selon les pères et mères de la psychothérapie institutionnelle –et bien d'autres dans d'autres domaines-, la nécessité de fonder et soutenir des espaces tiers par rapport à la structure classique hospitalière était consubstantielle des exigences de partage, de relation langagière, de reconnaissance de la complexité humaine et de la subjectivité de tous. Parler de parité, c'est s'interdire de considérer la structure d'un collectif en 3D; d'en décrire et d'en analyser les formes modulables, les mouvances, la topologie des lieux et des places.C'est refuser d'envisager les effets possibles de déplacement, de gravitation, de décalage, de déploiement, de dilatation, de jeu autour du "point d'affectation primaire" fixé voire vitrifié par la personne elle-même, le socius, l'histoire, les conventions…Singulièrement en psychiatrie, c'est réfuter le devoir de prendre en compte permanent la variabilité des places, des investissements possibles, des savoir-faire, des émergences de désir, bien ailleurs que dans le champ des représentations liées à la maladie mentale. Accepter la complexité, c'est au contraire d'abord repérer tous les territoires de la subjectivité, les volumes et les perspectives de l'espace de chacun; et comme au jeu d'échecs, la complémentarité et la variabilité des positions et des routes de chaque pièce.C'est ensuite rendre possible le surgissement d'espaces inventés (c'est à dire découverts chez ou par la personne), espaces proposés, autorisés à un sujet, vibration nouvelle de différents électrons autour du noyau de la vie commune. C'est s'engager à créer de nouveaux territoires d'expérience et d'expression, espaces en croissance, espaces de surprise, espaces d'identifications nouvelles, afin d'atteindre la mobilité essentielle à une vie de collectif, à des mouvements interchangeables selon le contexte, tenant compte des compétences spécifiques de chacun et avalisant par principe et pratique la subjectivité de tous. La valeur de Frédéric et la mienne étant de même essence, c'est probablement ce que nous allons échanger qui permettra, en sus, qu'il aille mieux, et moi aussi; mais la raison intrinsèque de notre partage dépasse de loin des objectifs proprement thérapeutiques: ça entérine tout simplement l'infinitude des complémentarités humaines, et par voie de conséquence l'exaltation du processus de civilisation qui interroge notre temps vécu. Il est urgent, à mon sens, de revisiter le champ de nos pratiques pour mieux penser le registre topologique immense des compétences et complémentarités, des lieux des possibles, de l'inattendu; des "transpossibles"?Et de rebâtir des alliances propres à les potentialiser par le "désirer ensemble" JC Duchêne, 7 Novembre 2009

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