La commande d'un rapport pose le constat d'une vacance de poste de praticiens hospitaliers, dans le contexte d'une démographie médicale insuffisante pour pallier les nombreux départs à la retraite souhaités ou contraints par les restrictions budgétaires. Ce rapport attendu vient d'être publié.
Comment rendre attractif le travail à l'hôpital pour des jeunes médecins, qui devront remplacer deux ou trois temps plein quand les patients sont toujours là?
L'atmosphère générale du rapport rend mal à l'aise. On y voit coexister un discours bienveillant, à l'écoute des médecins, qui tente d'endormir un mécontentement général et une feuille de route froide et obstinée qui poursuit la mise en coupe réglée, sous la houlette des économistes de la santé, du corps médical, vers la création d'un Hôpital-entreprise.
Le Directeur reste le seul maître à bord. C'est dit. Ensuite, c'est la mise en place d'un système pyramidal, plus important qu'actuellement. Le Président de la C.M.E. donne son avis. Le responsable de pôle un peu moins. Il sont rétribués par une prime conséquente. Le chef de service devra veiller à ce que le profil de poste soit respecté par le praticien hospitalier, et devra l'évaluer chaque année. Le temps de travail sera controlé avec plus de précision qu'aujourd'hui. La CME n'a pas plus droit au chapitre, la carrière du praticien dépendra du Directeur et du Président de CME.
Le statut de praticien hospitalier s'effrite un peu plus, aussi bien sur le plan de l'embauche que du départ à la retraite. La prolongation des fonctions au-delà de 65 ans, pour pallier à la vacance programmée de 2015 à 2022, est soumise non seulement à l'avis d'un médecin agréé, ce qui se comprend, mais aussi à l'avis du Directeur, et du Président de la CME. Exit l'avis du responsable de pôle. Il ne s'agit pas d'un droit, mais d'une possibilité qui inscrit l'obligation d'une allégeance au Directeur et au Président de CME, à un avis de renouvellement annuel, peu compatible avec l'exercice de responsabilités. Il y a donc de 65 à 72 ans la création d'un corps de praticien hospitalier contractuel, au contrat renouvelable annuellement, sans possibilité de mutation.
Dans tout le rapport, pas d'évocation de problèmes spécifiques à la psychiatrie. Le recrutement de jeunes psychiatres ne semble pas poser de problèmes.
Les jeunes médecins pourront bénéficier des avantages sociaux du personnel, faire garder leurs enfants à la crèche de l'hôpital, partir en voyage à prix réduit. Ils auront droit à un deuxième représentant au CHSCT, et ils risquent d'en avoir besoin.
Les demandes des urgentistes paraissent avoir été entendues, sur la question du temps de travail, et la rémunération des gardes et astreintes. Ils sauront mieux que moi discerner les réponses à leurs problèmes. C'est une promesse en tout cas, tout comme relever la rémunération du premier échelon de praticien hospitalier.
Il n'y a pas si longtemps on découvrait que les ingénieurs de l'industrie automobile allemande avaient perdu leur honneur, à trop vouloir se taire et laisser passer les objectifs de rentabilité totalement prioritaire.Même les entreprises lorsqu'elles se mettent sous la coupe de gestionnaires à courte vue, perdent en créativité, en innovation, et à plus long terme le sens de leur existence.
Le domaine de la santé ne permet pas que l'on cède à ces sirènes. Les sanctions sont trop lourdes, quand il s'agit de l'homme.