Billet de blog 6 octobre 2011

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LES ENVOÛTEMENTS DE LA DOULEUR

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LES ENVOUÛTEMENTS DE LA DOULEUR

[...]

Hermès inconnu qui m’assistes

Et qui toujours m’intimides,

Tu me rends l’égal de Midas,

Le plus triste des alchimistes ;

Par toi je change l’or en fer

Et le paradis en enfer ;

Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher,

Et sur les célestes rivages

Je bâtis de grands sarcophages.

(Charles BAUDELAIRE)

… Les envoûtements … dont parlait Antonin Artaud … Oui … Mais que seraient-ils à cette heure ? Créés par qui ? Où ? Comment ? Des envoûtements surgissant des profondeurs de la nuit … D’une Nuit toute Noire… S’approchant de vous … doucement … très doucement … Silencieusement … Vous réveillant dans votre lit … (Certes). Dans la chaleur brûlante de votre propre lit … « Mais qui me réveille donc, silencieusement, bien qu’avec autant de Puissance, dans la noirceur incandescente de la nuit ? » Nuits chaudes … (torrides ?) … et qui allument les sens …Dans le silence immense, les yeux ouverts – dans le silence – rester dans l’attente … ( Dans l’attente d’être tout à fait éveillé ?) On ne sait pas …. On ne peut pas savoir … Mais oui : attendre ... Ainsi ... à l’écoute ... Paupières baissées (Dans les ténèbres de la nuit.) ( Des nuits ? Des nuits à venir ?) … Oui : oreilles tendues et paupières baissés : pour ne pas faire le moindre bruit. ( Dans ce silence IMMENSE.) Et puis doucement (tout à fait doucement) être saisi, empoigné, brûlé par l’insoutenable moiteur de cette nuit …. Qui se perpètre … Sans flammes … Ni bois de bûcher … Se laisser aller … Oui, et encore oui … Se laisser aller, se lâcher, comme l’on dit … Caresses … dans cette dévorante Solitude … À la recherche (aveuglante ? aveuglée ? aveugle ? ) du nom, de la face de celui qui le jeta, le Sort. (Le Sort Magique.) Tout en sachant que – très probablement – tu ne sauras pas (JAMAIS !), que tu ne pourras pas (JAMAIS !) les dévoiler, les appréhender ce nom, et ce visage : sombre. Nom et visage : sombres, quoique allumés par des yeux creux et embrasés. Et même si – un jour – tu pouvais, tu réussissais, tu arrivais à les découvrir (ce nom, ce visage), qui te croira, qui voudra/pourra bien te croire ? Croire à ta parole (les indiquant) dans ce monde, dans ces terres : dans ce terroir de la Raison rationnant et ratiocinante ? On dira que c’est Folie la tienne. L’ancienne Folie qui tombe de nouveau – tel un épervier, tel un faucon hérissé – sur ton dos, sur tes épaules : pour te plier à nouveau. (À jamais ….) Et pourtant … Les tisser, réel et imaginaire, entre eux étroitement imbriqués. (Oui. Les tisser dans une trame ourdie de suspicions (soupirs et rires s’entremêlant), de suspicions donc, mais aussi de mésententes.) Mais allons, allons ! Reviens vite chez nous ! Retourne-la ta parole : cette parole, pour qu’on puisse l’entendre ( bien l’entendre), et t’écouter parler. Parler ta parole. Une parole qui soit compréhensible et nue – en même temps – sans arborescences vaines, sans vaines effloraisons !

(texte, pour ainsi dire, visionnaire, tracé au cours d’une nuit de 2004)

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