Billet de blog 6 décembre 2012

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CRAINTES ET PANIQUES Accompagnées et suivies de quelques lignes vives s’adressant à la Garde des Sceaux

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CRAINTES ET PANIQUES

Accompagnées et suivies de quelques lignes vives

s’adressant à la

Garde des Sceaux

 En se choisissant et en s’acceptant, l’homme trouve donc la totalité du signifié de son Dasein par le dépassement du donné en vue d’un but. L’homme se décide par un choix où il trouve concrètement son issue personnelle, de manière que, en se dépassant lui–même dans son projet, il revendique le droit à sa liberté et à sa responsabilité […]. L’homme vit avec l’anxiété assumée dans le choix comme élément de sa condition humaine. Il a accepté sa facticité sans compensation et sans justification, sans se doter d’alibis. L’anxiété est avec lui et non pas autour de lui : elle ne le détermine pas, mais l’accompagne en le poussant à nouveau vers son projet. C’est donc l’anxiété vécue (s.p.n.) qui lui donne l’ « élan »  et l’intègre au monde.

(F. BASAGLIA)

Je crus longtemps, pouvoir ne rien redouter. Pourvu que je puisse m’empresser ( : courir ?), à l’apparence aveuglement, comme l’on pourrait dire, après, sur les traces de la vérité (du dire vrai), et de la dignité, et de la liberté. À savoir de ces « essences », qui – à mes yeux – ont toujours recelé une valeur, plus haute encore que celle de l’existence elle–même.

Je crus longtemps pouvoir âprement lutter, et par tous mes moyens, afin de les garder, ces « essences », à mes yeux à jamais vivantes : étroitement dressées au centre même de ce cœur, que j’entendais pulser dans ma poitrine.

Et je luttai : pour elles ! À leur défense ! Bravant tous dangers : réels ou imaginaires qu’ils fussent. Car – à mes yeux attentifs, et cela dès ma petite enfance – réel et imaginaire, ont à jamais été si souvent l’un l’autre imbriqués, et se sont à jamais, si puissamment nourris, réciproquement, qu’il suffisait de pressentir une image d’eux se creuser un chemin, dans les veines menant à mon cœur, pour qu’ils surgissent vifs, sous mon regard, et au centre inoubliable de ce même cœur : si fougueux !

Mais présentement, il y a quelques jours à peine, avec hantise, je l’ai ressentie : la peur !, courir, palpiter, haletante, dans mes veines, et artères. Oui. Je l’ai sentie.

Une peur, qui semblait vouloir m’enfermer dans son cachot glacial, d’où – m’interrogeant –je me demandais comment aurais–je bien pu m’en extraire. Comment aurais–je  bien pu m’en libérer.

Non pas, donc, peur de la mort. La mort… Vers laquelle doucement je chemine, et à laquelle j’ai appris, et j’apprends, doucement, inlassablement, à faire face. (Je le crois, je l’espère, tout au moins.)

Non. Non. Peur que – en me soustrayant à ces féroces Normes, par différents Pouvoirs établies, d’ordre politique et/ou médical, et – entre autres –, à ce désormais fameux « suivi » psychiatrique, une fois « sortie » de votre « placement » en hôpital psychiatrique : un « suivi » obligatoire, et obligatoirement effectué par un psychiatre, même pas par vous choisi, et en connaissance de cause –, peur qu’on puisse vous « ramener », et  de vive force, dans ces lieux de « soins » ( : de contention ?), tels qu’il vous fut donné d’en connaître… Que je connus… Oui… Peurs multiples, donc…

Mais également – et à elles, à ces mêmes peurs entrelacé – le douloureux désir de ne plus vouloir échoir, sous ces emprises (elles aussi multiples), exercées sur vous – dans ces lieux, si souvent soustraits à tout regard, à toute réelle observation, tant soit peu critiques. Et où l’on essaya ( : où l’on ré–essayera?) de vous conditionner. À savoir, de conditionner votre comportement, par l’ingurgitation forcée de cocktails médicamenteux si forts, si puissants, qu’ils sauront vous plonger dans un état de totale et véritable « confusion » : mentale et psychique, atteignant même votre propre mémoire. Elle, cette « confusion », beaucoup plus saisissante, beaucoup plus abrutissante, que tout « délire », ou cauchemar, que vous pourriez, ou auriez pu abriter, et vivre, en vous. Au fond de votre propre cœur.

Des emprises qui savent si bien outrepasser – pour des soi–disant raisons de « bien–être médical » – et en les outrageant : tout humain entendement, tout vouloir, toute possibilité d’action, ou de  révolte.

Une peur, une crainte ( : de… simples appréhensions par votre imaginaire conçues ?) que vous avez gardée, telle une marque de feu, chez vous, dans les entailles profondes de vôtre cœur : vis–à–vis de ces lieux, sur eux–mêmes si fermés, à jamais si clos, et où l’on put ( : où l’on pourra, de nouveau ?) vous amener,  une fois encore, quoique vous puissiez dire, et sans raison aucune : menottée ? Oui. Violant tout droit réel, tout respect dû à la personne humaine, et à son corps, que la Loi dit sacré !

Bien que – sans doute aucun – tout cela soit exercé, s’exerce, pour votre plus haut « Bien »… Car, tout cela aura été décidé, et mis en acte, par des êtres doués de cette Raison, que vous auriez perdue ( : délaissée ?) en chemin… Décidé, par des êtres « raisonnables », donc, et qui savent si bien concevoir (et mieux que vous), comment mettre en acte, et raisonnablement réaliser, tout ce qu’il vous faut, et ce que à jamais il vous faudra. Tout le long de votre propre, et  unique vie…

Ces mêmes lieux, où vous, vous auriez été censé demeurer, absolument ( : dans un mode absolu, l’on entend par là) soumis.  À la merci, donc, au gré, au bon vouloir d’autrui. De ces autres, qui, la plupart, ne vous comprirent, ni ne vous comprennent pas. Et sans plus possibilité aucune du moindre abri. Même plus chez vous. Dans votre propre espace, j’entends : dans l’espace de votre propre habitation. Qu’on peut, qu’on pourra envahir, à tout instant, jugeant en avoir le plein Droit. À savoir, étant, se postant (…se ressentant également ? cela  peut–être va sans dire ) du côté du Bon Droit, si l’envie vous prenait de… vouloir à nouveau diriger (et signifier) votre existence,  de par vous–même.  

Car – en cas de véritable  « désobéissance » à ces Hauts Pouvoirs Psychiatriques –, quoique vous fassiez, quoique vous disiez, l’on essayera de vous « mater » – comme l’on pourrait  bienheureusement  dire. Ne croyant pas devoir répondre à votre parole si souffrante ( : trop souffrante sans aucun doute, pour pouvoir s’exprimer de manière intelligible aux oreilles de tout le monde), répondre donc par une parole à caractère réellement humain. Votre même parole, étant jugée ab–humaine, parce que – à l’apparence, tout au moins – –raisonnnante. Et donc, non plus digne d’être réellement, véritablement, entendue, ou prise en compte.

Puisque, et cela est la triste réalité, elle sera jugée indigne, d’une réelle réponse, étant tout simplement ( : seulement ?) estimée, apte à être incommensurablement parlée, seulement sous les yeux de celui ou de celle, qui se chargera – et à votre place –  de diriger votre existence. Et cela, encore et encore, en tout état de cause.

* * *

QUELQUES LIGNES S'ADRESSANT

À MADAME    

CHRISTIANE TAUBIRA

C’est pourquoi présentement, je m’adresse à vous, Madame la Garde des Sceaux, par ces lignes. Afin que vous, vous tourniez vers ces états de fait, et que vous vous chargiez d’en vérifier, et modifier les lois qui les régissent.

Vous qui avez bien voulu rendre visite à ceux qui s’étaient rassemblés au Palais de Justice, à la Salle des Criées, le Vendredi 23 novembre, et qui entendaient en discuter – justement –  de ces états de fait.

Car, je ne veux plus ressentir ni peur, ni panique, à la seule idée qu’on puisse débarquer chez moi, dans mon domicile, et me traiter tel un dangereux « objet », et sans aucun respect de mes droits de citoyenne, ni d’être humain.

Car, je désire retrouver et réacquérir mon plein droit de choisir, à qui l’adresser, ma parole, afin de rétablir le réel de véritables contacts et relations humains, et pouvoir bien, et encore une fois, me ressaisir, rétablissant – en moi, et autour de moi – la totalité de mes  capacités, et possibilités.

Car, après avoir connu les affres d’une si effroyable captivité, une captivité encore plus terrible (peut–être) que celle qu’on vit dans les prisons, puisque dénouée/dénuée de toute… raisonnable raison – je désire retrouver la quiétude de mes songes et rêves, et le souffle de la vie. Que j’aime… par–dessus tout et tous...

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