Billet de blog 11 novembre 2010

pleineaile

Abonné·e de Mediapart

Mélancolie

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les gens sont oublieux, les moments sont éphémères, les paroles n'ont pas d'histoire... Les lieux ont une mémoire.

Comme Benvéniste avec la mémoire de l'eau, le site de Mediapart se souvient: naguère, des gens très bien écrivaient ici des choses très passionnantes sur "la folie". non pas qu'ils fussent plus malins que tout le monde, mais ils parlaient; depuis plus d'un mois, le silence.

Cela signifie t-il qu'ils aient abandonné le navire, pour voguer en d'autres lieux plus accueillants au dialogue, au débat? Probablement. Pourtant, ce lieu a de la mémoire, et je souhaiterais la ranimer un instant, "afin que nul ne meure".

La perte de la mémoire est constituante des mesures prises depuis des années afin de "rationnaliser" la gestion de ce qui ne peut se rationnaliser, la folie, ingrédient essentiel de notre fragile civilisation. Ainsi disparaît sans beaucoup de résistance la politique de Secteur de Santé Mentale (ou de psychiatrie, selon ce que vous choisirez comme vocable qui vous agrée). Oubli à mesure? Non, en vérité, démontage programmé; fabrication d'oubli.

Je travaille dans un SAMSAH (service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés -psychiques, en l'occurence). Ces structures, mises en place pour "déloger les malades" du champ de la psychiatrie, donc des soins, prétendent, selon l'Etat, gérer ces gens supposés "stabilisés" non sous l'angle psychiatrique, mais médico-socal, non sous l'angle de la difficulté psychique, mais sous l'angle de handicap. Il n'y a pas de petites économies.

Or il se trouve que dans ce "non"-lieu, non-lieu car édifié sur une forfaiture indiscutable, les choses se passent de la manière suivante: les gens y sont bien accueillis, les apports des professionnnels à leurs côtés sont indiscutables, les effets sur la vie quotidienne presque palpables.

Un premier os: ils ne sont qu'une vingtaine, là où les besoins seraient du décuple. Parce que c'est comme ça, parce qu'on a décidé en haut lieu qu'il y aurait vingt "places".

Un second os: l'identité des travailleurs et du service est tellement floue que personne ne sait vraiment ce qu'il en est des objectifs réels, et que cela crée des conflits sans substrat dans le groupe.

Un troisième os: la violence de la situation est telle que des haines naissent et s'attisent de broutilles qui, n'importe où ailleurs, seraient passées aux profits et pertes de la vie quotidienne d'une supposée équipe.

Les lieux ont de la mémoire, les fondamentaux de la vie aussi, surtout dans le champ de la maladie mentale. Tel le rutabaga lors de l'occupation de la deuxième guerre mondiale, au regrd de la pomme de terre volée par l'occupant, les structures mises en place par les gouvernants délirants actuels se souviennent qu'elles ne sont qu'impostures, et s'en vengent sur leurs praticiens. Du moins j'aime à penser cette intreprétation comme valide, sous peine d'accepter de m'inscrire dans l'appel à la violence que suscitent chez moi des agressions institutionnelles redoutables et en apparence, en apparence seulement, dépourvues d'objet et de sens.

Le Secteur de psychiatrie générale, institué dès 1960, se souvient; et il est rancunier: envers ses avatars trafiqués! et la psychose aussi est rancunière: envers la raison raisonnante!

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