Sommaire
- Assassinat le 1er décembre du Dr Jean-Michel Gal, psychiatre au CMP du Gosier, Guadeloupe
- Je suis en blanc. Communiqué du SPH
- Références
André Bitton (à titre personnel) pour Mme la Présidente du Syndicat des psychiatres des hôpitaux, SPH.
Paris le 12 décembre 2025.
Docteur,
Je me joins aux condoléances qui sont adressées à la famille, aux proches et aux collègues du Dr Jean-Michel Gal, psychiatre hospitalier en Guadeloupe, assassiné au début de ce mois par un de ses patients lequel, semble-t-il, était sous stupéfiants et avait interrompu ses traitements.
J’ai dûment participé notamment en début d’année, dans le cadre de mes activités de président d’une association de personnes psychiatrisées, à rappeler à des personnes connaissant un parcours psychiatrique qu’un certain extrémisme prétendument révolutionnaire, essentiellement déclaratif, peut provoquer chez des personnes frustres et très abîmées de tels passages aux actes criminels.
Je me permets de vous faire savoir que je ne suis pas certain de m’être fait entendre de certaines de ces personnes. La pente de l’extrémisme déclaratif est simple à emprunter, autre chose est beaucoup plus difficile, suppose des efforts, du travail, des lectures en nombre, de la discipline, ce qui est trop demandé.
Il est préférable à mon sens de garantir aux patients l’effectivité de leurs voies de recours, et de traiter attentivement les réclamations des patients concernant leurs droits.
Un traitement équitable des doléances des patients est susceptible dans bien des cas de désengréner la violence.
Quoiqu’il en soit les conséquences de tels passages aux actes sont subies par l’ensemble de la population de la psychiatrie, qu’il s’agisse des professionnels, des patients, des familles et de leur environnement. Nous en subissons dans l’ensemble les conséquences.
Voir la façon dont les passages aux actes criminels ont été instrumentalisés à l’époque où M. Nicolas Sarkozy était Ministre de l’Intérieur, puis Président de la République.
Veuillez croire, Docteur, en ma considération sincère.
« Les asiles (…) ont deux tâches à remplir : la guérison de l’aliéné et la protection de la société. La seconde passe avant l’autre, car elle intéresse tout le monde et se réalise facilement. » Hervé Bazin, La tête contre les murs, 1949.
Je suis en blanc. Communiqué du SPH
12 décembre 2025
Un homme en blouse blanche a perdu la vie au travail. Le Dr Jean-Michel GAL, originaire de Bretagne, s’était installé aux Antilles, de l’autre côté de l’Atlantique, pour exercer son métier de psychiatre hospitalier.
Il a été tué subitement, par un de ses patients, alors qu’il venait de prolonger ses fonctions. Il n’y était pas obligé, à 67 ans. Il aurait pu jouir paisiblement de sa retraite. Probablement qu’il se plaisait dans sa fonction et dans ce territoire, ultramarin.
Il semblerait qu’aucun signal n’aurait permis d’anticiper l’intention de son agresseur, qui était un de ses patients. Et surtout comment croire à une telle hostilité, à un tel passage l’acte avant qu’il ne se produise ? Quand on sait avec certitude que l’alliance thérapeutique et la confiance sont des outils majeurs du soin, que c’est à cela précisément que l’on veille : construire et préserver ce lien, car il est la condition première du soin.
Est-il déraisonnable de considérer que le métier de psychiatre n’est pas un engagement anodin. Que choisir de prodiguer du soin psychique, d’avoir cette attention si particulière pour des personnes qui n’ont pas toujours leur discernement, est une position qui gratifie et qui expose. Car oui on le sait, ce lien qui se tisse et parfois se défait est sujet à des aléas.
Pour le Dr Jean-Michel GAL, l’issue de la relation de soin a été absolument tragique, elle a été fatale.
La profession, unie et solidaire dans l’épreuve, lui rend hommage. Elle s’incline devant sa dépouille. Elle est horrifiée par l’effroi des derniers instants.
Aucun ressentiment ne pourrait justifier l’attaque d’un professionnel, de celle ou de celui qui a accompagné le parcours de souffrance psychique, de celle ou celui qui était là quand il le fallait, qui incarnait un repère de stabilité quand « ça n’allait pas ».
Le corps médical, l’ensemble des professions de santé œuvrant dans le champ psychiatrique essaieront, envers et contre tout, de maintenir le cap d’une pratique humaniste et de proximité.
Mais ils poseront aussi des questions : comment être mieux protégé ?
Comment, sans une meilleure sécurité au cours de cet exercice professionnel spécialisé, maintenir et même relever l’attractivité en psychiatrie, l’attractivité à l’hôpital ?
Dr Yasmina Dejean pour le SPH
Contact presse : Dr Marie-José CORTES - cortesmj chez icloud.com – 06.12.23.94.00
Références
Le Monde 5 décembre 2025, L’assassinat d’un psychiatre en consultation choque la Guadeloupe… ( cliquer sur ce lien )
Citation de cet article. « En 2024, la Haute Autorité de santé a refusé la certification de la qualité des soins à l’EPSM de Guadeloupe, où les données sur la santé mentale restent inquiétantes : selon l’Insee, en 2021, un Antillais sur six était touché par la dépression, et, selon Santé publique France, les tentatives de suicide sont en hausse, en 2024. ».
Hospimedia 2 décembre 2025. Le meurtre du psychiatre tué en Guadeloupe est requalifié en assassinat ( cliquer sur ce lien )
• Pour citer le présent article : https://psychiatrie.crpa.asso.fr/882