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CE SOIR ON VA S'ENVOYER SPECIAL...
12 Mars 2009 Par Alain Gillis
Il y a ce soir, me dit-on, une émission (Envoyé Spécial) qui porterait sur l'intégration des handicapés.
Je ne sais pas ce qu'on nous réserve, mais je crains qu'une fois encore on ne pratique des fondus enchaînés pour escamoter le problème des enfants impossibles à "intégrer". Les 70000 enfants que l'on dissimule dans les IME, ces Instituts "pauvrement" Médico Educatifs, utilisés pour planquer la psychiatrie des cas les plus difficiles, la psychiatrie refusée par les hopitaux, externalisée en IME ou bien délocalisée en Belgique (8000 français y sont "intégrés" actuellement...)
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Peut-être ne s'agira-t-il que de l'intégration d'adultes mal voyants dans des entreprises... Mais si l'Emission concerne aussi les enfants, alors, je crains qu'on ne nous montre des parents ravis par l'intégration scolaire de leur enfant affecté d' un handicap léger, et qu'on passe sous silence les autres, la grande majorité... Les parents coincés dans des situations éprouvantes ! Et pas du tout télégéniques ceux là ! En IME ou en Belgique ! Je crains qu'on ne pratique l'amalgame éternel entre le possible et l'impossible, entre handicap physique ou sensoriel (paraplégie, cécité, etc..) et des enfants autistes, ou présentant de gros troubles de la personnalité ... Et qu'un professeur de psychiatrie, tout sourire, ne viennent bénir toute cette confusion... Pour l'intégration scolaire on verra peut-être bien des enseignants, acquis à cette étrange cause qui veut qu'on masque les problèmes sous couvert d'égalité et de générosité... On ne verra pas ceux qui "craquent" et qui vont (nombreux) consulter les psys...
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Bref, je crains qu'on ne promène une fois de plus des idées simplettes pour résoudre des affaires compliquées.
Je ne sais pas si j'aurai le courage de voir ça... C'est toujours la même émission. On me racontera sûrement!
En tous cas j'aurai dit ce que je craignais... Je prends le risque ! Mais je crains d'avoir raison. Je crains surtout ( si l'émission concerne bien les enfants) d'assister à l'éloge de recettes oiseuses, entre médicaments et méthodes "nouvelles", et de voir ainsi se confirmer un peu plus la défaite de la pédopsy en France, dont l'oubli sera plus profond encore après fermeture de la télé, avant d'aller se coucher. A moins qu'on regarde le film...
J'espère (vraiment) être démenti par Envoyé Spécial ! Peut-être que ce sera une révélation...
Voici ce que j'ai trouvé sur le sitedeFrance 2 :
"jeudi 12 mars - A l’école de la différence
Un reportage de Jérôme Soulard, Guillaume Michel et Sylvain Dauba
Depuis février 2005, la scolarisation des enfants handicapés est devenue un droit. La loi a créé un immense espoir chez les familles de ces enfants. De la maternelle au lycée, officiellement cette année 172 000 inscriptions dans les écoles, plus de 85 % en 5 ans, c’est considérable. Mais accueillir des élèves à "particularités" n’est pas simple. Il y a encore beaucoup de peurs et de réticences dans les écoles particulièrement concernant les enfants autistes, dyspraxiques ou présentant d’autres troubles du comportement. Le handicap physique semble mieux accepté. L’autre problème pour l’Education Nationale, c’est le recrutement difficile des auxiliaires de vie ( AVS ) qui accompagnent les enfants en classe. Le gouvernement vient d’annoncer la création de 40 000 postes supplémentaires dans les mois qui viennent pour tenter de répondre aux besoins. Malgré les efforts de l’Etat et des écoles, cette année, une enquête de la Commission des droits de l’homme fait état de 15 à 25 000 élèves exclus de l’école. Des situations souvent dramatiques. Nous avons suivi quatre enfants, quatre familles dans leur quotidien au début de cette année scolaire. Le petit Luca déscolarisé depuis trois ans, atteint de troubles du comportement. Maxime, infirme Moteur Cérébral, brillant élève de 4e. Arthur qui passe son bac cette année, il est myopathe. Et le grand Lucas, dyspraxique privé de rentrée scolaire. Pour tous ces enfants, la scolarisation est pour eux l’espoir d’une vie sociale et le rêve d’un avenir professionnel."
Encore une fois, le sujet sera donc pris sous l'angle de la scolarisation, et non pas sur celui de la vie en IME.
Comme vous le dites, Alain Gillis, "les 70000 enfants que l'on dissimule dans les IME"vont encore rester dans l'ombre.
12/03/2009 10:01Par Fantie B.
Merci pour ces précisions Fantie... Rien de surprenant, le mélange et l'amalgame sont au menu !
12/03/2009 13:09Par Alain Gillis
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12/03/2009 13:17Par Alain Gillis
@ Art
Le piège est toujours le même. On réclame une considération particulière pour les enfants souffrant de troubles du comportement ou de la personnalité... Et tout de suite on est obligé de préciser, ainsi que vous le faites chère Art, que par ailleurs, on n'a rien, mais vraiment rien contre l'intégration et les dispositions à mettre en oeuvre pour les enfants présentant des handicaps sensoriels ou moteurs... Toute considération spécifique devient d'un seul coup une discrimination.
12/03/2009 13:16Par Alain Gillis
Cher Alain,
Les enfants qui sont dans les IME ou les HP ne seront certainement pas pris en compte, avec leurs troubles cognitifs et affectifs associés. Tellement associés qu'on les appelle des Troubles Complexes Multiples du Développement ! Et hop, ils sont mis dans une grand enveloppe fourre-tout et avec cela tu te débrouilles.
On ne parlera que des troubles dits spécifiques, tellement plus nobles. Les Dys (praxiques, orthographiques, lexiques). Attention, je ne dis pas évidemment qu'il ne faut pas parler des Dys!
Mais je déplore qu'on laisse les troubles plus sévères de côté.
12/03/2009 10:13Par Art Monika
Je pense comprendre le sens de votre cri, Alain Gillis, et j'aimerais que vous soyez plus explicite, mais c'est vrai que c'est un thème délicat, sensible, auquel la société n'est pas ou ne veut pas être préparée, et pourtant combien de familles autour de nous sont touchées de très près.
Que proposez-vous pour ces 70000 enfants en IME? Comment appréhender ces cas humains avec humanité? Personnellement, je ne connais rien mais votre billet m'interpelle et me laisse un peu mal à l'aise.
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Pour autant, ne connaissant rien sur ce thème, je ne veux que réagir à la phrase suivante et apporter une vision externe d'un vécu, elle vaut ce qu'elle vaut.
Vous dites, je vous cite:
"Pour l'intégration scolaire on verra peut-être bien des enseignants acquis à cette étrange cause qui veut qu'on masque les problèmes sous couvert d'égalité et de générosité. On ne verra pas ceux qui craquent et qui vont (nombreux) consulter les psys...."
L'un de mes fils, à la sortie de l'IUFM sans aucune expérience ni disposition volontaire de sa part, à été envoyé directement dans une "classe" en milieu hospitalier dédiée à enfants fortement atteints de troublés moteur dont l'un paralysé complètement, sauf les paupières.
L'année d'après, il a été envoyé sans que l'on lui pose la question, à une CLISS.
Il s'est trouvé entouré et au milieu d'une équipe de professeurs diverse mais très impliquée à la réussite de cette classe et avec une directrice qui l'a appuyé à fond. Il a eu jusqu'à 3 AVS avec lui.
Il a rempli à plusieurs reprises les formulaires et demandé à l'IA à suivre la formation qui existe, jusqu'ici il ne l'a jamais obtenue.
Je dois dire qu'après la première année de CLISS, ses choix ont toujours été (à ma grande stupéfaction - rien ne le destinait à ce métier spécifique) portés sur une CLISS et qu'il est titulaire, et épanoui, depuis l'année dernière.
Son regret est de ne pas pouvoir profiter de formations complémentaires à son expérience sur le terrain. Son plaisir, constater le travail accompli, l'intérêt qui portent les familles et les progrès lents mais sûrs et avérés des enfants.
Cette année il doit se débrouiller seul. Il a une AVS à mi-temps.
Je ne veux rien signaler d'autre que le dysfonctionnement au niveau de l'organisationnel donc du haut de la colonne. Si pour mon fils c'est une réussite due uniquement au hasard, je comprends qu'avec ce système d'envoyer au feu les plus jeunes sans aucune préparation ni formation spécifique, d'autres craquent.
Mais pour ma part, j'approuve cette ouverture qui est faite d'intégration à des enfants et à de parents déjà bien maltraités par le partage des inégalités de dame nature.
12/03/2009 11:28Par JNSPQD
@ JNSPQD
Pour les 70000 enfants des IMe, et pour répondre très précisément à votre question : je propose que le nombre de psychiatres en IME soit très sensiblement reconsidéré. Comme je l'ai écrit dans les autres billets, mais je veux bien le répéter, il y a un psychiatre pour 200 enfants en IME ! Dans ces conditions Il est évident que le souci thérapeutique au sens très large d'une prise en compte et en charge, compréhensive, au cas par cas, n'est guère pris au sérieux.
Pour ce qui concerne l'enthousiasme et les succès de votre fils dans le cadre d'une Cliss, non, celà n'a rien à voir avec le hasard :Votre fils fait de son mieux, il est jeune et généreux, il a à coeur d'apporter quelque chose à des enfants handicapés moteur et quelque chose fonctionne donc. Tant mieux. Moi je parle des enfants présentant des troubles psychologiques graves.
La formation des instituteurs n'est pas le coeur du problème, et ce mythe ne tient pas quand on connait la population d'enfants que nous accueillons dans les IME.
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Alors évidemment, on peut toujours nier tout ça et dire que c'est quand même "sympa" pour les parents déjà durement éprouvés, etc.. Les parents, ce qu'ils nous demandent, ce n'est pas tant l'intégration que la certitude de pouvoir confier leur enfant à une bonne structure, éventuellement à un internat quand la situation devient intenable.
Enfin, que ce soit clair : pour moi, il existe une différence fondamentale entre un enfant myopathe et un enfant psychotique !
Le temps passé à faire comme s'il s'agissait de variantes non essentielles, est du temps perdu,. Du temps perdu pour aller vers une réelle prise en compte des enfants présentant des troubles psychiques graves. Et donc, pour soulager réellement les parents !
Merci pour votre apport.
Cordialement
12/03/2009 13:03Par Alain Gillis
Je vous remercie de votre éclairage et encore plus d'avoir attiré notre attention sur la face cachée du dossier. J'ignorais ce que IME voulais réellement dire.
12/03/2009 16:25Par JNSPQD
On trouve peu de solution miracle dans les IME, seulement des questions et des sujets de réflexion en abondance.
Il est très probable que l’on n’y trouve pas, d’envoyé spécial non plus…. enfin on verra!
12/03/2009 21:36Par Eva.de
Bon, j'ai vu, et hélas, tout était conforme. La glissade habituelle qui permet d'entretenir la plus grande confusion entre les difficultés des uns et les impossibilités des autres...
Le plus épatant c'est le service de psy de Robert Debré, qui déclare, tranquillement, qu'il faut mettre l'enfant à l'école...
C'est l'avis des "experts de Paris". Après ça, faut faire avec la réalité. : il sera scolarisé une heure par jour l'enfant !
L'essentiel étant d'éviter les institutions spécialisées n'est-ce pas !
Lamentable !
12/03/2009 22:30Par Alain Gillis
Je n'ai rien vu mais je me doutais un peu qu'on allait nous envoyer des "spéciales performances" qui n'ont rien à voir avec une recherche quotidienne et laborieuse permettant à des enfants présentant des troubles graves de la personnalité' d'acceder au SENS.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : donner du sens avant de donner de la scolarisation à tout prix!
12/03/2009 22:57Par Lisa R.
Comme vous, Lisa R, je n'ai rien vu ce soir, mais je partage votre avis .
Lorsque l'on entend ces discours sur la scolarisation (le même mot désigne des prises en charges allant d'1h par jour à une journée entière !), je me demande : pourquoi s'obstine-t-on à penser de la même façon les enfants atteints de handicaps sensoriels et ceux atteints de troubles psychiques ??
12/03/2009 23:44Par Lisbeth Aka
Et les enseignants, les méchants, qui ne sont pas toujours follement enthousiastes pour intégrer; étonnant, non?
13/03/2009 06:51Par F Denizot