Antonella Santacroce (avatar)

Antonella Santacroce

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

                                                Ô ! Firenze….

C’était un Crétois de Cnossos qui changea de visage et de cheveux comme on va voir. Son père l’envoya un jour chercher une brebis dans son champ : il s’égara vers le milieu du jour, se coucha dans une caverne et s’y endormit pendant cinquante-sept ans. Réveillé, il continuait à chercher sa brebis, s’imaginant n’avoir dormi que peu de temps. Ne l’ayant pas trouvée, il s’en revint vers le champ et, trouvant tout transformé, et la terre achetée par un autre, il retourna à la ville, plein d’embarras. Il vint chez lui et il rencontra des gens qui lui demandèrent qui il était ; il vit enfin son frère cadet qui était devenu déjà un vieillard, et il apprit de lui toute la vérité.

( Laërce Diogène)

Ô ! Firenze… A lungo sognai di te… Sì… A lungo… E poi venni, mi recai nelle tue strade e piazze… E abitai quelche mese in quella stanza di una delle tue pensioni, che mi scombussolò tanto… Dallo stupore : alla vista di tanta bellezza !...

C’erano 2 letti (ricordo) : bianco–e–ori… E quella piccola finestra dai vetri smerigliati e colorati che – aperta – dava su un giardino chiuso…

E poi… quelle altre 2 case, ricordo… Due altre pensioni… E quella vecchietta (la proprietraria) che ebbe paura di me, quando scoprì che compravo l’Unità… perché (l’avevo sentita dire alla cameriera, mentre scendevo la scalinata) : «  I comunisti mangiano i bambini ! »

Et, toujours chez elle, cet autre escalier que je crus découvrir, et que je me mis à monter… la nuit… après l’avoir contemplé, étonnée… Et, en haut : dans le noir : une chambre… que je crus – au tout début – qu‘elle m’était également attribuée… Et cet homme, inconnu, qui m’offrit une pomme…

Tout cela… aussi étrange ! Florence… en plein cœur de tes rues…

Et puis la Faculté… Il me paraît me souvenir que le Couvent San Marco (à l’époque, tout au moins) était proche de la Faculté de Lettres. Et je le préférais à elle, à cette Faculté que pourtant j’avais recherchée, et je m’y engouffrais, dans le couvent, presque tous les jours… Il y avait il Beato Angelico… Oui… C’est ça… Mais il y avait aussi… Fra’ Girolamo ?

J’ai lu dernièrement, ici, en France, de la lumière du Beato Angelico… Je ne sais pas si je le saisis alors… Je n’avais cure de comprendre… Je savais tout simplement, que je restais en contemplation… devant ses fresques… les fresques du Beato Angelico… Il n’y avait presque personne, alors… le long des couloirs… Mais, je ne sais pas pourquoi, je me souviens surtout du rez–de–chaussée…

Et puis – et surtout ! – ce jour (je ne saurais même pas dire si c’était le matin, ou l’après–midi) lorsque, esseulée, je parcourais l’un des couloirs de la Faculté, j’entendis cette voix, cette si belle voix, qui disait de si belles choses. Elle provenait d’au–delà une porte, que, éprise, je poussai doucement. Et j’entrai… Et c’était un’aula… Et il y avait des étudiants, courbés sur leurs livres et cahiers… et le professeur, qui lisait à haute voix… la page d’un livre… Un livre que je ne connaissais pas et qui disait des choses tellement extraordinaires…

Je m’assis, et me mis à l’écoute… trasportata

Le professeur (je le sus après) s’appelait Adriani… Et le livre qu’il lisait Le Meilleur des Monde… Huxley… que je ne connaissais pas… que je n’avais jamais lu… mais que Adriani, par sa libre lecture, me dévoila… et que  je m’empressai de lire… Bien  qu’il me sembla de l’avoir depuis toujours connu…

Et puis, Florence, mes promenades, tout au long de tes espaces et lieux… Et ce parler à moi… À ces moments–là… On aurait pu penser que je délirais… Déjà !.... Je parlais l’italien, en essayant à tout prix, d’en prononcer phrases et paroles, en les marquant d’un accent étranger… Car, à l’époque, en Italie (aussi chez toi, Firenze ?) les jeunes filles étrangères, étaient beaucoup plus appréciées, que les jeunes filles italiennes… Et je voulais à tout prix : être aimée et appréciée… Peut–être, que l’on me prit ( : déjà !) pour une folle…

Et puis… cette immense solitude… Et les repas au restaurant universitaire, où je me liai d’une sorte de camaraderie, avec une jeune fille qui n ‘était pas une étudiante, qui n’avait rien à voir avec l’université. Une jeune fille qui travaillait du matin au soir – chez elle – à peindre les yeux et les bouches de têtes de poupon, en celluloïd… C’était bien son travail...  Et, une fois, elle me conduisit chez elle, et me les  montra… Toutes ces petites têtes… Aveugles et muettes…

Et je me liai d’une amitié passagère également avec 2 jeunes hommes  d’origine orientale, que l’on rencontrait au Resto U…… Je ne me souviens pas exactement, d’où venaient–ils… Ni qu’est–ce qu’ils étudiaient… Venaient–ils d’Iran, peu–être ?... De l’Ancienne Perse ?

Je me souviens surtout de l’un des deux. Un jeune noble… avec un très beau visage… et une barbe, si je ne me trompe pas… Il me demanda pourquoi je m’étais liée d’amitié avec cette jeune fille… Je ne sais plus si je lui répondis, ou pas… Ni quoi…

J’habitai et vécus, dans ton giron, Florence, aux moments de l’année les plus durs… Pour moi, tout au moins : en automne, et en hiver… Moi, qui aime tant le printemps…

Je ne connus pas tes dintorni… ta campagne… La campagne autour de toi… Une campagne que pourtant je vis, que je pus voir, des vitres du Palatino, qui la traversait, lorsque je me rendais à Rome, ou dans les Abruzzes, depuis Paris... Et (je t’avoue) ta campagne, à l’époque tout au moins,  je la trouvais trop, trop belle !
À l’époque, je lui préférais la campagne plus simple, plus humble, de l’Ombrie. Ma région amie…Oui… L’Ombrie… L’Umbria…La douce Ombrie… Ombrie… ce mot qui fait penser à « ombra »…

L’Ombrie… La patrie de Burri ( si je ne me trompe pas.)

J’aimais tout en elle…

Et je me souviens qu’une fois, durant mes longues études devant les fresques de Giotto, ou vis–à–vis des peintures des sièges du chœur de la Basilique, j’ouïs, une voix de femme… une aussi belle voix de femme, qui venait de loin… et qui chantait… Alors, sans plus rien comprendre, sans plus rien saisir,  je la suivis. Et elle me conduisit jusqu’à un banc, où l’on vendait – exposés – les souvenirs et les « produits », de l’église. Alors je voulus m’enquérir, auprès du prêtre ou du frate, je ne sais plus, et lui demandai qui c’était que cette femme.

Je ne sais pas ce qu’il me répondit, mais il ne me dit pas le nom de la chanteuse. Bref. Il y avait un disque de cette voix, et, moi, alors, je me précipitai à l’acheter. Et seulement plus tard, je découvrirai que cette voix, cette magnifique voix, ce n’était pas celle d’une femme, comme je l’avais cru, mais celle de l’un des moines de la Basilique… Oui… Cette voix… Une voix qui avait réellement les senteurs d’un aussi troublant Paradis…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.