Ô ! CES CLEFS RESONNANTES...
« L’exil n’est pas une chose matérielle, c’est
une chose morale. »
(VICTOR HUGO)
Clefs
résonnantes
Lourds trousseaux
de clefs
enserrant puissamment
portes et grilles pour qu’on ne
puisse pas
s’enfuir !
Et
têtes de lampadaires
placées trop
haut pour
qu’on puisse
s’y
pendre
(Cela par bienséance vers
soi-même
ou
mieux encore
pour
mettre à taire
le cri trop
perçant trop
désespérant
de sa
propre
dignité
matée
et par trop
bafouée )
Les yeux bien
secs
(dans le secret
de ces NUITS sans
sommeil )
je les ai bien
regardées bien
étudiées bien
observées
(là-bas)
ces têtes de
lampadaires
– pendues si
haut à leurs
plafonds –
Je les
ai contemplées
amèrement ...
et d’un regard
traître. et envieux...
la NUIT...
Lorsque
d’un pas trébuchant
– car assommée
par ces bienheureuses
drogues–médicamenteuses
qu’on nous faisait
avaler –
je me traînais
rêvant de
Paris
et de ses
LIBRES ESPACES
et de
ses places
si VASTES
à mon à jamais
fuyant et
écartelé
souvenir !
Et c’est de vous
que je rêvais
là-bas
Nerval !
Gérard de Nerval !
Tout comme
de votre
réverbère ami...
Vous jalousant....
(Pardonnez-moi !)
Ruelles humides
suintant les eaux
dans le Noir
glacial et sale
d’un Paris
qu’on crut
à jamais
disparu !
Et traînant derrière
soi ces idées si
obsédantes et qui
ne feront que
GRANDIR et GRANDIR
S’AMPLIFIANT
de par cette même
soi-disant parole
que nous n’avions
(en notre for intérieur)
aucune envie ni
désir aucun
d’échanger avec
Autrui
Car
– pour qu’il y ait
ECHANGE –
il aurait fallu
la changer
de SENS et
d’ALLURE
cette même
parole...
Notre parole
(Et à cette seule idée
nous
– entre nous –
nous rïons JAUNE ! )
Phase per-sé-cu-tri-ce
alors ?
Et qu’est-ce
qui n’est pas
qu’est-ce
qui ne devient pas
hautement Persécuteur/
hautement Persécutrice
lorsque vous
êtes sous Observation et sous
Surveillance et
qu’on vous
oblige
à vivre
(à survivre plutôt)
pliés sous ce manque
le plus absolu de
tout Secret de
tout Intime
Réel ?
Réduits à des
couloirs de mots
qui ne sont même pas
(/même plus ?)
de véritables mots de
vie et/ou de mort
et qui ne `
rejoignent
même pas
le seuil d’une
soi disant
parole...
– Sous la pluie drue et
fine
qui
faisait frémir
les feuilles des
arbres du
jardin fermé –
nous échangions des
paroles
Entre nous En
notre quête
douloureusement
harassante et
alarmée de
cigarettes dont
nous risquions
– à tout moment –
de manquer...
Nous
– les ACTEURS
AGISSANTS
(comme j’aimais
nous prénommer) –
en ces lieux
si sourdement
sauvages !
Nous !
Les Prisonniers
abrutis de
ces Enclaves
où
il est si sage
(non ! où il paraît
si sage !)
de nous traîner
de nous cloîtrer
de nous enfouir !
En cette époque
(en notre époque ?)
où
ce mirobolant et si
récent passé
d’un
TOUT–PROGRES
scientifique
semble devoir
se replier
sur lui-même
hanté
par la
poussée
aveuglante de
Puissances
financières
– avides
de grimper l’ultime
marche et devenir les
Décideurs Suprêmes
de notre vie à
nous ! de
notre
mort !
Du DROIT de
vie et de
mort
de nous
TOUS !
Et cela
sur la
planète
entière !