Tout d'abord, des nouvelles de notre appel "La nuit sécuritaire", vous avez pu lire sur Médiapart le succès du meeting du 7 février 2009, en particulier sous la plume de Sophie Dufau, depuis nous avons décidé de maintenir ce niveau de mobilisation en proposant que chacun écrive au président de la République, avec ses mots, son sentiment sur la grave dérive sécuritaire proposée depuis le 2 décembre 2008. Vous pourrez lire plusieurs lettres sur le site, à cette adresse : http://www.collectifpsychiatrie.fr/
Voici un extrait de deux des dernières lettres qui viennent d'être mise en ligne:
Monsieur le Président,
Je vous écris en tant que citoyen. Cette lettre se termine avec une question, pourrez vous y répondre ?
Je le souhaite.
Il m'a été offert la possibilité de rencontrer des existences remettant en cause radicalement ce que l'on est, ce que je suis, ce que l'on pense vivre, ce sur quoi il semble commun de s'entendre et que l'on dénomme réalité.
Dans ce monde de la normalité supposée, alors même que celui qui tenterait d'être le plus normal serait soit mort soit le dernier des fous, que faîtes vous de cette part de folie présente dans chaque homme, celle qui leur fait accomplir les horreurs tant décriées mais aussi les créations les plus incroyables, les plus sublimes dont notre culture regorge ?
Que vous a fait la folie pour la mettre uniquement sur le dos des fous ?
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M. B
Monsieur le Président,
Nous avons la tristesse et l’obligation de vous dire que sur cette question qui nous préoccupe – celle de la folie et de ses expressions –, les conseillers que vous avez choisis vous ont trompé; ils se sont aventurés sur un terrain dont ils ne connaissaient que les ‘rumeurs’, fondées sur des peurs remontant aux origines de toute civilisation.
Ils ne savent pas que si la folie fait peur, c’est parce qu’elle rassemble sur elle toutes nos énigmes et nos craintes. Ils ne vous ont pas dit, et pour cause car ils ne nous ont pas interrogés, que les personnes dites folles un moment ne le sont pas en permanence et ont encore plus peur d’une société qui ne les comprend pas.
De là commence une rumeur qui dans toute civilisation encore primitive fait croire que la folie annonce les catastrophes, et qu’il suffirait de se séparer des fous. Autrefois, il y a peu, on les brûlait. Vos conseillers vous ont raconté que votre peuple vous saurait gré de les enfermer à partir du moment où vous confirmiez l’équation au plus bas de nos sentiments les plus bas, désignant le fou comme futur criminel. Ainsi vous sauveriez la Patrie de tout danger !
Vos conseillers ont fait pire, ils vous ont fait croire que si pouviez habiller cette mise à l’écart de mots savants, ainsi vous auriez la science comme soutien, et ils vous ont glissé dans leurs feuillets le mot de schizophrène. Seulement étant ignares en ce domaine de la folie, ils ne vous ont pas dit que la psychiatrie, celle de la France, a fait en cinquante ans des progrès considérables, où s’associent les apports de la psychologie, de la psychanalyse, de la génétique, des neurosciences, de l’anthropologie, entre autres, car nous sommes là à un carrefour des savoirs. La psychiatrie n’est encore qu’au début de sa longue marche.
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G. B, D. K, Y. G
Merci à vous d'aller voir sur le site.