Billet de blog 23 février 2012

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L’« INGENIERIE SOCIALE » au beau milieu de la «SOCIETE DE CONTRÔLE »

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L’« INGENIERIE SOCIALE » au beau milieu de la «SOCIETE DE CONTRÔLE »

  La loi du 5 juillet 2011 est porteuse de significations lourdes. Le fond de ce texte ne procède pas essentiellement du fait divers de Grenoble dont le président de la République s’était emparé pour soutenir la nécessité d’une réforme de la  psychiatrie sous contrainte. Il constitue, en réalité, l’aboutissement de réflexions élaborées, depuis le début des années 2000, par les divers travaux d’évaluation de la loi de       1990.

[...] l’expression "accès aux soins' revient à reconnaître un droit  d’accéder aux soins qui, en lui-même, ne peut justifier                     techniquement ou axiologiquement une telle extension des cas de soins imposés. Il ne s’agit pas ici de plaider la                                   passivité face à la maladie mentale mais de souligner l’incohérence apparente d’un discours. L’intérêt de ce                                     paradoxe est néanmoins que sa réduction permet de révélersa logique sous-jacente : il faut, selon nous, y voir                                     l’émergence d’une injonction de prendre soin de sa santé aboutissant à ce que, si l’individu a certes un droit d’être                            soigné, l’outillage juridique tend à développer les cas dans lesquels il a pour devoir de se soigner.

                                             (Mathias COUTURIER)(*)

  ***

SOUPIR NOCTURNE

Combien c’était plus vrai le monde de mes voix, lorsque je les entendais, et que je consultais auprès d’elles ! Elles paraissaient – bien sûr à mes seuls yeux – m’indiquer le chemin de la vie ! Comme c’était plus juste, plus droit, et riche, ce monde, même lorsqu’il se posait sous mes pupilles effrayées, me se montrant, sous l’apparence d’une hydre téméraire ! Plus droit, ce monde, vis-à-vis de celui si glacial, si miséreux, que je perçois à présent, et que tente, m’efforce de parcourir des yeux... 

À présent... lorsque, de mes seules forces, assurément amoindries, bien que nourries  par la tendresse de quelques rares amis, je... À présent... lorsque, dans  cette immense solitude existentielle dans laquelle on me plongea (dans laquelle je plongeai ?), ayant  trop excessivement divergé des parcours d ‘Autrui, je... À présent, lorsque je tente d’observer (hélas, non plus de contempler !) la vie : en moi, et autour de moi... La vie : si étroitement reliée, si accordée (en sa sourde musique) à sa jeune sœur : la Mort. Ô ! toi, la belle enfant ! Ô toi, la Mort ! Telle que te saisit le regard  mélancolique de cet ardu Poëte de ma jeunesse...

Et voilà que ce monde, notre monde actuel tel qu’il nous est conté, se pose face à moi, sous mes yeux étonnés, comme plus lourd de chairs... partout... tout ce qui m’entoure, et jusqu’à ce que je vois : en esprit ! (Ne tremble pas, lecteur... j’ai retrouvé mes sens !) Pensées lourdes et pesantes  traversant ces espaces de l’âme... Souffle entêté d’existentielle vie ! Certes...

Et il faut y  faire face, si l’on veut cheminer à l’encontre de sa réelle, véritable, destinée. Et pour pouvoir y vivre,  l’accomplissant ! Car, il y a – enracinées dans l’humus de cette planète Terre – des destinées tellement ardentes, qu’elles – depuis l’âge tendre – désirent aborder des nouvelles plages. Or, je voulus les parcourir de mon pas consterné, ces plages. Et je les parcourus. Seule. Selon mon désir propre. Et je voulus m’en sortir. Egalement seule ! Bien qu’à mes yeux, coupable de m’éloigner de leurs airs sombres. De les déserter, ces tourmentes de râles. Moi, qui me signai alors : la visiteuse de la nuit.

Ce fut ainsi que, dénudée d’espoirs, il me fallut (et il me faut) penser, et réfléchir. Car, pour pouvoir traverser ces déserts inouïs, il faut bien qu’on les fasse, des pauses,  aux joyeuses oasis, pour se débarrasser du sable, et ne pas se laisser terrasser.  Tenter, vouloir, et vouloir essayer... à tout prix interroger : soi-même et autrui. Sans jamais se lasser. Afin d’acquérir une vue nouvelle, et un nouveau regard : perçants ! Bien que cette vue, que ce regard, perçants, périssent, parfois, tout au long de ces routes, poussiéreuses et imbriquées, parmi ces marécages honnis.

Mais une fois déposée leur lorgnette, tout à fait médusés, mes yeux s’empressent de happer la magie du caléidoscope, pour pouvoir en jouer. Et en jouer d’une façon telle, que jamais l’on ne puisse en prévoir enlacements, et couleurs saisissantes. À la sempiternelle quête d’aussi beaux jeux du Hasard. Mais puis... voir... comprendre... où ?... quand ?...  comment ?... Car (mon petit), ce strict Verdict, cette Sentence boueuse, mais si fortement ancrée dans les drapeaux si sombres et sales (peut-être, sans doute, sans aucun doute) de malséantes aventures, frottées du Souffle amer, qui les anima, et qu’ils/qu’elles (bruyamment ? tacitement ?) rayèrent loin de leur présence – toute mémoire alors se métamorphosant (comme l’on aime bien dire) en Verdict amnésique.

Or, il paraîtrait que, lorsque l’on ne possède plus mémoire aucune de son passé, emprisonné qu’il fut, ce passé, en de froides cellules (cages se raidissant d’elles-mêmes), il paraîtrait donc qu’on ne pourrait plus vivre – qu’on ne vit plus, sa vie ! Puisque, comment pouvoir se laisser exister, sans recéler au corps, mémoire aucune?... Sans passé... Entendu, ce passé, soit en son sens sociopolitique, historique, et même, religieux, philosophique, en un mot : culturel (au sens large du terme) ; soit au sens d’un passé, d’une mémoire, qui voudrait enlacer un unique individu, en lui dévoilant (oh que oui !) sa Solitude première.

Solitaire, l’individu ? Oh que non ! Seul ! Seul, dans l’Infini des mondes ! Seul, dans l’Univers Astral. Mais fort, et non pas faible, et à jamais ! l’individu, en son for intérieur ! Ne fût-ce que pour toutes ses pensées sur la vie, sur la mort, et même sur la folie ! vers lesquelles il avance, cul-de-jatte... Mais oui ! Il avance vers cette âpre, risquée «  mixtÎon » des trois, pour tenter (réellement ?) de les rétablir en leur ORDRE ! YA !Ordre... Ordre fragile, sans doute... Fragile plus que cristal. Un cristal qui pourtant se révèle si puissant, en ses rayons fougueux... En toute son excellente,  incandescente beauté...

* * *

VOICI. Cristaux tombés à terre : leurrés. Fatigués. (Ecroulés pour un trop d’ennuie profonde ? Pour un trop de spleen ?) Les calices en  cristal atterrissent au sol, en s’y émiettant. Loin ! loin ! de la paisible table en bois : dressée sur ses quatre pattes. Et puis... voici que la petite table, (nue – violemment dénudée – de tous ses apparats, de ses petits objets, chéris, de ses flûtes cristallines), voici qu’elle se met à avancer... vers moi... vers nous... Elle avance avance, la petite table... elle avance... Ô, douces métamorphoses !... Et, en cette nuit si belle, où on aperçoit la lune... quasi pleine... les choses que voici, toutes, apprennent à vivre. À respirer... Toutes les choses, autour de moi ! Pour moi ? (N’osant pas l’espérer.) Choses... objets animés... choses et objets, se mouvant dans la nuit épaisse et dure. Ils l’appelèrent (leur mouvement) : « la nuit sécuritaire »... Mieux. Ils l’appelèrent (à jamais ce mouvement) :« Contre la Nuit sécuritaire ». Je ne sais pas d’où ils ont extrait cela. Jamais je ne le sus, ni ne le compris. Car j’aime et j’ai toujours aimé, la Nuit. Justement, parce que la nuit, je me sens protégée... Allez saisir... Allez comprendre... Pourquoi ? Dites. Pourquoi ?

(*) Première réponse au texte de Mathias Couturier, Maître de Conférences en droit privé et sciences criminelles, intitulé :«  La loi du 5 juillet 2011 : vers un contrôle social psychiatrique ? », sorti sur le site :  http.www.collectifpsychiatrie.fr.

Cette "première réponse" je l’ai également extraite de mon manuscrit « Mais de quel droit ? », qui a été réfusé par l'unique éditeur que j'avais contacté – lui étant destiné. Car j'avais cru saisir (mais, si cela vous fait davantage plaisir, je dirai que j'avais " imaginé ") que cet écrit correspondait parfaitement à l'intitulé de sa collection "Ceux qui marchent contre le vent." Ce "fragment"fait partie de sa seconde partie.Ajoutée après coup, mais réalisée précédemment.

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