Billet de blog 24 novembre 2015

guy Baillon

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toute expression de violence en psychiatrie a un sens

toute expression de violence, voire de haine, même dans ces colonnes de Mediapart a un sens, il est possible de nous exprimer aussi

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Guy Baillon                                                                          Paris ce 24 novembre 2015                                                                                                                        

            « frères humains qui après nous vivez », …

qui envahis par la violence ne savez plus que penser

qui assimilez violence et folie comme meurtres de l’homme

sachez qu’il est possible de retrouver l’espoir

que la violence existe certes, mais qu’il est possible de la dissoudre comme un lourd brouillard le matin

que la folie existe mais qu’elle est une expression momentanée de l’homme et non dénuée de sens

que la psychiatrie proposée pour l’apaiser n’est pas à son tour que violence

que psychiatres et fous sont à même de vivre ensemble et de nous aider à faire connaissance et à revivre avec eux

que toutes ces violences il est possible de les comprendre les unes après les autres

qu’il est possible, utile, de commencer par nous apaiser, donc de comprendre que cet apaisement et le leur sont à portée de nous

C’est ce que j’ai vécu ce matin encore en lisant les pages que Jacques Hochman, après bien d’autres chapitres de son livre « Les antipsychiatries », (Odile Jacob 2015) consacre à l’histoire des folies, et ici (pages 112 à 128) au lendemain de la grande guerre, à l’épopée si douloureuse, mouvementée d’Antonin Artaud poète fulgurant au travers de la folie et de la raison, de l’un de ses psychiatres Gaston Ferdière qui en pleine guerre et de famine l’a compris et l’a sauvé, et qui tous deux ont été renvoyés aux enfers par la société dite ‘raisonnable’ ! Comme par certains malades fous de haine encore aujourd’hui.

Et pourtant ces histoires de Ferdière et d’Artaud nous les avions déjà rencontrées ! Comme celle du surréalisme de cette époque, de nombreuses fois dans de nombreux livres ! Mais c’était en morceaux, épars, violents, opposés entre eux, toujours sans liens et incompréhensibles, d’où nous sortions toujours blessés à l’âme, percevant des contradictions sourdes, dures, ne leur trouvant pas de solution, nous les avions alors vouées à l’absurde.

Qu’a fait Jacques Hochmann ici une fois encore ? Rien que de très simple, dans le silence et la modestie. Il a fait l’effort de chercher, de tout lire, de tout mettre bout à bout, de tout mettre en continuité. Sans opposer, ni démontrer, juste nous présenter la succession des faits, des rencontres, des réponses, des réactions, la simple présentation des faits humains tels qu’ils se sont passés. … il énonce pour nous avec preuves à l’appui la succession des faits, des paroles, des rencontres, des écrits, et ceux ci revivent … autrement, éclairent la beauté qui toujours survit.

Et nous ressortons de cette « histoire » retracée devant nous sans emphase, ni démonstration, en vivant dans un apaisement, un espoir, une certitude, celle que les hommes souffrent certes, toujours, les uns plus que les autres, à divers moments, mais que tout ce que chacun vit peut se comprendre, que tout homme laisse des marques de lui qui en font un chainon de toute une longue chaine, dont personne ne peut être oublié, écarté, tout prend sens grâce à ces efforts renouvelés de liens …

Un simple poème en prose racontant ce qui se passe au cœur de toute violence si nous prenons la peine de lire, d’écouter, de prendre patience et de rester « éveillé » dans cette attente.

Et si toute cette réalité qui nous entoure aujourd’hui si violente, si nous pouvions la lire ainsi ?

En réalité tout le livre de Jacques Hochmann est fait de cette même pâte. Il éclaire la folie ; montre qu’elle est bien partagée, qu’elle habite l’homme dit sain comme l’homme dit en déraison, qu’elle est une part de la réalité, et que c’est bien l’ensemble raison et déraison qui construisent l’homme et la beauté de tout être. La violence n’est qu’un aspect …

Ici nous avons un moment d’un très beau poème. Je vous le souhaite à lire.

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