Bonjour! L'autre titre de ce billet eût été «à qui la faute». Ce ne fut. Car il eût été tentant de demander, dans ce temps où l'on prétend réformer le fonctionnement des soins en psy, en parodiant Graeme Allwright, «qui a tué le secteur, qui est responsable et pourquoi est-il mort?» Ou encore: «tout va très bien, madame la ministre...(bis) pourtant pourtant, il faut que l'on vous dise; on déplore un tout petit rien; un incident, une bêtise... La mort de votre psychiatrie...» Ou encore "dEviser pour mieux régner", tant la force contondante du verbe est utilisée en ce monde pour dominer, maîtriser, jouir... Je délire? regardez les termes les plus usuels des commentateurs glosant sur les discours: "il a asséné, il a martelé, il a enfoncé le clou"... "Tout le monde veut être libre", mais tout le monde est aliéné... Les aliénations internes ne sont pas l'apanage des "fous", chacun le sait ici. Chaque existence intime recèle son quota d'affects, de pulsions, de désir, d'éducation, d'idées reçues plus ou moins fixes, d'adhésion à des points de vue, à des images... dont les ressorts inconscients nous laissent benoîtement croire qu'ils et elles sont notre libre arbitre. Les aliénations externes, souvent dites sociales, sont légions; soit repérables comme rapport dominant-dominé dans tous les domaines où s'exerce un pouvoir, soit dans la dyade appartenance/exclusion, soit dans les rapports suspects entre mensonge et vérité, chacun étant peu ou prou l'antonyme illusoire de l'autre. J'en passe. Il semble que certaines aliénations, joliment chantées ("En groupe, en ligue, en procession -Aragon/Ferrat" ou "quand on est plus de quatre on est une bande de cons -Brassens") sont inhérentes à la nature humaine, individuellement ou collectivement; d'autres sont voulues et délibérées, induisant soumission et/ou souffrance, (Cf. dictatures, mais aussi flot incontrôlable de lois ingérables, édiction de concepts comme le risque zéro; imposition de soins sans consentement hors du champ cadré de nécessités médicalement avérées...) ou alors réactions de libération comme dans des pays comme la Tunisie et d'autres, comme dans le mouvement espagnol de la Place du Soleil. Si l'on postule que la liberté est l'horizon, considérons que la libération est le chemin. Un chemin, c'est inégal, imprévisible, parfois illusoire (Cf. "le sens interdit", de Raymond Devos), et toujours pavé d'intranquillité. Au point que vouloir être libre en étant pénard, c'est de pur imaginaire, c'est une aliénation du refus. Si je me permets cette légère gamberge, c'est pour avoir lu, dans cette édition, plein de mots et de textes échangés, qui en appellent, à mon sens, de l'aliénation au langage. Ce langage dont les distorsions, évoquant l'activité tellurique (Glissements ou séismes), provoquent frictions, malentendus, conflits, rivalités, blessures et parfois réductions au silence. Le processus de libération, pas simple à exercer sur un support virtuel, n'en serait-il pas alors le dialogue. Comment faire? Quels décodages? Quelle résistance souple et efficace instaurer contre les "faux mots" des discours tissés par le concept exploiteur de la "communication"? Dernière question pour la route (ne tirez pas tout de suite sur le pianiste!): existe t-il une "aliénation thérapeutiquement utile"? Jean Claude Duchêne, apprenti pianiste des mots.
Billet de blog 27 mai 2011
Tout le monde veut être libre...
Bonjour! L'autre titre de ce billet eût été «à qui la faute». Ce ne fut. Car il eût été tentant de demander, dans ce temps où l'on prétend réformer le fonctionnement des soins en psy, en parodiant Graeme Allwright, «qui a tué le secteur, qui est responsable et pourquoi est-il mort?»
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