Billet de blog 30 juin 2011

guy Baillon

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Merci Pierre Delion, pour cette bouffée d’oxygène dans ce douloureux été psychiatrique.

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Docteur Guy Baillon Paris le 28 juin 2011

Psychiatre des Hôpitaux

Merci Pierre Delion, pour cette bouffée d’oxygène dans ce douloureux été psychiatrique.

Voilà le livre dont nous avions besoin pour survivre lors de cet été infernal. Alors que l’absurdité et la haine vont s’abattre sur la psychiatrie en France avec cette loi inutile et dégradante, Pierre Delion nous apporte l’apaisement et l’espoir. Pierre Delion en effet a récemment écrit un texte qui, sans qu’il l’ait voulu, se révèle être un excellent « polar » face à l’hostilité de l’Etat, et ceci à un double titre (il ne savait pas l’imminence de la loi).[1]

D’abord ce dynamique professeur de pédopsychiatrie à Lille, plein d’humour et d’expérience, nous donne en pâture un texte que nous n’avons pas envie de quitter avant de l’avoir terminé, car il explore toutes les facettes de cette terre inconnue et si mal traitée qu’est la souffrance de l’enfant en proie à diverses difficultés psychiques. Peu à peu nous découvrons les « coupables » de ces drames, nous apprenons comment les débusquer, les rendre inoffensifs, et retrouver de nouvelles façons de vivre après.

Ensuite ce livre détaille pour nous, page après page, comment nous pouvons expliquer à ces « barbares » que sont les promoteurs de la loi sur l’obligation de soins (nous préparerons ainsi l’élection de nouveaux élus en 2012) d’où viennent leurs erreurs : nous faisons déjà une hypothèse : serait-ce après avoir visionné les films d’horreur montés par leur ministre de l’intérieur, comme les enfants devant la TV et ses films cauchemardesques décrit par Pierre Delion, que les élus sont devenus « addicts » de la violence, volontiers sadiques ? Nous comprenons vite qu’il y a urgence à les désintoxiquer de ces horreurs. Véritable tâche de salut public qui nous est imposée pour les mois à venir, car ils ne vont pas s’arrêter là, c’est évident, ils sont devenus addicts de leur violence et de la peur, elles les fascinent !

Ce polar « psy » se lit avec un vrai plaisir, alors qu’il aborde des questions si souvent évoquées comme très complexes ; ce n’est ni une vulgarisation de la psychiatrie, ni l’érection d’un piédestal pour des psychiatres intouchables. Sa lecture n’oblige pas les « non-psys » à faire le détour par une formation spéciale. Non. Ce livre, pédagogique par excellence, se lit comme une histoire à épisodes, où, peu à peu tous les personnages qui interviennent dans le drame et sa solution sont présentés, trouvent leur place, jouent leur rôle, observent, dépistent, à ceci près qu’au lieu de passer notre temps à rechercher des coupables, nous rencontrons en fait tous ceux qui par leur richesse, leur astuce, vont résoudre les drames, transformer les habituelles fins dramatiques en aventures humaines dans un monde accueillant. Certes ce livre s’offre à deux types de lecteurs, d’une part les professionnels pour lesquels il constitue une « somme » précieuse, d’autre part les non-psys qui peuvent observer ainsi comment se transmet le savoir entre soignants, ce qui devrait mieux encore installer leur confiance envers eux. Mon commentaire sera celui d’un professionnel s’adressant à la fois aux deux lecteurs.

Les consultants, le psychiatre, le psychologue, se voient, au fil des pages, chargés de responsabilités croissantes au fur et à mesure que leur connaissance finement décrite ici, s’accroit. Est convoquée aussi toute l’équipe de secteur, en fait dans chaque situation étudiée seuls les membres concernés.

La spontanéité du consultant est requise, sa liberté d’être humain, avant même son savoir scientifique, lequel sera finement ciselé pour chaque situation.

En évoquant pour nous tous les troubles possibles, une fois affirmée clairement la complexité de la vie psychique, au lieu de nous soumettre une énumération scolaire où l’élève se sent vite persécuté par sa hantise de ne rien oublier, Pierre Delion nous dresse le cadre général de l’évolution de l’enfant et décrit chaque trouble aux époques différentes avec simplicité ; et là il nous apprend à nous laisser guider par notre intuition, par notre réactivité propre « avec » cet enfant-là, à ce moment-là de sa vie, avec les moyens qui sont les nôtres, pour choisir dans notre savoir ce qui sera pertinent pour y répondre et comment le partager avec l’enfant, ses parents, son entourage.

Grâce à ce polar, guidés par Pierre Delion, nous sommes loin de la froideur classique dans laquelle tout psychiatre, surtout s’il est psychanalyste (ce qui est le cas de Pierre Delion), croit devoir se draper. Pierre Delion nous montre comment l’amour travaille la compréhension de l’autre, le laisse libre, sans jamais le manipuler, mais en s’efforce de partager la même démarche.

Après avoir finement brossé les conditions dans lesquelles doit s’organiser cette belle rencontre qu’est la consultation il aborde les questions qui d’habitude divisent : ainsi les classifications des troubles et des maladies psychiques. Pierre Delion le fait sans émettre la moindre critique qui pourrait déclencher une polémique : cette lecture est ouverte à tous les regards, tient compte de toutes les positions, ce qui a l’avantage remarquable pour les professionnels de voir les correspondances possibles entre les diverses classifications. Cette absence de polémique (une constante de ce livre) sera un incontestable réconfort pour les familles qui ressentent avec une extrême douleur ces disputes entre soignants, elles leur sont intolérables car elles déchirent leur confiance. L’auteur précise certes comment ces classifications se rattachent à des élaborations diverses sur la psychopathologie : ce sont la classification française de Misès et Quemada, les classifications internationales CIM10 et DSM IV. Pierre Delion ne fait aucun commentaire qualitatif. Le lecteur notera, comme moi je pense, l’absence de perspective des classifications internationales ; la juxtaposition qui y est faite des troubles les uns à la suite des autres, sans lien, « n’invite pas à penser », mais pousse seulement à distribuer un médicament par symptôme, ce qu’une simple machine peut faire. La classification de Misès très ouverte, dynamique, invite, elle, à réfléchir sur le contexte dans lequel ils apparaissent et sur leur évolution.

Au fil des pages nous pouvons resituer les troubles de l’enfant tout au long de son évolution, de son histoire, dans l’exploration de ses liens, dans les évènements traumatiques qu’il a subis et qui donnent un sens particulier à chaque trouble, fonction de cette histoire et de ces liens.

Ce qui en filigrane est en question c’est la capacité de développement du psychisme de l’enfant, alors que les classifications internationales elles-mêmes n’apportent rien sur ce point et sont démobilisantes, ne débouchant que sur une éventuelle distribution de médicaments, dont l’expérience prouve, nous est-il rappelé, qu’il ne faut les utiliser qu’avec la plus grande prudence et avec parcimonie avant 16 ans.

A chaque étape Pierre Delion, nous fait un cadeau rare, nous aidant à démystifier l’abstraction d’un discours qui pourrait nous faire accepter sans preuve n’importe quelle théorie, il nous rapporte en contrepoint de chaque trouble une courte histoire vraie venant de son expérience de praticien et de son équipe de secteur. Chaque histoire est brève, précise, claire, le trouble y devient l’objet de notre enquête, et à chaque fois nous participons à son dénouement. Pour chacune nous constatons qu’aucun symptôme ne se comprend et n’a de sens s’il reste isolé ; nous apprécions la richesse potentielle des parents, même s’ils sont en difficulté ; nous constatons toujours la « complexité » de la vie psychique de l’enfant, associant ses travers et l’émergence de ses potentialités. Les « coupables » que sont les causes essentielles des drames psychiques (nous voyons que ce ne sont pas les parents, à l’exception des cas de maltraitance) se montrent toujours multiples. Nous comprenons les démarches relationnelles qui s’imposent à chaque fois comme nécessaires et qui favorisent ce qu’il est pertinent d’envisager comme réponse et ce qu’il est possible d’espérer.

Chacune de ces nombreuses « histoires » illustre de façon précise un propos qui sans elle pourrait paraitre général et abstrait.

Certes l’âge de l’enfant toujours nous guide (c’est l’un des fils conducteurs du livre bien sûr). Mais chaque fois nous retrouvons le même scénario pour l’aborder : celui d’une « consultation ». Nous comprenons que ce moment doit être préparé, choyé, avec attention. C’est le lieu de convergence de tous les drames, modestes comme graves, que sont les troubles psychiques et les souffrances qui les accompagnent. A chaque fois y contribuent l’accueil, le sourire du consultant (jamais décrit par l’auteur, pudique, mais que l’on sent toujours présent), l’observation du bébé et la façon dont il est porté, de l’enfant et la façon dont il explore, de l’ado et la façon dont il se présente, dès la salle d’attente, les premiers échanges qui surviennent. Nous apprenons avec curiosité la diversité de ces consultations.

Pierre Delion nous impressionne par la « délicatesse » qu’il installe dans la relation qui se noue à chacune ; nous comprenons que ce n’est pas sa seule qualité personnelle qui est évoquée ici, mais bien le fait que cette « délicatesse » nous est à tous quasiment imposée par la fragilité, la vivacité de l’enfant, la résonnance parentale.

Toutes les pathologies sont étudiées chez le bébé, l’enfant, l’ado ; un index global simple permet de tout retrouver.

De nombreuses références bibliographiques suivent chaque chapitre et nous permettent d’approfondir toute question, elles sont remarquables par leur pertinence, leur choix, leur ouverture, témoignant des différentes écoles de pensée, de pratique. Les citations aussi sont admirables de concision, d’adaptation à ce qui est en train d’être discuté ; ainsi on se sent riche et libre.

Quelques remarques encore.

Le travail en équipe particulier que nécessite la psychiatrie de l’enfant, de l’ado et du bébé est bien décrit à de nombreuses reprises dans le cadre de la psychiatrie de secteur (saluons la présentation faite ici et pour une fois agréable et simple de tous les repères administratifs, les textes officiels essentiels, -la circulaire récente autour de la petite enfance-, jusqu’aux expertises, leur diversité) ; sa pertinence est expliquée en particulier grâce à l’élaboration faite par la psychothérapie institutionnelle.

Je tiens à mettre un point d’orgue sur le travail développé par le consultant et l’équipe avec la « famille » de chaque enfant, ceci tout au long du livre comme dans les chapitres qui lui sont spécialement dédiés : sont soulignés le caractère incontournable de l’échange en continu avec les parents, les nuances à établir entre les différentes formes de contact possibles. Pierre Delion insiste d’abord sur son souci de « transformer la culpabilité ‘‘normale’’ » amenée par le passé, en « responsabilité » orientée vers l’avenir, le tout confirmé par cette phrase « Une pédopsychiatrie sans parent, ça n’existe pas » ! La famille c’est en effet toujours ce trio mère, père, enfant, trio indispensable pour qu’advienne l’adulte et sa capacité d’ouverture à d’autres. A l’adresse des soignants, parallèlement au souci que l’on a de l’enfant, il s’agit de cultiver une attention constante envers les parents dont notre auteur nous explique les besoins de soutien (c’est vrai pour le bébé, comme pour l’enfant, comme pour l’ado, mais avec des nuances). Pierre Delion insiste avec pertinence sur un concept fort développé en pédopsychiatrie depuis plusieurs années celui de « parentalité », démontrant que si chaque personne joue son rôle propre, le couple ou ses tenants lieu apporte une valeur et une dimension supplémentaires d’un grand intérêt, d’autant que cette notion de « groupe » joue aussi un rôle important dans la pratique des soignants dans le suivi et la continuité des soins.

Toutes les théories (policières : à la recherche des coupables !) qui ont enrichi l’évolution de la pédopsychiatrie sont convoquées de façon équitable par Pierre Delion : psychanalyse, neurologie, génétique, biologie, éducation, aucune ne suppléant l’autre, notre auteur souligne l’importance de leur articulation et la richesse de leur complémentarité. Toute forme de trouble est abordé : névrose, psychose, autisme, débilité, jusqu’aux « pseudo fêtes actuelle des ados alcoolo-toxiques » ou aux abus de la TV. Ce livre répond à nos curiosités, à notre désir de savoir sur les souffrances psychiques modestes et graves, que traversent de multiples façons les enfants et les ados. Chaque élaboration théorique est mise à la portée de tous, comme l’est l’ensemble de la psychiatrie.

Enfin on découvre « la consultation conjointe » chère à Pierre Delion, deux acteurs au moins se rencontrent autour de l’enfant, psychiatre et neuropédiatre par exemple, montrant l’intérêt d’associer plusieurs acteurs lors de la première consultation.

La psychiatrie se réduit-elle à une consultation ? Non bien sûr, mais surtout tout commence par une consultation. C’est dire l’importance que revêt la qualité de cette consultation, à quel point elle est l’objet de l’attention des soignants. La consultation doit être possible à tout instant, et n’importe où, à partir du moment où chacun en a compris l’intérêt.

Nous n’abordons pas ici, vous l’avez peu à peu compris, la seule psychiatrie de l’enfant, de l’adolescent, et du bébé, mais bien la psychiatrie dans son ensemble, aussi bien de l’enfant, de l’adulte et de la personne âgée. Il est plus clair que jamais qu’aucune compétence psychiatrique auprès d’adultes ne peut exister si elle ne puise la part essentielle de son inspiration, de son expérience, de sa réflexion auprès de ce que nous dévoile avec patience Pierre Delion auprès du bébé, de l’enfant, de l’adolescent, car c’est de chacun de ces moments que se construit tout adulte. Nous devons affirmer que c’est la psychiatrie de l’enfant qui doit être fondatrice de la psychiatrie générale. Nous devons rappeler ici qu’avant elle la psychiatrie s’était malheureusement fondée sur une expérience « artificielle » et cruelle, celle de l’enfermement asilaire dans des conditions inhumaines pendant 200 ans : c’est là qu’ont été rassemblés les premières observations et ce que nous avons cru être les signes des maladies. Ceux-ci étaient aussi le produit figé de l’asile et de son immobilité. La psychiatrie adulte a donc été massacrée pendant 200 ans. Ceux d’entre vous qui seraient incrédules doivent voir et revoir ce film phare qui est ce mois-ci sur nos écrans de la TV : « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». C’est devant ce constat désastreux que les USA ont fermé leurs hôpitaux psychiatriques !

C’est l’avènement de l’enfant, l’attention minutieuse portée à la construction de son psychisme, la naissance de son esprit en intrication étroite avec son corps et ses liens, qui nous éclairent et nous guident.

Ce livre est à déguster à petites doses tout au long de cet été douloureux, énigme après énigme. Nous trouverons ainsi de quoi fourbir nos outils pour lutter définitivement contre les terroristes gavés d’horreur qui ont imaginé la nouvelle loi autour de la peur de la folie. Cette lecture vous a-t-elle fait peur ? Ou vous a-t-elle émerveillé ?

Avant de nous occuper des élus, ajoutons que Pierre Delion n’est pas seul ; son livre est un bijou et il est le plus récent. Mais il ne fait que continuer un travail admirablement commencé par d’autres : si Diatkine et Lebovici nous ont quittés, Misès, Hochmann, et aussi Golse, Houzel, Haag, et d’autres sont toujours auprès de nous. Rappelons aussi deux illustres prédécesseurs ayant fait un admirable travail pour mettre la psychiatrie à la disposition du grand public en commençant par les enfants : Winnicott parlant à la BBC anglaise après la guerre, Dolto à notre radio.

Précisons aussi que Pierre Delion ne réduit pas toute la psychiatrie à la consultation, il évoque aussi les autres formes de soin. Enfin sa réflexion doit être prolongée par celle des auteurs qui ont suivi un patient tout au long de sa vie, car la particularité du trouble psychique est de s’inscrire au long cours dans la vie de chacun, il ne peut être résumé par une seule rencontre et un seul acte, ce qui le différencie de toute la médecine.

J’ajoute une illustration sur la nouvelle compétence de la psychiatrie se développant hors hôpital et hors asile : ce beau récit que fait Florence Quartier sur les troubles psychiques survenant tout au long de la vieillesse, en un court essai qui lui aussi associe exposés théoriques et d’admirables récits d’histoires, encore en forme d’énigmes, pleine de découvertes : Giannokopoulos P. et Quartier F. « Un avenir pour la vieillesse », Doin, 2006.

Au terme de cette lecture nous voici armés pour mettre en valeur l’autre face de ce « polar » : « Comment les élus ont-ils pu voter cette loi ajoutant à l’infamie de l’enfermement le contresens psychique qu’est l’obligation de soins ? ». Vous avez déjà tout compris. La réponse est simple, ils ont été soigneusement maintenus dans l’ignorance de tout ce que nous venons de mettre en évidence : ils ignorent tout de la nature de l’esprit humain, de la façon dont il se construit, comment il évolue, comment il peut entrer en souffrance. En même temps ils ont été soumis à une pression de tous les instants autour de deux « impératifs» catégoriques une politique sécuritaire à la recherche de tout ce qui peut faire désordre et constituer un risque, et l’exigence de faire des économies à n’importe quel prix. Rappelons-nous que ce sont les mêmes pressions qui en Allemagne, avant même la guerre, entre 1933 et 1939, ont ouvert la voie de l’euthanasie de 80.000 jeunes malades mentaux : Ce n’était qu’une étape avant la décision de « la solution finale » à l’égard de « races » entières. Après la nouvelle loi nos élus vont-ils énumérer les différentes catégories (classification oblige) qui coûtent trop cher à notre pays, et vont-ils à nouveau « passer à l’acte » par une autre loi ?

Après cette loi posons une simple question : cette loi croit-elle ne convoquer que des adultes ? Nous savons très bien que les ados qui entrent dans les troubles graves sont classés en médecine dans la catégorie adulte : 16 à 25 ans. Les élus ont-ils l’expérience des ados ? Sinon comment auraient-ils pu imaginer qu’un de ces ados va pouvoir vivre l’épreuve inhumaine du centre de 72h et de sa garde à vue, sans appui, sans avocat, sans les médecins qu’il connait, ayant à subir les questions incessantes de 10 à 20 personnes différentes en 3 jours, chacune voulant obtenir de lui son « aveu » qu’il est malade et accepte un traitement ? Ces questions sont à mille lieues de ses préoccupations, mais une fois entendues elles lui signifient le début d’une violence destructrice faite sur lui. La Ministre de la Santé, et quel député, peuvent oser affirmer qu’ils ne commettent pas un massacre ? S’ils en sont conscients, face à ces ados ils méritent la haute cour de justice ! L’adolescent à la fragilité du cristal. Ne le savent-ils ?

Pour les autres adultes, hors les cas rares dans une année pour chaque équipe de secteur où quelques personnes en raison de la précarité de leur environnement doivent être contenues quelques jours avant d’établir des liens de confiance, l’addition à un enfermement d’une obligation de soins pendant déjà 72h, sans recours personnel (l’anonymat du recours au procureur de la République est un recours hors d’atteinte pour un patient sous contrainte) n’est pas compréhensible et donc d’une violence inhumaine. L’expérience nous a appris depuis Pussin et Pinel en 1800 que dans les moments non conscients d’un trouble, une conscience persiste de ce qui se passe et reste en mémoire. La personne se sentira « marquée » par ce qui lui a été imposée malgré elle !

Les élus n’ont pas compris l’importance et l’effet d’une simple consultation en psychiatrie.

Ils n’ont pas compris que la clinique, c’est-à-dire la psychopathologie, est indispensable au militantisme psychiatrique, celui qui motive tous les soignants. Cette clinique en est la base, le fondement. Une clinique pertinente faite de subtilité sur une réalité d’une grande complexité. La politique ne vient qu’après. Une psychiatrie aux mains de la seule politique devient vite une menace pour la démocratie : on lui livre les opposants du gouvernement.

Par ailleurs nous conseillons aux amis et familles, devant toute incompréhension sur ce qui est en train de se dérouler pour un de leur proche, dans un espace de soin ou dans la ville, de prendre rendez-vous avec le psychiatre et de lui montrer la page de ce polar qui correspond à ce que vous avez tenté de lui dire. Il ne pourra plus esquiver la rencontre et l’échange.

Vous avez compris, faites-vous le plaisir de vous procurer un exemplaire de ce polar, et après l’avoir commenté vous-même, annoté, adressez-le à votre élu, député et sénateur, ou futur candidat. Il comprendra son erreur et s’acharnera à la réparer.

Bon été !


[1]Pierre Delion « La consultation avec l’enfant. Approche psychopathologique du bébé à l’adolescent » Masson, 2010, collection Les âges de la vie

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