LOIN,SI LOIN DE NOUS...
DANS LA SI SAGE NORVEGE...
Aux nouvelles télévisuelles de hier au soir, on a annoncé que Anders Behring Breivik, ce Norvégien qui, cet été, a tiré sur un si grand nombre de jeunes travaillistes, faisant 77 morts sur l’île d’Utoya, et dont le procès doit encore avoir lieu, a été jugé par les experts psychiatriques qui l’ont interrogé, avoir été « psychotique et donc pénalement irresponsable » au moment de la tuerie, tout comme au moment où il a été par eux interrogé.
Les journalistes de la 2 et de la 3 se sont jetés sur cette nouvelle, s’en donnant à cœur joie, tellement ils ont paru, ou voulu apparaître, ahuris et décontenancés. Ils ont donc beaucoup insisté sur le nombre des tués, le transformant froidement en chiffre, et ils ont passé en boucle la réaction de la même personne : une jeune Norvégienne qui – interviewée – affirmait que, au moment de la tuerie, le tueur n’était pas plongé dans un état psychiquement morbide. Tout en ne précisant pas comment elle pouvait l’affirmer, surtout dans la panique que cette aveugle tuerie avait déclenchée : durant, et après, sur cette île pacifique, hébergeant ce rassemblement.
Sur la 2 et sur la 3, on a surtout insisté sur le fait que, une fois encore, un véritable criminel, « donné » pour psychopathe, réussirait à « échapper à la prison ».( Bien que, à l’heure actuelle, prisons et beaucoup d’hôpitaux psychiatriques, semblent avoir de plus en plus des traits communs. Tout au moins ici, en France.)
Naturellement, l’on a tout de suite interrogé, pour le divulguer, l’état des choses, toujours ici : en France. À savoir, qu’arriverait-il au tueur, s’il se produisait un semblable cas ? Dans un cas pareil, rassurons-nous, la clairvoyance prophétique de Nicolas Sarkozy a tout, et amplement prévu. Et on nous a montré ces nouveaux lieux de haute sécurité, par lui créés, où seraient enfermés ce genre de criminels, mais où l’on saurait garder cette « douceur » qui serait le propre de la France, en y faisant exercer (pour les plus jeunes ?) de la musicothérapie.
Nous ne savons pas encore comment cette histoire va se conclure, en Norvège. Mais nous voudrions, une fois encore, nous incliner devant la sagesse immense de ce petit pays, qui persévère à nourrir en son sein des si hautes valeurs.
Un pays où l’on juge que – pour ce genre de crimesoù l’on estime vouloir se faire justice tout seul, au-delà (en deçà ?) de toute Loi humaine, et de toute humaine communauté de vivants – lorsqu’il sera bien compris (s’il sera bien compris), ce même jugement d’ « irresponsabilité » sera le plus dur à affronter. Car, il sera le seul effectivement en état de bouleverser de fond en comble ce genre de révoltes aveugles et racistes, et qui, une fois réalisées, sont réfutées même par ceux qui, dans un premier moment, furent les véritables alliés, et inspirateurs de ces idéologies malsaines.