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Billet de blog 1 août 2011

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Édition de livres, poésie engagée, littérature, éducation populaire, enseignement, formation, stages, ateliers d'écritures, théâtre de l’opprimé

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Il y a de la feuille au vent, dans cette aventure, la fragilité des formes blanches qui tentent d’échapper au noir tout autour ; il y a le noir de l’encre qui fluidifie de sa circulation de cœur et de sang la page des lois humaines et celles du monde ; il y a des degrés de gris comme les marches d’escaliers géants où l’on grimpe, où l’on saute, où l’on écrit, où l’on tracte, et d’où l’on interpelle la conscience des hommes...

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Il y a de la feuille au vent, dans cette aventure, la fragilité des formes blanches qui tentent d’échapper au noir tout autour ; il y a le noir de l’encre qui fluidifie de sa circulation de cœur et de sang la page des lois humaines et celles du monde ; il y a des degrés de gris comme les marches d’escaliers géants où l’on grimpe, où l’on saute, où l’on écrit, où l’on tracte, et d’où l’on interpelle la conscience des hommes...

Ils sont cinq sur scène, deux femmes et trois hommes, très beaux, aux voix sonores et graves, aux allures physiques très énergiques, aux présences fortement rayonnantes, à servir des poèmes puissants, puisant dans la colère et dans l’espoir les ressources du vouloir vivre. Cette création théâtrale repose sur un large et judicieux choix de textes, pour la plupart connus depuis les classes élémentaires, sur la liberté, l’engagement, la fraternité, contre les oppressions, la torture, la peine de mort... Et les textes proférés, scandés, parfois repris, parfois tronqués, toujours déclamés, sont matérialisés par des images qui échappent à l’illustration et au pléonasme. Grâce à des retournements rapides et une force originale, une dynamique audacieuse et grave percute l’expression des révoltes dans la matière même des tourments évoqués et des intolérances dénoncées.

Il arrive aussi que la fluidité des paroles se succède au point que les idées glissent d’un auteur à l’autre, sans transition, d’une situation à l’autre, sans aucune explication, par l’émotion, qui est constante, variée, mais constante, variant avec les références, avec les lettres, avec les mots, avec les phrases, depuis le front, depuis la cellule, depuis l’échafaud... Il arrive que l’on se reporte au moment où se sont écrites ces lignes, au moment où se sont dites ces paroles, en nous, pour la première fois, et l’on aimerait retrouver alors nos instituteurs, ceux qui nous transmettaient ces textes au lendemain de la guerre ; l’on se prend à regretter leur disparition passée presque inaperçue, et l’on se demande alors, avec le recul des ans, de quel poids était donc rempli leurs vies, de quelles charges ils se trouvaient investis dans ces temps et dans ces lieux que nous n’avons pas connus... Il y a de la reconnaissance dans ce genre d’élan, ou d’aspiration, vers un monde meilleur.

Ce qui se dégage de cet engagement, c’est l’écrit, décidé, décidément, c’est l’écrit pour vivre et celui de la survie, de l’urgence. Contre le bâton de l’oppresseur, voilà l’écriture bâton, l’écrit grafité sur les murs de la liberté. Ce qui nous retient, c’est le graphisme de l’évasion.

Jean-Jacques M’µ

Bien au-dessus du silence, une création sur les poètes engagés par le Théâtre de l’Horizon, et le Théâtre des Possibles, adapté et mis en scène par Violaine Arsac, assistée de Philippe Lemaire, avec Bertrand Nadler, Jérôme Paza, Nadège Perrier, Éric Vincent et Violaine Arsac, décor Jérôme Paza, lumières Remi Saintot, Costumes Maguy Sylvestre, Régie Alexandra Crance, Graphisme Marion Michau, à Avignon Off, Théâtre La Luna, 1, rue Séverine, Avignon, à 14h du 8 au 31 juillet 2011.

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