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Billet de blog 9 décembre 2011

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Golgota picnic - Rodrigo García - Théâtre du Rond Point - 8 décembre 2011‏

 premier constat le théâtre du Rond Point est une forteresse assiégéemais sans assiégeant

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Golgota picnic au théâtre du Rond-Point © Politis Fr

premier constat

le théâtre du Rond Point est une forteresse assiégée

mais sans assiégeant
du moins je n'ai pas croisé la centaine de fervents catholiques
qui manifestaient apparemment vers 20h
où étaient-ils ?

le théâtre a été entièrement barricadé

le côté Grand Palais est bouclé

les spectateurs accèdent par une souricière côté Champs Elysées

l'avenue Franklin Delano Roosevelt est fermée

des CRS patrouillent avec des bergers allemands

2 barrages de contrôles de billets pour accéder devant le théâtre

un grand panneau de la Ligue des Droits de l'Homme affiche fièrement

Dans une société démocratique et républicaine,

chacun doit pouvoir librement accéder aux œuvres,

les juger et en débattre

1 fouille au corps + contrôle des sacs dans le hall

une affiche signée Jean-Michel Ribes

On ne vous empêche pas de croire

Vous ne nous empêcherez pas de penser

1 passage dans un portillon électronique avant d'accéder à la salle

ouf ! On a évité le détecteur de mensonge

dans la salle des vigiles vont rester de part et d'autre de la scène

la scène elle est couverte de centaines de pains de hamburger

Jean-Michel Ribes arpente de long en large son théâtre

le spectacle commence à 20h55

par un panneau de Rodrigo Garcia

8 décembre 2011

j'ai honte de présenter une œuvre d'art

protégée par des mesures de sécurité.

les performers sont sur scène

et les premiers surtitres laissent la fâcheuse impression

que le spectacle va être un poil verbeux et sans consistance

à la fin du spectacle les applaudissements arriveront difficilement

a faire revenir les performers une troisième fois sur scène

et c'est tout

c'est que Rodrigo Garcia se montre moins percutant dans son propos

que lors de ses premières pièces

moins d'idées de mise en scène aussi

le souvenir de 'Jardinage humain' ou même de sa dernière pièce au théâtre 2 gennevilliers

laisse ici une déception

les performers restent d'abord un bon moment en fond de scène sur des chaises de camping

le plateau parait bien grand

mais une caméra filme en gros plan les performers

et l'image est retransmise sur toute la largeur sur un écran géant

côté trouvailles on se rabattra sur des tranches de pain empilées avec des dizaines de vers grouillant

et sur laquelle on plante tout à coup un drapeauTour de Babel

des performers sont cloués au sol ce n'est pas très visuel
et l'idée peu exploitée restera un peu vaine
une corbeille de légumes sur la tête fait penser à Arcimboldo
de la viande hachée recouvrant le visage d'un autre performer

des performers nus qui s'enduisent de shampoing

et un homme qui se shampouine à l'envie et s'étire les poils du sexe
c'est juste un peu plastique et drôlatique

et côté provocation - me direz-vous ?

Jésus est réduit par Rodrigo Garcia à un bon gars

qui n'a jamais été suivi que par douze paumés

parmi des millions de gens

un gars qu'on n'a jamais vu travailler

et qui préfère multiplier les pains

plutôt que donner l'exemple et se retrousser les manches

voilà

de l'humour pythonesque pourrait-on dire

fuyez-vous les uns les autres exhorte aussi Rodrigo Garcia

contrairement à Roméo Castellucci qui se réfugiait derrière des considérations ésotériques

Rodrigo Garcia assume la provocation

sa terre d'accueil, l'Espagne, connait l'art du blasphème depuis qu'elle s'est tardivement débarrassée de l'Inquisition

mais le spectacle n'accouche que d'une maigre souris

alors, Rodrigo Garcia cède la place à quelque chose de plus sacré

un homme arrive sur scène

enlève ses vêtements

et comme en son temps Friedrich Gulda à la télévision autrichienne

il joue nu du piano à queue

Les sept dernières paroles du Christ sur la croix de Joseph Haydn

c'est long et c'est beau

le spectacle pourra se résumer à un beau concert

et les intégristes ne semblaient pas avoir de place pour la première

aucun incident à signaler

mais lisez ou relisez les premiers recueils de Rodrigo Garcia

lorsqu'il était plein d'une colère sourde

lui qui arrivait de sa miséreuse Argentine

soudain confronté à l'opulence de l'Europe occidentale


NB

c'est à l'âge de six ans

que l'on nous apprend que le père noël n'existe pas

mais c'est généralement à cet âge là

que l'on nous enseigne de croire en Dieu

et mon Dieu

l'idée de Dieu fait bien plus de dégâts que le père-noël

laissez vos enfants croire au père-noël

Gregor Tanguy

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