
Les choses rentrent dans l'ordre. Et le Mondial va pouvoir commencer, à peu près sereinement pour l'équipe de France et coach Raymond. Par tradition, on a évidemment décidé de mettre les Bleus dans le dernier carré du concours de pronostic en cours de rédaction. Mais bon, le scepticisme ambiant avait fini par mettre le doute. J'avoue même en être venu à penser que l'étrange forfait de Lass Diarra n'était évidemment qu'une bonne vieille affaire de dopage dissimulé qui nous pèterait à la gueule en plein pendant l'épreuve…
(Au passage, je vous conseille la lecture d'une belle mise en scène "façon Dr House" de cette hypothèse hautement paranoïaque, par l'excellent et cultissime Jean-Da Flaysakier sur son blog)
Et puis France-Costa-Rica. Et puis 0-1 au bout de dix minutes. L'ambiance moisie pré-98 (et pré-06), Domenech qui se fait siffler par les Chtis, les gars de l'Equipe qui se frottent les mains en pensant aux rotatives…
Et puis camembert. Si Raymond n'en a pas tout à fait «eu» lors de sa compo (comment il aurait été beau Pagis dans cette équipe!), ce mec en a quand même aujourd'hui des grosses comme ça. Ce n'est quand même pas rien, de passer d'un coup du morne 4-4-2 immobile et déprimant, au bon vieux 4-3-3 d'antan, de la rage plein les dents! Avec un seul milieu def', en prime! Bonus sublime: il nous glisse un incompréhensible Mandanda aux cages, juste pour faire causer ses détracteurs. Lequel Mandanda, après une cagade à rebond un peu con, aura fait son match mais sans contester l'évidence Lloris.
Question joueurs, c'est assez simple: on avait pas vu une telle motivation enthousiaste, dans la dépense d'énergie comme dans la volonté de création, depuis le France-Italie 2006. Celui après le Mondial, avec le doublé de Govou, qui a ce soir un pris un certain coup de vieux. Certes la charnière fait également toujours un peu flipper, et il est trop tard pour rêver d'une alléchante paire Squillaci/Planus. Mais Gourcuff est affûté comme jamais cette saison. Ribéry a retrouvé son rapide déhanché briseur de reins. Malouda a des canes et du volume de jeu. Toulalan est ses dix-huit poumons semblent plus que taillés pour le poste de récupérateur solitaire. Last but not least, Evra en capitaine, même le temps d'un match, ça a une certaine classe entraînante, surtout quand on l'entend causer, sur le site Goal.com. Autre chose qu'Henry…

Et puis ce soir, y avait un sacré banc. Des remplaçants bien au taquet, certains pouvant même espérer devenir titulaires en cours de compèt', vu le système offensif exigeant imaginé par Domenech. Diaby, Valbuena, Squillaci, Gignac ont des profils idéaux pour intégrer une stratégie de jeu reposant sur l'activité incessante (pas "football total", mais un peu). Et on peut y ajouter Cissé les yeux fermés, bien qu'il n'ait pas joué contre le Costa-Rica. Oui, parce que cette victoire tranquille mais tout de même avec un seul but d'avance, et deux pions dont un contre-son-camp, c'était contre le Costa-Rica. Au-dessus du niveau (très bas) de l'Afrique du Sud. Kif-kif mais bien moins teigneux par rapport à l'Uruguay. Et en-dessous de celui du Mexique.

improbable 10 sur les épaules.
(Au passage, on ne peut que regretter que les matchs de l'équipe de France ne soient pas commentés en espagnol…)
Contre le Costa-rica, c'était déjà juste un bon match de préparation qui peut laisser espérer de raisonnables lendemains qui chantonnent. Et l'hypothèse plutôt crédible d'un "huitième-de-finale-et-après-on-ne-sait-jamais". Déjà ça, c'est pas mal. Comme seul Raymond peut le résumer, au micro de TF1 (et rapporté par leparisien.fr):

En bref, on le sent plutôt bien, ce Mondial. Et dire que certains voulaient y envoyer les Irlandais…