Lorsque le père de Benjamin rentre dans cette église, il sait qu'il ne va pas en ressortir immédiatement. Il saccage tout ce qu'il voit. Un prêtre arrive, soigne et panse ses mains en sang, lui répétant que ce n'est pas grave.
Le père de Benjamin se laisse faire et lui demande depuis combien de temps celui-ci abuse de son fils. Le prêtre ne s'attend pas à une telle question. Il en accuse un autre, absent.
Le père de Benjamin passe la nuit dans l'église pour attendre le second prêtre, et finalement se rend compte que le prêtre présent est bien celui qu'il cherche. Il décide de s'enfermer dans l'église avec lui et attend jusqu'au lendemain.
Au réveil, le père de Benjamin, bouleversé, dépassé par les événements, prêt à tout pour venger le mal qui ronge actuellement son fils, s'assoit en face du religieux. Il lui demande des comptes, et souhaite entendre les moindres détails, même les plus insupportables.
Comment ça a commencé ? Pourquoi Benjamin? Comment a-t-il procédé? Qu'a-t-il exigé ?
Le face-à-face commence entre un père de famille complètement dévasté et un père religieux qui n'a pas conscience de l'ampleur du mal infligé à un enfant. Le père de Benjamin sait manier la lame alors pendant que le prêtre raconte les sévices, il le fera saigner, comme il a fait saigner son fils.
Ce livre écrit en huis clos, est bouleversant, triste et surtout stressant. La tension est palpable. On a l'impression, nous aussi, d'être enfermés dans cette église, d'être assis à leur table. Comme le père de Benjamin, on a envie de savoir ce qui s'est passé. Et en même temps, on redoute d'entendre la vérité.
On entend souvent parler d'abus sexuels sur les enfants, au sein de l'Eglise ou ailleurs, et nous ne savons pas forcément comment les choses ont été gérées et comment la victime vit à présent.
Ce livre est saisissant car pour une fois, nous ne sommes plus passifs face à cette situation difficile. Nous sommes à côté, dans l'intimité, nous la vivons.
Mon père, Grégoire Delacourt, JC Lattès, 2019