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Billet de blog 30 octobre 2025

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Un futur où technologie rime avec écologie

Pendant que la mousson s'attarde sur le sud de l'Inde, une autre vague déferle sur le Tamil Nadu, celle de l'innovation. Et cette fois, la France n'est pas spectatrice. Elle est au cœur de l’action

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Illustration 1

Le Tamil Nadu Global Startup Summit, c'est un peu le Woodstock de l'entrepreneuriat indien, version 2025.

Premier du nom, première édition, et déjà un carton.

Les 9 et 10 octobre, Coimbatore s'est transformée en laboratoire géant où se mijote le futur.

Le thème ? "DISRUPT TO RISE” (Bousculer pour s’élever). Ambitieux, certes. Mais quand on sait que le Tamil Nadu est la deuxième économie de l'Inde, qu'il représente 12% de la production manufacturière du pays et qu'il abrite plus de 12 200 startups enregistrées, on comprend que l'ambition est à la mesure du défi.

Briller sans faire d’ombre

La délégation tricolore, menée par Étienne Rolland-Piègue, notre Consul Général à Pondichéry et Chennai, ne s'est pas contentée de faire acte de présence. Elle a carrément posé ses valises et ouvert boutique avec un pavillon français qui bourdonnait comme une ruche. Sept startups françaises, sept pépites, chacune dans son registre.

Prenez Biobrix Therapeutics. Iffat Sumia Khader, sa co-fondatrice, marie l'intelligence artificielle et la biologie pour concevoir des médicaments à partir de photos de cellules.

Oui, vous avez bien lu, des photos de cellules. Le genre de truc qui fait passer la science-fiction pour un documentaire périmé. Sa session, "How I Design Drugs from Cell Photos(Comment je conçois des médicaments à partir de photos de cellules) a fait son petit effet le 9 octobre.

L'agriculture réinventée

Mais là où ça devient vraiment intéressant, c'est quand on met les pieds dans la terre.

Littéralement.

Brad Technology et Agreenculture étaient là pour rappeler que l'avenir de la planète se joue aussi dans les champs. Olivier Lépine, patron de Brad Technology, a expliqué comment l'IA et l'Internet des objets peuvent révolutionner la surveillance de la santé des sols. Exit les chimères de la fast-tech, place à l'AgTech qui a du sens. Son intervention sur l'IA générative pour l'agriculture (promesses ET lacunes, merci pour l'honnêteté) a eu le mérite de ne pas nous vendre du rêve calibré.

Christophe Marie, CEO d'Agreenculture, a enfoncé le clou avec l'agro-robotique au service de la résilience climatique. Quand on sait que l'informatique quantique s'invite dans l'équation, on se dit que l'agriculture de grand-papa a du souci à se faire. Mais du bon souci, celui qui fait avancer.

La cybersécurité, ce truc pas sexy qui sauve des vies

Nicolas Jeanselme d'API Angel nous a rappelé une vérité qui dérange; dans un monde hyperconnecté, la sécurité des API n'est pas un luxe, c'est une question de survie.

On me fait signe dans l’oreillette que certains se demandent ce qu’est un API.

Un API (Application Programming Interface, ou "Interface de Programmation d'Application" en français) est un intermédiaire qui permet à deux applications ou logiciels de communiquer entre eux.

Prenons l'exemple d'un restaurant : Vous seriez l'application qui a besoin de quelque chose, la cuisine serait le système qui possède les données/fonctionnalités et le serveur serait l’API. Vous ne pouvez pas aller directement en cuisine pour préparer votre plat, vous passez commande au serveur (l'API), qui transmet la demande à la cuisine, puis vous rapporte votre plat. L'API fait exactement ça entre programmes.

C’est par exemple la météo sur le téléphone, la connexion avec Google ou encore le Google Maps intégré.

Pourquoi c'est utile ? Gain de temps, Sécurité, Mises à jour automatiques; en résumé, une API est comme une prise électrique standardisée; vous branchez l’appareil sans avoir besoin de comprendre comment fonctionne le réseau électrique derrière.

Le Spotlight de Nicolas Jeanselme "Hack your APIs before Hackers do" (Piratez vos API avant que les pirates ne le fassent) avait tout du film d'action, sauf qu'ici, les méchants sont bien réels et les enjeux aussi.

Les passeurs de frontières

Ce qui frappe dans ce salon, c'est la volonté de créer des ponts.

Souad Tenfiche, co-chair de La French Tech India, Angeline Sophie de Business France, Carl Boulanger du Consulat, Axel Guyon de Choose Paris Region, Orhiane Savarese d'HEC Paris, tous étaient là pour dire la même chose :

La France n'est pas qu'une destination touristique,

c'est une porte d'entrée vers l’Europe.

Un "gateway", comme on dit dans le jargon. Et ce n'est pas du pipeau.

HEC Paris et Station F proposent des programmes concrets pour aider les startups indiennes à s'implanter en Europe.

Fabrice Aurousseau d'Eponyme Partners et Eloi Courcoux de Boostable bossent main dans la main avec des entrepreneurs indiens sur la Food Tech et l'AgTech.

Une collaboration transcontinentale qui sent bon le pragmatisme et l'ambition partagée.

2026, année de tous les possibles

Ce sommet n'est qu'un début. L'Année franco-indienne de l'Innovation, prévue pour 2026, approche à grands pas. Et si le Tamil Nadu Global Startup Summit est un indicateur, on peut s'attendre à voir fleurir des collaborations qui dépassent les simples échanges de cartes de visite.

Climatetech, DeepTech, sciences de la vie, les secteurs prioritaires sont clairs. L'objectif aussi.

Il ne s'agit pas seulement de créer des entreprises rentables. Il s'agit de co-construire un futur où technologie rime avec écologie, où innovation ne signifie pas exploitation.

Le Tamil Nadu, avec ses 12 200 startups et sa reconnaissance comme "Best Performer" (État le plus performant) au classement national indien, n'attend pas que le monde vienne à lui. Il va chercher les partenaires qui partagent sa vision. Et visiblement, la France a décidé de répondre présent.

Alors oui, la mousson peut bien s'attarder. Le véritable orage, celui qui va bouleverser les modèles établis, est ailleurs. Il est dans ces rencontres entre entrepreneurs français et indiens, dans ces sessions où l'on parle d’Intelligence Artificielle, de sols, de médicaments et de résilience climatique.

Le futur se construit maintenant. À Coimbatore, il parle français. Et tamoul. Et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.

Pour en savoir plus sur La French Tech India et ses initiatives : le réseau compte aujourd'hui plus de 1000 membres et se position

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